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Sa gestion-exploitation confiée à l'EPIC Ermeso: Le parking à étages de M'dina Djdida «otage» du marché informel

par H. S.

  Confirmé dans sa fonction première et attribué en gestion-exploitation à l'établissement public de wilaya EPIC Ermes Oran, le parking à étages de M'dina Djdida n'est toujours pas opérationnel. Bien que l'équipement soit fin prêt, sa mise en service n'est pas pour demain.

Près d'un an après avoir opposé un niet à l'option d'une reconversion en centre commercial, le chef de wilaya a dernièrement souligné l'irrévocabilité de cette décision. A priori, ce n'est pas une déclaration à titre de simple rappel de la part du détenteur de l'autorité publique à l'échelon local. Une année après son déplacement sur site où il avait balayé d'un revers de la main la proposition d'un changement de vocation de cette infrastructure, le wali a jugé nécessaire de préciser l'irréversibilité de cette disposition.

Car, dans l'intervalle, l'idée de reconversion a bien repris du terrain. Le dépassement de l'échéance annoncée pour la livraison du parking et sa mise en concession, fin 2017, a fait planer le doute sur l'aboutissement du projet en tant que tel, ouvrant à nouveau une brèche pour l'éventualité d'un basculement vers le shopping.

Certes, l'effet de spéculation y est pour quelque chose, dans la mesure où il est avéré que certains ont des intérêts directs ou indirects à ce qu'il y ait au lieu et à la place d'un parking silo un marché en hauteur de 82 boutiques au cœur du quartier commerçant de M'dina Djdida, où une simple échoppe se loue à 5.000 DA/m2 et un bout de trottoir jusqu'à 30.000 DA le mois.

Cependant, il y a aussi des éléments objectifs qui démontrent l'impertinence du projet d'un parking en R+5 à la croisée des chemins obstrués du souk de M'dina Djdida. Comme pour officialiser la décision de maintien de la vocation de parking et enterrer définitivement la variante reconversion, un panneau d'indication a été planté par l'APC, sur ordre de la wilaya, au niveau du boulevard Mascara à hauteur de la ruelle traversière qui y mène. Une absurdité, plutôt, puisque le parking n'est pas encore opérationnel. Et ne le sera pas pour demain. Nombreux automobilistes, pas forcément des non Oranais, se sont fait avoir. « Certains veulent le transformer en locaux commerciaux, ceci est impossible. Non seulement la ville a besoin de parkings, mais surtout c'est insensé, il a été conçu en parking et sa conception architecturale ne le permet pas », avait précisé le wali en réponse à une question de journaliste lors d'un forum.

CONÇU COMME PARKING, IL SERVIRA DE PARKING

Il a noté que le parking est en voie d'achèvement et sera mis en concession par voie d'adjudication dès sa réception. Au cas où le parking ne trouverait pas preneur, la wilaya envisageait d'en confier la gestion-exploitation à l'un de ses établissements publics, l'EPIC de gestion du marché de gros ou le cas échéant l'EPIC Ermes Oran, qui gère d'ailleurs cet été deux parkings à Bousfer Plage et aux Andalouses via conventions avec El-Ançor et Bousfer respectivement. Pour l'heure, tout l'effort est concentré sur la phase équipement de la structure en matériel et logistique spécifiques. L'incendie, assez suspicieux, survenu en juin, a non seulement retardé le projet mais en a entraîné un surcoût. Pour autant, estiment certains, l'idée de reconvertir le parking en centre commercial n'est pas aussi impertinente, comme on est tenté à le penser à première vue. Au contraire, soutiennent-ils, c'est une idée pragmatique et une option réaliste qui répond à la situation. La vraie mauvaise décision, selon eux, elle a été commise douze ans plus tôt, en 2006, avec ce projet surréaliste d'un « parking silo » en plein cœur du souk de M'dina Djdida. Fait plus qu'étonnant, on ne s'est rendu compte de l'histoire des voies d'accès qu'une fois la structure du parking montée, à coups de 100 milliards. On a enfin réalisé, au moment où l'ossature métallique du bâtiment était déjà bien en place et n'attendait que son revêtement, que ça ne pouvait pas marcher à cause des impénitents marchands ambulants. Alors qu'on n'avait en fait même pas besoin d'études d'opportunité et de faisabilité, mais juste d'un brin de bon sens, pour laisser tomber au départ cette bien mauvaise idée. En 2005-2006, le contexte de la gestion locale était marqué par un discours, assez démagogique, porté vers l'ouverture de l'investissement dans la réalisation de parkings à étages en prévision du projet du tramway d'Oran, comme remède au problème casse-tête du stationnement dans la ville, de plus en plus étouffée par son parc automobile. On voulait donc se conformer, coûte que coûte, aux mesures et dispositifs préconisés par l'étude du projet du tram, qui suggérait entre autres la création de lieux de « stockage » automobile dans des endroits déterminés en fonction de son tracé, notamment. En bon élève, la wilaya s'est ainsi engagée à réaliser trois parkings à étages, qui devaient être sa propriété une fois achevés, ceci alors que six autres structures étaient programmées dans le cadre du programme complémentaire de soutien à la croissance économique pour la période 2005-2009. On devra se contenter des trois parkings « publics », c'est-à-dire mis sur pied par la wilaya.

ON NE SE REND COMPTE DE L'EVIDENCE QU'A LA FIN

En effet, le processus d'ouverture du créneau à l'investissement privé a fait long feu, puisque l'appel à manifestation d'intérêt plus l'avis d'appel d'offres, lancés en 2006, pour la construction de 6 parkings à étages ont été déclarés infructueux faute d'investisseurs intéressés. Pas plus que les mesures incitatives dans le cadre de l'ex-Calpiref pour rabattre les investisseurs vers ce segment, ceux-ci préférant en général la promotion immobilière et les centres commerciaux. A ce jour, l'on ne sait ni comment ni pourquoi le choix du site pour la réalisation de l'un des trois parkings lancés par la wilaya, celui qui devait être implanté au centre-ville, a porté sur l'ancienne minoterie de M'dina Djdida. On sait seulement que le terrain était au centre de toutes les convoitises et que pour éviter qu'il n'aille ailleurs, les autorités locales y ont élu domicile pour leur parking via une petite transaction foncière au nom de l'utilité publique. Mais est-ce une bonne raison pour ériger un parking à étages (n'importe où) ? La réponse par la négative va de soi d'autant que, dans le cas d'espèce, il y a eu lors de la réalisation beaucoup de travaux supplémentaires non prévus par l'étude (l'entreprise BATEMCO manœuvrait sur un terrain « miné » à cause des caves et autres silos souterrains ainsi que les risques des travaux d'excavation et de terrassement sur le pourtour du chantier) et donc, forcément, des avenants en augmentation qui ont alourdi davantage la facture, qui a atteint au final le chiffre de 100 milliards.