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Pourquoi une opposition entre catholiques et musulmans est-elle utile actuellement en France ? Quelques hypothèses (1ère partie)

par S. Bensmail

En France, et en général en Europe, par le biais des questions fondamentales telles que celle de l'éducation1, un observateur attentif peut aisément faire le constat de la réduction de la dimension spirituelle du citoyen, par une sorte de vidange qui continue à affaiblir la société face aux dangers de dislocation et d'affrontement. Dans de nombreux aspects de la vie collective (travail, loisirs, voisinage, relations aux institutions, vie politique, etc.), nous pouvons en effet voir la force destructrice de l'utopie révolutionnaire de 1789 (et, d'une certaine manière, de 1968, première révolution colorée ?) et cette déshumanisation qui s'accélère, au gré notamment d'un technologisme envahissant2. En particulier, depuis quelques décades déjà, et à l'inverse de son discours idéologique, de son apologie du Progrès et des «valeurs de la République», le système éducatif aggrave dangereusement les inégalités sociales au lieu de les réduire. Emmanuel Todd confirme, dans la présentation de son dernier ouvrage, Où en sommes-nous. Une esquisse de l'histoire humaine3, cette tendance lourde qui, sans être réellement remise en cause, menace les fondements même de la société et son unité. Cet effondrement du système éducatif - thermomètre fiable des institutions et du Récit national - s'observe également ailleurs, à l'exception (et jusqu'à quand ?) de quelques pays spécifiques tels que la Finlande.

Une telle «fracturation éducationnelle» sape la solidarité entre les groupes sociaux, fragmente durablement les sociétés et a pour conséquence de grands affrontements - qui débutent - entre les élites et les peuples: Brexit, crise catalane, montée des extrêmes, violences protestataires et répression, etc. C'est en ce sens que l'on peut observer, à la faveur notamment d'un marketing politique, d'une ingénierie sociale et d'un terrorisme urbain, une marche forcée vers la servitude des populations occidentales, la réduction toujours plus active du régime démocratique (par la suppression des libertés individuelles et des droits légitimes des travailleurs et des «inactifs»), et au final un autoritarisme impensable il y a à peine 10 ans.

Destruction du monde, déclin de l'Occident

Intégrismes, laïcité rendue excessive, terrorisme, tentations communautaristes, discrédit du politique (et de ses professionnels) comme des médias, perte de l'autorité de l'Etat, etc.: tous ces phénomènes inquiétants ramènent en effet au déclin de la France comme société et comme nation. Ceci renvoie à la chute de la civilisation occidentale, cette perte croissante d'humanité et de spiritualité - en tant que quête de sens existentiel relié à Dieu et aux autres -, que l'on veut remplacer par de nouvelles croyances trans-humanistes ainsi qu'aux dogmes ultra-libéraux libertaires ou sécuritaires - les deux faces économiques et sociétales du même projet.

Dans un étroit rapport entre la géopolitique, l'économique et l'énergétique d'une part, l'idéologico-religieux et le culturel au sens large d'autre part, ce lent effondrement traduit la perte d'influence du système anglo-saxon et transatlantique (USA ? OTAN - UE) au profit des nouveaux centres de gravité eurasiatiques. Les initiatives majeures de ces derniers (en particulier la Belt & Road et l'Union économique eurasienne) sont désormais protégées et portées par l'alliance Russie-Chine, la résistance de l'Iran (et avec elle, de la Syrie et de l'Irak, du Liban et du Yémen), de la Corée du Nord et du Venezuela (et de certains de ses voisins bolivaristes). La nouvelle donne des BRICS et OCS montre désormais une réorganisation à l'unisson qui chamboule tout l'échiquier mondial4.

La volonté des USA de maintenir, coûte que coûte, leur hégémonie mondiale est telle qu'ils se préparent à livrer des guerres majeures et directes contre la Corée du Nord et l'Iran, tout en visant respectivement la Chine et la Russie5. Raison du plus fort ou basculement dans la folie autodestructrice, des étapes extrêmement préoccupantes (rapportées par des politiciens aguerris tels que P. C. Roberts, Rand Paul ainsi que des journalistes dignes de ce nom - qui nous manquent tant en France) ont été franchies par l'Etat profond en direction de premières frappes nucléaires, massives, de ces dernières6. L'alliance de la bureaucratie, du Pentagone et du complexe militaro-industriel, sans oublier d'autres conglomérats puissants, notamment dans la technologie, ne semble tout simplement pas pouvoir se résigner à la chute de l'Empire.

Destruction du monde, déclin de l'Occident: pour Michel Onfray, philosophe pourtant athée ou agnostique et étiqueté à gauche, «le premier gros iceberg» sur lequel s'est heurtée la civilisation occidentale a été, au début du XVe siècle7, celui de la Raison, «qui n'a plus servi à justifier la foi mais à réfléchir sur Dieu et ce qu'il était (?), à travailler contre lui»8. Cette mutilation de l'âme humaine qui en a découlé, de sa part, profonde et originelle, qui la relie à l'Immanent, amène aujourd'hui une souffrance que l'on voit se multiplier dans les foyers comme dans les rues et les lieux de travail.

Le procès utile - qui tombe à pic - de l'islam

Nombreux sont aujourd'hui les ecclésiastes, tels Laurent Stalla, aumonier au Parlement et professeur à l'Institut catholique de Paris, qui semblent intégrer cette dichotomie entre bon et mauvais islam. Dans l'un de ses billets, «France, bénis tes prêtres et protège ta jeunesse !», ce dernier interroge le meurtre de père Jacques à l'église de Saint Etienne-du-Rouvray: «Pourquoi égorger un prêtre ? N'est-ce pas là un acte rituel par excellence ? Dans quelle religion sommes-nous ? Oserons-nous poser la question ? Il ne s'agit pas d'incriminer les religions traditionnelles pour lesquelles notre société moderne n'a finalement que peu de considération. Il s'agit de comprendre les mécanismes sacrificiels intrinsèques au genre humain. Le sens religieux de l'homme dégénère quand on ne s'occupe pas de lui. Il y a donc dans le cas présent un grave déficit d'éducation religieuse. L'éducation religieuse ne consiste pas à apprendre des doctrines, mais à écouter les désirs et les aspirations de son cœur. C'est là que Dieu nous parle. Ces jeunes hommes deviennent la proie facile d'idéologies religieuses perverses. Elles enseignent l'affirmation de soi par la haine et le sacrifice de l'autre: donner la mort pour se prouver sa force».9

Est-ce à dire qu'un individu, rendu monstrueux et pathologique, égorgeant un homme d'église au nom prétendument de l'islam (d'une «approche littérale» de son Texte sacré), doit nous faire nécessairement saisir cet acte comme relevant d'un sens religieux dégradé, imposé par «une affirmation de soi et une haine de l'autre», une volonté de purifier la terre par le sang des «mécréants» innocents ? Rappel du sacrifice abrahamique, acte rituel lié par définition à l'islam ? Cet acte abominable nous autorise-t-il vraiment à pointer l'islam comme étant à l'origine d'une «idéologie religieuse perverse» ? N'est-ce pas là faire preuve d'une lecture erronée et essentialiste d'un acte criminel, dément, fait pour terroriser et diviser10 ? En d'autres termes, suffit-il d'entendre crier «Allah ou akbar» (ou, comme au Bataclan, «c'est pour la Syrie !») pour attribuer de manière indiscutable la paternité de ces actes inhumains à des terroristes «islamistes» ou «syriens», en tout cas de facto affiliés au soi-disant Etat Islamique, «Da'ech» ?11

Ne peut-on pas y voir une distorsion déviante, pathologique et instrumentalisée de l'interprétation de l'islam chez ceux qui s'en réclament faussement ? Jean-Maxime Corneille, analyste politique, explique avec d'autres - tels Youssef Hindi ou J.-M. Vernochet - que la secte du wahhabisme - à l'origine du salafisme et du takfirisme - est à la fois un détournement et une instrumentalisation politique de l'islam qui n'a rien à voir, à proprement parler, avec la religion dont elle s'autoproclame exclusivement12 ? Comme Nourredin Shami, qui note avec justesse: «C'est l'islam perverti qui est le mieux représenté par Etat islamique»13, tout en relevant qu'«en réalité (?), les gouvernements occidentaux et leurs organes de répression (continuent de) favoriser les islamistes et (de) les soutenir à l'étranger». Ces analystes sont hélas bien peu écoutés14.

En évoquant vaguement, à la fin de l'été et devant les ambassadeurs réunis, «le terrorisme islamiste», Emmanuel Macron n'a non seulement pas nommé l'ennemi - l'islamisme politique -, mais a également détourné l'attention au sujet des compromissions des gouvernements successifs avec les financiers officiels de cette mouvance (essentiellement saoudiens et qataris)15. Aussi, peu nombreux sont ceux qui osent pointer la culpabilité de l'Etat français16 et de certaines élites - formant un complexe «non pas militaro-industriel mais intello-universitaire et médiatique»17 - qui ont favorisé, par iranophobie, collusion avec ces deux Etats (et d'inavouables calculs domestiques de division et de diversion ?), la propagation de ces tendances déviantes et pathologiques dans les mosquées et les écoles musulmanes, ici même et ailleurs ? Qu'il suffise de s'interroger à propos du départ continuel de milliers de jeunes Français en Syrie, en dépit des alertes de l'agence nationale de la sécurité intérieure, la DCRI18. Combien, aussi, osent-ils remettre en cause l'approche globale de la question terroriste qui, selon Anne Giudicelli commentant les récents attentats en Catalogne, «contribue depuis une dizaine d'années à l'expansion de cette menace (?) qui n'est pas religieuse mais idéologique et politique»19 ? Comme elle l'observe, les attentats permettent en effet de tenir le discours d'une «menace qui est partout (?), d'empêcher de prendre à bras le corps le sujet et de se poser les bonnes questions. Nous sommes dans la répétition annoncée, programmée, une chronique de terreur annoncée avec les mêmes rituels et les mêmes postures (?) à chaque fois que nous avons un attentat similaire - ce qui est très bien compris de l'autre côté puisque les mêmes modes opératoires sont utilisés (?) provoquant des résultats attendus et prévisibles».20

Militarisation et relance du projet colonial

De son expérience des «événements d'Algérie», Guy Gilbert, le curé au blouson noir que j'écoute toujours avec plaisir sur les ondes radiophoniques, en a tiré quelques tristes observations, qui peuvent tout autant se faire de nos jours: la préparation au meurtre par cet instrument toujours plus perfectionné qu'est la propagande, la transformation des hommes ordinaires en bêtes (qui remplissent la terre de leurs charniers) et, élément peu étudié mais pourtant crucial dans tout projet colonial de prédation et d'écrasement, l'activation du sentiment de toute-puissance des soldats issus des «petites gens» de la métropole (petits ouvriers, paysans) du fait du droit de vie ou de mort sur leurs alter-ego de la colonie, les indigènes21. La guerre d'Algérie - comme celle du Vietnam puis de l'Irak pour les Etats-Unis - reste une période douloureuse chargée de précieuses leçons pour qui l'étudie sans passion, afin de comprendre notre actualité de massacres (industriels ou artisanaux), de peur et de grande confusion.

Il en est tout autrement pour les véritables décideurs, qui ont opté pour une militarisation sans précédent (extérieure mais aussi intérieure) et une forte relance de la politique néocoloniale. Après avoir flatté les oreilles algéroises avec la dénonciation de la colonisation comme «crime contre l'humanité» - captant à peu de frais l'électorat maghrébin -, E. Macron n'a pas fait mystère de sa volonté de reconquête par la guerre (militaire et économique) en Afrique et au Moyen-Orient22. Ce projet de ré-expansion dans des régions principalement musulmanes ne peut se fonder que sur une vision toujours aussi faussée de leurs réalités tout comme une visée de pillage et d'accaparement des richesses des Etats les plus faibles.

Déconsidération voire déshumanisation des autres, déification de soi: à nouveau, les nouvelles guerres programmées et en cours se fondent sur une infantilisation des peuples, une criminalisation de leurs leaders et, en parallèle, une survalorisation de l'agresseur bâtie sur un européocentrisme «vertueux» et «humaniste».

A suivre...

Notes :

1- Peu débattue lors des dernières présidentielles, alors qu'elle aurait dû être en son centre.

2- Cf. André Vltchek, «Les gadgets me rendent idiot» et D. Orlov, «Réduire la techno-sphère» in Club Orlov, 13/10/2015.

3- Aux éditions du Seuil, Paris, 20174Cf. La guerre de Syrie (comme les agressions néocoloniales) sur laquelle l'Église de France et l'establishment catholique, hormis une dénonciation de la guerre en général, se sont prononcés contre Damas, et se sont tardivement mobilisés pour les chrétiens d'Orient. Quotidien à sensibilité catholique, La Croix, par exemple, a repris, sous un vernis pseudo-objectif, la même propagande anti-Assad, faisant le jeu des néoconservateurs, de la finance et des industriels notamment de l'armement et des secteurs connexes.

5- Le nouveau budget, exceptionnel, de la défense US a atteint 700 Mds $, en augmentation de 200 Mds par rapport à l'an dernier, indiquant un réarmement nucléaire prioritaire notamment de la force sous-marine.

6- « Le changement climatique, les catastrophes locales et les problèmes d'infrastructure que cela crée aux États-Unis, permettront à l'armée d'avoir de plus en plus d'influence sur l'élaboration de la politique nationale des États-Unis. L'endoctrinement nationaliste, qui a déjà atteint un niveau anormal dans la société américaine, va encore augmenter. Le contrôle militaire s'étendra de plus en plus à des domaines qui ont toujours été des domaines exclusivement civils. (Voyez déjà la militarisation croissante de la police). C'est le seul moyen de sauvegarder l'empire.» in « L'armée a vaincu l'insurrection conduite par Trump », http://www.moonofalabama.org/2017/09/trumps-insurgency.html#more

7- La Renaissance a largement propagé l'idée fausse d'un Moyen Age, sous influence religieuse, comme sombre et archaïque. Ce dénigrement a fortement contribué à faire apparaître les périodes suivantes comme ayant été celles du Progrès, de la Science et de la rationalité. Ceci se poursuit dans les programmes d'enseignement, en dépit de l'état de l'art des médiévistes les plus reconnus.

8- M. Onfray pointe dans quelques-uns de ses entretiens télévisés cette vision arrogante et égocentrique de l'homme occidental qui le rend aveugle à sa propre chute : « On a l'impression que toutes les civilisations sont mortelles sauf la nôtre. (?) Or notre civilisation est mourante.» Et de conclure : « Je pense qu'on ne peut rien faire pour sauver une civilisation qui se meurt. » Michel Onfray, Décadence. De Jésus à Ben Laden, vie et mort de l'Occident, Flammarion, Paris, 2016. Comme l'a écrit le Pape Jean Paul II : « La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de s'élever vers la contemplation de la vérité. c'est Dieu qui a mis au coeur de l'homme le désir de connaître la vérité et, au terme, de le connaître lui-même afin que, le connaissant et l'aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même. » in Lettre encyclique « Foi et raison ».

9- Publié le 27 février 2016.

10- Il est à constater aujourd'hui l'inflexion majeure de l'État français (et des médias) qui commence à aborder la question, cruciale, de la pathologie mentale. Cf. https://francais.rt.com/france/42190-terrorisme-gerard-collomb-radicalisation-barcelone-attentat-hopitaux-psychiatrique-sante

11- Plusieurs officiers du renseignement militaire se sont exprimés de la sorte, au lendemain des attentats de Charlie hebdo et du Bataclan, puis ont complètement disparu des médias : une revendication est toujours à prendre avec beaucoup de précaution. Notons pas ailleurs que le «terrorisme» (et d'autres formes du Mal ?) est très souvent présenté comme venant (ou obéissant à une injonction) d'ailleurs, en particulier du Moyen Orient.

12- http://www.medias-presse.info/tag/jean-maxime-corneille/

13- Noureddin Shami, « La vérité sur le fondamentalisme islamique» in The Saker, 29 décembre 2015.

14- En particulier en France où les médias sont contrôlés à près de 95 % par une dizaine de patrons financiers.

15- Cf. J . Sapir sur son blog, depuis censuré. Cf. le cimentier franco-suisse Lafarge, qui reconnaît avoir financé Daech en Syrie et avoir été encouragé par l'équipe de Laurent Fabius, alors au Quai d'Orsay. Des enquêteurs indépendants, tel T. Meyssan, ont affirmé que Lafarge a construit, à échelle industrielle, des bunkers pour Daech.

16- Notamment depuis N. Sarkozy et le financement, par le Qatar, de la libération des infirmières bulgares (détenues en Libye) en contre-partie de l'immunité fiscale de ses entreprises en France, dans le secteur immobilier en particulier. Cette immunité n'a pas été remise en cause par la suite. https://strategika51.wordpress.com/2017/08/17/les-libyens-accusent-la-france-et-le-qatar-davoir-directement-ordonne-lassassinat-de-gaddafi/

17- Comme me l'a précisé Michel Conesa, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Défense, lors d'un colloque tenu l'hiver dernier avec Eric Dénécé, spécialiste et ancien du renseignement militaire.

18- «En avril 2014, de plus en plus choquée par la narration des gouvernements et des médias », S. Cattori écrivait : «En soutenant la ?rébellion' en Syrie, l'UE, n'a-t-elle pas encouragé des milliers de jeunes à partir combattre Bachar el-Assad dès lors qu'ils pouvaient considérer poursuivre le même but ? Les services secrets des pays européens ont-ils laissé partir ces jeunes en toute connaissance de l'ampleur du phénomène ? Pourquoi a-t-on attendu jusqu'à aujourd'hui pour présenter un plan pour prévenir ces départs ? », S. Cattori, «Quand la France et la Belgique voyaient d'un bon œil le départ des candidats au djihad», 10 avril 2016 et http://www.silviacattori.net/article5532.html

19- Interview retransmis par Cnews, le jour de l'attentat de las Ramblas, Barcelona.

20- Ibid.

21- Gérard Marinier, « Prêtre » in Ils ont fait la guerre d'Algérie, 40 personnalités racontent, mai 1983, p. 80

22- Francis Dubois, « Macron prépare une explosion du militarisme français », https://www.wsws.org/fr/articles/2017/sep2017/macr-s20.shtml; Jean Levy, « Après la déclaration de guerre du Dr Folamour aux Nations Unies : la France doit, d'urgence, se retirer de l'Otan pour ne pas être entraînée dans un conflit mortel pour la civilisation » http://www.comite-valmy.org/spip.php?article9026