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Affaires religieuses: Les imams s'impatientent

par Moncef Wafi

Alors qu'on pensait que le conflit entre les imams et leur tutelle était en voie de résolution à la lumière des dernières déclarations des uns et des autres suggérant un apaisement des tensions, la sortie médiatique du ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, demandant aux imams d'attendre la prochaine élection présidentielle pour donner suite à leurs revendications risque de tout remettre en question.

Lors d'une réunion organisée, hier, avec les imams d'Alger, le ministre leur a annoncé qu'il avait demandé, dimanche dernier, au gouvernement de lui donner ce qu'il pourrait offrir aux imams, sans pour autant en préciser la nature.

Réagissant à ces informations, Djelloul Hadjimi, le secrétaire général du syndicat des imams, a indiqué que les imams ont leurs représentants syndicaux et si le ministre doit s'exprimer sur ces questions, il doit se référer au partenaire social.

A propos de conditionner la satisfaction de leurs doléances à l'échéance électorale, notre interlocuteur s'interroge sur la pertinence d'une telle proposition du fait que leur démarche est avant tout syndicale.

«Notre mouvement n'a rien à voir avec les élections et nous ne demandons que nos droits», explique-t-il.

Quant à la crainte de Mohamed Aïssa de voir les imams être responsables de troubles à la sécurité publique à quelques semaines de la fin du mandat présidentiel, Djelloul Hadjimi a affirmé qu'ils ne sont en aucun cas des éléments perturbateurs et que leurs revendications sont protégées par la loi. «On ne transgresse pas les lois de la République et nous avons souscrit à toutes les dispositions légales en vigueur dans le travail syndical», ajoutant que c'est le ministre qui piétine ces lois en entravant le droit syndical à travers les menaces et la marginalisation du syndicat. «Il l'a reconnu lui-même, plus d'une année et demie ont passé sans qu'on ne se rencontre», précise notre interlocuteur.

A propos de faire sortir le conflit sur la place publique, le secrétaire général du syndicat des imams réitère sa volonté au dialogue «sans concessions, constructif et canalisé».

Le ministre a également abordé la question du statut général lors de la rencontre d'hier, affirmant qu'il ne sera pas révisé, expliquant qu'au cas contraire cela suppose la révision des statuts de tous les corps de la fonction publique.

«Faux», rétorque Hadjimi qui estime que le gouvernement peut faire une exception pour un secteur «en ébullition», faisant remarquer au passage que le statut général du secteur de l'éducation nationale a fait l'objet de quatre ou cinq révisions. «Notre statut a été décidé en 2008 sans notre accord et il est de notre droit de revendiquer sa révision», ajoute-t-il, s'interrogeant sur la position du ministre. «Il est censé être avec nous et non le contraire», indiquant que le prochain rendez-vous entre les deux parties est pris pour la première semaine de janvier prochain.