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Oran :
Observatoire régional de la Santé d'Oran: Les spécialistes se penchent sur la dépression en milieu professionnel
par Mokhtaria Bensaad
«On
peut construire la santé avec le travail mais on peut aussi la détruire». Les
spécialistes en psychiatrie et les médecins du Travail sont formels, la
dépression professionnelle est une réalité qu'on ne peut pas ignorer et qui
nécessité, actuellement, une réelle prise en charge. C'est l'objectif du Plan
national de promotion de santé mentale, réalisé en décembre 2014. Un plan qui
comporte six axes et qui a été élaboré, à partir d'un état des lieux, a
expliqué le Pr Chakali Mohamed, représentant du
ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors de
la journée d'étude sur «la dépression en milieu professionnelle», organisée,
jeudi par l'Observatoire régional de la Santé d'Oran, à la Résidence ?Jasmin',
en présence de psychiatres, psychologues et médecins du Travail. «Le but», a
souligné ce spécialiste, «est de sortir de la maladie mentale pour nous occuper
de la santé mentale». C'est la raison de la constitution d'un groupe de
travail, à Oran, qui sera chargé de travailler sur les mesures à prévoir pour
assurer un bien-être mental au travail. Ce plan, effectué avec l'appui de
l'OMS, comporte six axes.
Pour donner un aperçu sur l'évolution de la dépression en milieu professionnel, le Pr Rezkallah, du service de médecine de Travail, de l'EHU d'Oran, a présenté un bilan de la consultation spécialisée de ce service. Ainsi, sur une période de 2 ans, 761 malades ont été examinés dont 53 présentaient des troubles mentaux. Ces sujets étaient âgés entre 20 et 33 ans. Il s'agit de consultations d'expertise pour les 85% des cas, orientés par des médecins. Il y a, aussi, des orientations par les employeurs et des médecins d'entreprises ou médecins spécialistes. Concernant les caractéristiques des personnes consultées, elles sont généralement jeunes avec un léger surpoids. Elles sont, en général, instruites. Les femmes sont plus touchées que les hommes. «C'est logique», a expliqué le même spécialiste, «il y a plus d'hommes qui fument par rapport aux femmes». Ce bilan des consultations a, également, révélé que le plus souvent, ces personnes prennent régulièrement des médicaments. Mais aucune n'a déclaré avoir consommé d'alcool ou de drogue. Concernant, d'autre part, les caractéristiques professionnelles, la maladie apparaît 10 ou 11 ans après. Plus de 85% sont des agents permanents qui travaillent dans de grandes entreprises. Le 1/3 de ces malades travaillait dans des rythmes décalés. 51% de ces patients travaillaient dans des professions intermédiaires, telles que la Santé, l'Education et l'Administration. Ils sont suivis par les cadres. Selon le diagnostic de ces troubles, regroupés par entité, il y a des troubles mentaux dus à une affection somatique, les affections chroniques comme le cancer, des troubles schizophréniques, des troubles de l'humeur, surmenage et état d'épuisement. »Mais quand nous avons éclaté ces entités pour rechercher les risques psychosociaux qui semblent liés au travail», a souligné ce médecin du Travail, «nous avons trouvé qu'il y avait 10 personnes dont les affections étaient liés directement au travail. Par exemple des agressions sur le lieu de travail, les agressions physiques ou des agressions verbales et qui débouchent sur une dépression. Concernant le harcèlement au travail, le Pr Chakali a indiqué que «le harcèlement au travail est problématique et qu'il devait être reconnu. C'est l'ambition du plan, vu que c'est une pathologie conséquente. La victime du harcèlement est retranchée sur elle-même, elle ne peut pas se plaindre. Les portes sont, souvent, closes devant elles et la hiérarchie professionnelle réduit au silence une victime. On sait que ce sont des réalités et on sait qu'elles exigent des réponses que nous n'avons pas actuellement et que ce plan ambitionne de les avoir. Un groupe sera installé à Oran pour étudier les mesures qu'ils faut prendre pour réduire le harcèlement et mieux protéger le travailleur». Le même professeur a, aussi, insisté sur le renforcement de la psychologie scolaire comme moyen de lutter contre la violence, la délinquance juvénile et les addictions en milieu scolaire. Des préoccupations, figurant dans Plan national de santé mentale qui s'étalera de 2017à 2020. L'autre catégorie prise en charge dans le cadre de ce Plan est la santé mentale carcérale. Le Pr Chakali a expliqué que cette population carcérale souffre de troubles mentaux et qu'il est important d'adapter tous les dispositifs, en milieu carcéral car beaucoup reste à faire en matière de la préservation de la santé mentale des détenus ou prévenus. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||