«Min ayna laka
hada, ya hada», littéralement «d'où tu tiens cette fortune», semble
être la première question qui vient à l'esprit quand on découvre le nombre
effarant de millionnaires que compte l'Algérie. Selon le rapport 2017 de l'Africa Wealth Report, établi par
la banque mauricienne AfrAsia Bank, il y aurait 4.500
millionnaires avec un passeport vert, entre autres couleurs, bien évidemment.
Ils vivent certainement ailleurs avec des résidences non lucratives et font
leurs business au pays. Millionnaires, pas en centimes, non plus en dinars mais
en bons dollars américains sonnants et trébuchants. Et parait-il, c'est le seul
segment où le pays a enregistré des améliorations puisqu'en 2012, ils n'étaient
que 4.100, selon New World Wealth qui s'appuie sur
des données fournies par la Banque mondiale et l'OMC. Parmi ces 4.500
super-citoyens, 180 sont multimillionnaires et je vous laisse imaginer la somme
des zéros derrière, et je peux même vous prêter mes doigts et mes orteils pour
compter. Enfin, c'est à vous de voir. Des chiffres qui donnent envie de
dégobiller tant le discours officiel, servi à la sauce nationale contre la
lutte contre la corruption ambiante, est orienté vers la transparence dans la
gestion des affaires. Loin des discours lénifiants et des tournures de phrases
prosaïques, cette information de l'existence officielle de ces millionnaires en
dollars, qui possèdent la même carte d'identité que le chômeur de Ouargla, Relizane et d'ailleurs, qui achètent leur pain, enfin façon
de parler, à 10 dinars la baguette, et payent le carburant au même titre que le
taxieur de ligne, a de quoi choquer. Et profondément. Ce n'est pas qu'il y ait
des multimillionnaires en Algérie qui interpelle les consciences vives mais le
problème est de savoir d'où est-ce qu'ils débarquent. D'où viennent-ils ? Qui
sont leurs pères et surtout leurs parrains ? Qui sont-ils ? D'où provient leur
fortune ? Marchent-ils sur terre ou possèdent-ils un tapis volant ? Quel est
leur grade dans le pays ? Qu'on nous dise s'ils sont Algériens à part entière
ou seulement sur papier, apparentés au régime. Depuis le temps qu'on nous
bassine avec la lutte contre la corruption, qu'on cherche à donner l'exemple
avec la dernière lessive opérée chez les militaires, il est inconcevable que
dans un pays où la misère a faussé tous les repères, on ne s'interroge pas sur
l'origine de ces fortunes. L'autre point d'interrogation concerne cette
indication de l'AfrAsia Bank sur la baisse de 5% de
ces millionnaires entre 2015 et 2016, dont la raison, subodore la même source,
serait liée à l'effondrement des cours des hydrocarbures. Pourtant, il n'est un
secret pour personne que le domaine des hydrocarbures est exclusivement réservé
à l'Etat. L'argent n'ayant pas d'odeur sauf quand on veut le faire sentir, la
corruption est une cause comme une autre d'enrichissement dans un pays qui a
emprisonné l'honnêteté dans les cachots de la République. Sans rancune !