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Elle ne sera pas ouverte cette saison estivale: La gestion-exploitation de la plage artificielle confiée à un établissement public

par Houari Saaïdia

C'est une évidence, l'ouverture de la plage artificielle ne peut se faire avant la mise en service de la pénétrante portuaire. Partant d'une fausse annonce d'une ouverture, dès cet été, de la nouvelle destination balnéaire des Genêts, certains ont cru comprendre de la récente sortie sur site du wali qu'un report avait été décidé dans l'intervalle.

Croire - naïvement - que la station balnéaire en cours d'aménagement en contrebas de la falaise allait s'ouvrir dès son achèvement, en milieu d'été au plus tard, c'est-à-dire sans devoir attendre l'arrivée de la route, c'est se méprendre sur les dispositions et les mesures à observer avant la signature d'un arrêté d'autorisation à la baignade d'une plage. Lors de la visite précédente visite du wali au chantier de la plage artificielle des Genêts, le 17 février, il était évident que celle-ci ne pouvait être ouverte, même dans le meilleur des cas, durant la saison estivale prochaine, pour des raisons liées au chantier de la méga-pénétrante portuaire dans sa 1ère tranche de 8 kilomètres, dont elle est dépendante. Lequel projet ne pourra être mené à bout que vers la fin de l'année en cours, à en croire les engagements du chef de projet de l'Algérienne des Autoroutes (ex-ANA), maître d'ouvrage.

L'impératif lié à la sécurité des personnes, s'agissant aussi bien le site à proprement parler que son accès, impose donc que l'on sursoie à la mise en service de la route et les dispositifs qui vont avec pour garantir la sécurité optimale des usagers et la régulation du trafic tout autour. Pour l'heure, côté pouvoirs publics, on continue de mettre la pression pour accélérer le rythme des travaux et livrer le site le plus tôt possible. On fait parallèlement dans l'anticipation, s'agissant de la question liée à la gestion de la plage. Dans ce registre, selon les déclarations du wali, la gestion-exploitation de cette plage artificielle pourrait être confiée à un établissement public de wilaya, l'EPIC Ermesso ou Oran Vert en l'occurrence.

L'EPIC ERMESSO OU ORAN VERT POUR LA GESTION-EXPLOITATION

Il reste en tout état de cause qu'avant même qu'elle ne s'achève, la liaison port - autoroute Est/Ouest, pour son 1er segment Oran - Canastel, sert sa ville. Jadis, point de baignade sauvage et de pêche à la ligne, les « Genêts » se transforment en une station balnéaire 600 mètres sur 100 de plage sablonneuse. L'idée en revient au wali. La conception-exécution est signée Makyol. En cours d'aménagement en contrebas de l'escarpement rocheux surplombant la nouvelle pénétrante portuaire, à hauteur de « Four Point by Sheraton », la plage à mi-chemin entre le naturel et l'artificiel se veut par définition un havre de paix réconciliant deux espaces qui se tournaient le dos jusqu'ici, la ville urbaine et le port-ville. Dans la fiche technique et dans le jargon technico-administratif, elle a pour intitulé « plage artificielle ». Elle ne l'est pas tant que ça, à vrai dire. A l'origine, c'était une plage rocheuse sauvage, qui offrait à peine un tout petit bout de surface en galets à l'avant-plan, avec quelques petits récifs à fleur d'eau. En raison de sa proximité avec le périmètre de sécurité du port, elle a dû forcément subir, comme tant d'autres endroits mal lotis, les aléas de la décennie noire, devenant au fil des ans presque une zone interdite. Un endroit boudé, à coup sûr. L'arrivée de la route, en cours de chantier, devant connecter le port d'Oran avec la grande boucle Est - Ouest via Canastel, a secoué le cocotier de la vue étroite, ouvert les horizons d'une ville qui veut vivre et s'épanouir, avoir un pied dans l'eau qui lui était longtemps refusé au nom du tout sécuritaire. La route, avant même qu'elle ne s'ouvre, apporte déjà donc la délivrance, l'émancipation, la vie, l'effloraison, le développement, le raz-de-marée en sens inverse.

PLUS QU'UN LIEU DE BAIGNADE, UN SYMBOLE DE RECONCILIATION VILLE - MER

Avec, en perspective, beaucoup d'activités, beaucoup d'ambiance, de mobilier multifonctionnel, d'aménagements de tourisme, de détente, de jeux, de loisirs? sur la bordure de son profil autoroutier sur 8 kilomètres, côté mer comme côté falaise. C'est dans esprit-là qu'a germé l'heureuse idée, dont il faut - soit dit en passant - reconnaître les droits d'auteur à l'actuel wali Mouloud Cherifi, celle d'une belle et non moins paisible plage de baignade en plein milieu urbain, à portée de vue du front de mer du centre-ville. Les Turcs, en charge du projet de la pénétrante, ont répondu au quart de tour. Quelques mois plus tard, comme promis, les responsables de Makyol ont ficelé leur étude, qui a eu les faveurs des autorités locales. A titre gracieux, dans une démarche d'entreprise citoyenne semblable à consœur Tosyali qui a offert à Oran une mosquée à l'entrée d'El-Barki et s'est impliquée dans le double projet de restauration du palais du Bey et de la mosquée de Pacha à Sidi El-Houari, Makyol a bien voulu prendre en charge, à ses propres frais, l'étude et la réalisation de la plage des Genêts.

NOUVELLE PLAGE DES GENETS, ÇA NE SERA PAS POUR CET ETE

Le site en est à 60% d'avancement, selon l'entreprise de réalisation. En fait, les deux jetées par enrochement sont à un stade avancé. De part et d'autre, il y aura de plages de baignade avec espaces de solariums inclus. Deux zones dédiées pour la pêche à la ligne sont prévues. Le plan de masse prévoit un poste de maîtres-nageurs, un poste de protection civile, un abri, un vestiaire-douche, un poste de police, entre autres. Le talus abrupt surplombant la plage sera dégradé, adouci, gazonné et en partie boisé, avec à la clé des accès piétons et un circuit de promenade qui serpente dans le relief en pente douce, ainsi que des tentes adossées sur le monticule à l'arrière-plan de la plage, qui sera ensablée par une épaisse couche sur une surface de l'ordre de 600 mètres de longueur et 100 mètres de largeur. La visite du wali était l'occasion pour les Turcs pour inscrire d'autres bonnes notes à leur crédit par le biais d'un autre dossier, plus technique celui-ci et tout aussi stratégique, à savoir l'étude que leur avait confiée le chef de wilaya concernant la jonction de la pénétrante portuaire avec le centre-ville.

LA PENETRANTE PORTUAIRE MISE EN SERVICE DEBUT 2020

Sur la base des recommandations du wali, et à la faveur de plusieurs séances de travail wilaya / Makyol, une variante a été proposée consistant à « faire entrer » l'autoroute à l'intérieur du port, qui doit passer pour ce faire par un tunnel et un viaduc de 275 et 430 mètres respectivement, pour en ressortir via le port de pêche et se connecter directement avec la route menant vers la Corniche. A l'exception d'une petite portion de quelques dizaines de mètres, qui sera bientôt explorée par les ingénieurs de Makyol, tout le tracé conçu ne présente aucune contrainte de faisabilité. Le chef de projet a indiqué que « nous sommes à un taux d'exécution global de 80% » et a confirmé « nous serons bien dans les délais, début 2020, pour livrer la totalité de l'ouvrage ». Un des points forts de ce projet, selon le planning des travaux, est la digue sur mer, réalisée en 2 × 3 voies sur plus d'un kilomètre, ainsi qu'une tranchée couverte (terminée à 100%), un tunnel à double tube (totalement achevé également). Le projet de la pénétrante du port d'Oran consiste en trois sections : la réalisation d'une liaison autoroutière reliant le port d'Oran et la 1ère rocade Sud, au carrefour Canastel (sur 8 kilomètres), la mise à niveau de la 1ère rocade Sud, entre le carrefour Canastel et l'échangeur de la RN 4 (sur 10 kilomètres) et la mise à niveau de la RN 4, de l'échangeur de la 1ère rocade Sud jusqu'à la bretelle autoroutière d'Oran (sur 8 kilomètres).