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Cold Case

par Moncef Wafi

Complicité involontaire ou incompétence avérée, le cas de ce qui est désormais permis d'appeler «l'affaire du bachagha Bengana» a défrayé la chronique nationale. La promotion du livre de Ferial Furon, arrière-petite-fille du Bachagha Bengana, «Si Bouaziz Bengana, dernier roi des Ziban», par une chaîne de la télévision publique passe mal ou pas du tout. Dénoncé sur les réseaux sociaux, cet impair, qu'on veut corriger en haut lieu par un ou deux licenciements de lampistes, devrait suggérer une autre prise en charge plus sérieuse pour qu'on arrête, une fois pour toutes, de dédouaner les vrais responsables. Qu'un coupeur d'oreilles de résistants algériens soit glorifié dans l'émission matinale «Bonjour d'Algérie» de Canal Algérie a ce quelque chose de choquant non pas dans son exclusivité mais dans ce qu'il contribue à promouvoir une normalisation avec le passé colonial.

Ces dernières années, on assiste à un véritable programme de révisionnisme orchestré à partir de France et exécuté par des missionnaires algériens. Le danger d'une banalisation de ces attaques insidieuses, des débarquements de noms suspects parmi les délégations étrangères, de ces renoncements à demander justice et réparation jusqu'à ces reniements de notre peau et de notre combat révolutionnaire contribue davantage à inscrire cette question dans l'incompréhension d'un silence officiel presque équivalent à du mépris. Jusqu'à preuve du contraire, ce dérapage accidentel ou contrôlé de la chaîne doit être éclairci et les Algériens de ne pas se suffire d'une explication de texte, niveau primaire, qui veut nous faire croire que l'erreur est due à un problème d'inattention.

Il est clair que le sujet est passé parce qu'on l'a autorisé en amont, qu'on a facilité les contacts et permis la promo. Alors qui est derrière et surtout à quel dessein ? Le titre même de l'ouvrage aurait dû inciter à plus de retenue, cependant aucun signal d'alarme ne s'est déclenché pour appeler à davantage d'attention. Cette affaire trahit un dysfonctionnement grave et interpelle surtout une absence de responsabilité à haut niveau. Il ne fait aucun doute que le dossier sera bientôt enterré, passé sous silence, sans qu'aucun haut responsable ne soit inquiété ou mis en cause.

En Algérie, on ne démissionne pas, c'est connu, on se fait démissionner.