Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Il a tué en se défendant contre son voisin: Sept ans de prison pour le maçon de Hassi-Bounif

par M. Nadir

  Ch. Mansour, maçon de 26 ans résidant à Hassi-Bounif, a été condamné en fin de semaine passée à sept ans de prison pour avoir provoqué, de manière involontaire, le décès de son voisin et ami B. Tayeb, trentenaire.

Tragédie en trois actes

Selon les faits retenus par l'accusation et reconnus par l'accusé, le drame remonte à la nuit de mardi 1er août 2017 quand une petite dispute éclate entre Mansour et Tayeb qui venaient de passer la journée à la plage. En état d'ébriété avancée, l'aîné des deux hommes exhibe un couteau que l'autre lui prend sans difficulté des mains en lui recommandant de rentrer à la maison: «Je te le rendrais demain, quand tu auras cuvé», lui dit-il avant de partir.

Quelques minutes plus tard, Tayeb revient, hystérique, un grand couteau de boucher sanglé à la main. «Il voulait s'en prendre à Mansour et nous avons eu toutes les peines du monde à lui arracher l'arme parce qu'il l'avait attachée à sa main. Il était très agité», témoigneront plus tard des voisins qui se trouvaient encore dehors par cette chaude nuit d'été. Mais, incapable de se contrôler à cause de l'alcool et des psychotropes absorbés, Tayeb repart chez lui pour en revenir une nouvelle fois armé d'une épée.

Il frappe à la porte de son voisin Mansour. Celui-ci ouvre, reçoit un coup d'épée à la main gauche et réplique en plantant le couteau -confisqué la première fois à Tayeb- dans la poitrine de son agresseur. Tayeb s'écroule et décède quelques heures plus tard à l'hôpital.

Près d'un gramme d'alcool dans le sang

Le médecin légiste qui conclura que la mort est due à une hémorragie massive entraînée par une blessure au torse, relèvera que le défunt présentait un taux d'alcool de 0,95 gramme par litre de sang.

A l'enquête, tous les témoins qui ont assisté à la scène attesteront que la victime se trouvait dans un état d'hystérie et que Mansour, qui était chez lui, n'avait pas d'autre choix que de se défendre.

La mère même du défunt a reconnu avoir essuyé les propos violents et les insultes de Tayeb lorsqu'elle avait tenté de l'empêcher de sortir armé de l'épée.

Ch. Mansour sera inculpé de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner conformément à l'article 264 du code pénal qui prévoit la réclusion à temps de dix à 20 ans.

Le ministère public veut 12 ans de réclusion criminelle

A la barre, lors du procès qui s'est déroulé en l'absence de la partie civile et des proches de la victime, la déposition de Mansour est rapide. Il relate les événements, reconnaît avoir planté le couteau dans la poitrine du défunt en soutenant avoir agi en état de légitime défense.

Un voisin âgé de 23 ans, parmi ceux qui ont arraché le couteau sanglé à la main du défunt, témoignera que c'est Tayeb qui est allé provoquer Mansour chez lui.

Rappelant les aveux de l'accusé et les conclusions du rapport d'autopsie, le représentant du ministère public requerra 12 années de réclusion contre le mis en cause.

Légitime défense avérée selon l'avocat

Dans une longue plaidoirie, l'avocat de Mansour s'attarde sur les circonstances du drame et les actes de la victime qui ont mis l'accusé dans une situation de légitime défense: «C'est lui qui a tenté d'agresser notre client, lui qui a ramené les armes blanches -dont une épée et un couteau de 55 cm- et encore lui qui est allé trouvé Mansour chez lui», énumérera-t-il en rappelant que Tayeb se trouvait sous les effets combinés de l'alcool et des psychotropes et que le coups qu'il a donnés à son client a privé Mansour de l'usage de trois doigts de la main gauche. Pour l'avocat, la cause est entendue : son client a agi en état de légitime défense et doit bénéficier des dispositions des articles 40 et 277 du code pénal. Le premier stipule, en substance, que l'homicide commis en repoussant une agression contre la vie ou l'intégrité corporelle est compris dans les cas de nécessité de légitime défense, et le second excuse le meurtre, les blessures et les coups s'ils ont été provoqués par des coups ou violences graves envers les personnes.

Après délibérations, le tribunal criminel déclarera Ch. Mansour coupable et le condamnera à sept ans de prison. La défense dispose de dix jours pour faire appel du verdict, ce qui est bien dans ses intentions.