Une
nouvelle affaire -encore une- impliquant des mineurs, a été jugée, ce mercredi
par le Tribunal criminel de 1re instance d'Oran. Une affaire dans laquelle un
jeune homme âgé de 21 ans a été condamné, à 20 ans, de réclusion criminelle
pour le meurtre d'un adolescent de 16 ans. Le drame s'est produit en mai 2017 à
Haï Amel, quartier brûlant de Haï Nedjma où les
conditions sociales précaires cohabitent avec la violence et l'insécurité. Ce
mardi 2 mai, aux environs de 21h, une altercation oppose Z. Mohamed, 16 ans, à
B.M Islam, «ramasseur de déchets» également âgé de 16 ans, à la sortie d'un
café. Selon des témoins oculaires, Mohamed ordonne à Islam d'enlever sa veste
et de la lui donner, ce qu'Islam refuse catégoriquement. Le premier fauche
alors Islam qui tombe à genoux, et lui porte plusieurs coups avec le dos d'une
épée qu'il venait de sortir. Alors que les amis des 2 garçons regardent sans
réagir, M. Djamel, 20 ans, qui accompagne Mohamed, s'empare d'un couteau tombé
de la poche d'Islam et lui assène un violent coup au torse. Et pendant que le
blessé se vide de son sang en criant, les deux agresseurs prennent la fuite,
Djamel emportant l'arme du crime qu'il jettera dans une lointaine ruelle. Un
des témoins hèle un taxi et transporte d'urgence le blessé à l'hôpital d'Es-Sénia où Islam est déclaré mort. A l'autopsie, le médecin
légiste, constatant diverses blessures légères, déclarera que la victime est
morte des suites d'une hémorragie massive, dans la région du cœur provoquée par
un coup donné à l'aide d'une arme tranchante. En apprenant le décès d'Islam, le
lendemain, Djamel se livre à la gendarmerie. Il admet être l'auteur du coup de
couteau mais soutient qu'il n'avait pas l'intention de tuer. Son complice, Z.
Mohamed, qui est également arrêté, ne fait aucune difficulté pour reconnaître les
faits qui lui sont reprochés, en confirmant, notamment, que Djamel a porté le
coup mortel. Comparaissant devant le tribunal criminel (Mohamed devra être jugé
par un tribunal pour mineurs), M. Djamel, lui aussi «ramasseur de déchets»,
admet avoir frappé la victime avec le couteau tombé de sa poche. Il insiste
cependant sur l'absence de l'intention criminelle: «Je
ne voulais pas le tuer? j'ai voulu me défendre? je me sentais menacé»,
tentera-t-il de justifier avant de se faire reprendre par la présidente du
tribunal : «Menacé par qui, par quoi ? Il était à genoux, il ne tenait aucune
arme. De quelle menace parlez-vous ?». Questions auxquelles l'accusé ne pourra
apporter aucune réponse, se contentant de répéter qu'il ne voulait pas tuer la
victime, qu'il ne la connaissait pas et qu'aucun différend ne les opposait.
Convaincue que l'accusé était, au contraire, déterminé à tuer en raison de
l'emplacement du coup de couteau (dans la région du cœur), la représentante du
ministère public réclamera la réclusion à perpétuité en rappelant que le mis en
cause avait fait des aveux complets.
L'avocat
de la défense basera sa plaidoirie sur l'aspect psychologique de l'accusé «qui
n'a pas un niveau d'instruction élevé (a quitté l'école au primaire, nldr), vit dans des conditions sociales précaires et
travaille dans le ramassage de déchets». Concernant l'intention criminelle,
l'avocat dira que rien ne peut déterminer si son client avait réellement
l'intention de tuer : «L'accusé affirme qu'il n'avait pas la volonté de tuer (?)
Aucun différend ne l'opposait à la victime (?) De plus, il a donné un seul
coup», énumérera-t-il en soulignant le fait que son client ne portait pas de
couteau et qu'il s'est rendu de lui-même à la gendarmerie, en apprenant la mort
de la victime. Compte tenu du niveau intellectuel de Djamel et sa situation
sociale, l'avocat sollicitera la clémence et les circonstances atténuantes.
Après délibération, le tribunal déclarera M. Djamel coupable de meurtre et le
condamnera à 20 de réclusion criminelle.