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Crise du Golfe: Bouteflika écrit au roi d'Arabie Saoudite

par Yazid Alilat

Le Président Abdelaziz Bouteflika a transmis une lettre, mardi au roi d'Arabie Saoudite Selmane Ben Abdelaziz. Cette lettre a été remise, selon l'Agence de presse saoudienne, par le ministre de la Justice Tayeb Louh, au roi d'Arabie Saoudite, qui l'a reçu, au palais ?El Yamama' de Ryadh. L'audience s'est déroulée en présence des ministres saoudiens de l'Intérieur l'Emir Ben Nayef Ben Abdelaziz et des Affaires étrangères Adel Al-Jubeir. Le fait que le roi saoudien reçoive, en grandes pompes, et selon le protocole dans son bureau personnel l'émissaire algérien dénote de l'importance du message du chef de l'Etat. Selon l'Agence de presse saoudienne, le ministre algérien était porteur d'un « message d'amitié » au roi Selmane. Si la presse saoudienne n'a pas donné de détails sur le contenu de cette lettre, d'autres médias du Golfe ont cependant rappelé la position de neutralité adoptée par l'Algérie, dans l'actuelle crise diplomatique, dans la région entre Ryad et ses partisans (Emirats arabes unies et Egypte notamment) et le Qatar. En outre, les médias du Golfe ont également souligné que l'Algérie soutient les efforts de médiation du Koweït pour trouver une solution à la crise dans le Golfe. La crise dans le Golfe est née au mois de juin dernier lorsque l'Arabie Saoudite avait accusé le Qatar, après le sommet de Ryadh contre le terrorisme, tenu en présence du président américain Donald Trump, de soutenir le terrorisme, et sommé de s'expliquer sur ses relations avec l'Iran, ainsi que l'arrêt du soutien aux Frères musulmans et les militants du Hamas palestinien. Pour les observateurs, la tension actuelle dans le Golfe est née de la volonté de l'Arabie Saoudite de mettre, en quelque sorte, au pas l'Emirat de Qatar, accusé de soutien au terrorisme. Pour le politologue algérien Abdelaziz Djerrad, « le Qatar estime que l'Arabie Saoudite veut le mettre sous tutelle, en l'accusant de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de l'Iran, ennemi n°1 des Saoudiens ». « Le début de la crise a commencé après la vive polémique suscitée par les (supposés) propos de Cheikh Temim du Qatar, qui aurait critiqué l'Arabie Saoudite et l'a accusée d'isoler l'Iran, à travers une dépêche de l'Agence qatarie, qui aurait été piratée. » L'Algérie, qui avait exprimé sa neutralité dans ce conflit, après que Ryad ait décrété un embargo économique et diplomatique contre Doha, a cependant manifesté son soutien et son intérêt à la démarche de médiation dévolue à l'Emir de Koweït, Cheikh Sabah Ahmed El Djaber. Maintenant, il y a l'autre conflit qui pointe dans la région, celui entre l'Arabie et l'Iran, via le Liban. L'Algérie, qui a de solides relations avec Téhéran, est en même temps un pays ami de Ryad, et les responsables saoudiens ont, là, une occasion pour nouer un dialogue qu'ils refusent d'entamer avec les Iraniens. Au coeur de ce nouveau conflit régional, il y a le Liban, où l'Iran a des bases-arrière avec le parti Hezbollah de Nasrallah, et que les Saoudiens veulent éliminer par tous les moyens. La médiation de l'Algérie pour mettre un terme à cette tension dans la région n'est pas à écarter. L'Algérie, avec l'accord de Taef (1989), avait déjà été la cheville ouvrière de la fin de la guerre civile au Liban, avec l'appui des Saoudiens.