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Start-up et IDE: La peur du risque ?

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Le monde de la création d'entreprises, notamment les start-up par les jeunes, évolue à grande vitesse, y compris en Afrique. Une étude de Partech-Africa montre ce dynamisme de la grande partie des pays africains. Encore une fois, notre pays n'y figure pas.

Il n'y a pas que les domaines classiques de la création d'entreprises et de l'innovation qui souffrent du manque d'investissement étranger chez nous. Celui des nouvelles technologies, en particulier le segment que représente les «start-up» est quasiment absent, inexistant dans le tableau économique d'ensemble du pays. Triste constat lorsqu'on s'évertue à affirmer haut et fort que 70% de la population a moins de 25 ans et de vanter les millions d'étudiants qui occupent les bancs des universités algériennes. Avec autant d'atouts en mains, comment expliquer que le pays, encore une fois, n'existe pas dans le nouveau palmarès africain de création de start-up fiancées par les investissements étrangers (les fameux IDE) ?

Partech-Africa, une association d'études spécialisée dans le suivi des investissements étrangers pour le lancement des start-up (petites entreprises qui démarrent) vient de publier son rapport annuel. Nous apprenons ainsi que les start-up en Afrique ont levé pour la seule année 2017 plus de 560 millions de dollars pour leurs projets. Le classement donne l'Afrique du Sud en tête avec 168 millions de dollars, suivi du Nigeria avec 115 millions. D'autres pays comme le Sénégal ou le Kenya figurent en bonne place. Nos voisins marocains et tunisiens ne sont pas en reste même avec quelques dizaines de millions de dollars quand même. Seule l'Algérie ne figure pas dans ce classement. Est-ce à dire que nos jeunes et jeunes -adultes sont moins créatifs, moins intelligents, moins compétents que leurs amis africains ?

Ridicule d'en conclure à une telle ineptie, tant les jeunes Algériens investis dans le monde des nouvelles technologies ailleurs, en Europe et au delà, bénéficient d'une haute estime et d'un respect reconnu. La raison de cette «absence» de la compétition internationale pour lever des financements, innover, créer de l'emploi et de la richesse est évidente: la monstrueuse toile d'araignée de la bureaucratie nationale, couplée à un ostracisme politique qui enferme le pays sur lui-même et le prive de toute perspective d'ouverture sur le reste du monde. Cette peur de perdre dans le change avec les investisseurs étrangers érode le peu de confiance en soi et les capacités réelles du pays, en particulier sa jeunesse. L'étude de Partech-Africa montre clairement une forte tendance à la hausse des IDE en Afrique dans le domaine des start-up: plus de 53% de progression par rapport à l'année 2016. Et tout indique que cette tendance se poursuivra sur les années à venir. C'est que la masse monétaire disponible sur les marchés internationaux a progressé si fortement qu'elle en arrive au stade de saturation. L'issue pour éviter le risque d'un krach financier international (plus intense que celui de 2007-2008) demeure l'investissement là où la production, la productivité et la plus-value sont absentes en raison, justement, de finances.

L'Afrique offre ces perspectives de redéploiement du capital financier international avec ses énormes retards économiques. Le domaine des start-up, que ce soit celui des nouvelles technologies ou celui de l'entreprise classique, est un excellent capteur de financement. Cependant, sans un climat favorable à l'investissement, sans une volonté d'ouverture et d'ambition, sans prise de risques (parce qu'il en faut dans tout acte économique), la jeunesse du pays restera en marge de toute chance de réussir sa vie et faire réussir son pays avec.