Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Constantine - La grève à Magrofel se poursuit

par A. Mallem

Déclenchée lundi dernier 14 novembre, la grève du marché de gros des fruits et légumes (Magrofel) de Constantine entre aujourd'hui dans sa 6e journée et les deux parties, l'APC et les grévistes, campent chacune sur leurs positions.

L'APC, par la voie de son président M. Mohamed Rira, qui a reçu jeudi les représentants des grévistes, a proclamé sa volonté d'aller jusqu'au bout en appliquant la délibération de l'organe élu qui consiste à mettre aux enchères publiques la gestion du marché. Le maire a ajouté que la procédure de dissolution de Magrofel sera mise en branle dès le 24 novembre prochain au cours de la session de l'APC prévue à cette date. Et les commerçants, par la voie de leurs syndicats, ont signifié au premier responsable de la commune leur intention de poursuivre la grève jusqu'à l'annulation de cette décision. Contacté hier vendredi, M. Bouhenguel Laïd, coordinateur du bureau de l'Union des commerçants (UGCAA), nous a annoncé que les commerçants de gros vont procéder à une escalade dans la protestation et tiendront, probablement dimanche matin, un sit-in devant le cabinet du wali ou devant l'hôtel de ville, siège de l'APC. « Nous nous réunirons samedi pour décider des modalités d'organisation du sit-in », nous a dit M. Bouhenguel. Pendant ce temps, ce sont les commerçants de détail et les citoyens qui souffrent le plus de cette situation : difficultés d'approvisionnement pour les uns, augmentation drastique des prix des fruits et légumes pour les autres. Rencontrés hier au marché des Frères Bettou, les uns et les autres nous ont fait part de leurs sentiments et leurs inquiétudes. «Dans le marché de Chelghoum Laïd situé dans la wilaya de Mila où nous sommes maintenant obligés de nous approvisionner, explique un commerçant, les grossistes nous imposent la vente concomitante de marchandises de bonne et de mauvaise qualité dans le même lot. «C'est à prendre ou à laisser», nous disent-ils. Ils nous empêchent de choisir le bon produit. De même qu'ils exigent de nous de prendre de grandes quantités qui dépassent nos moyens. Et à des prix revus à la hausse. Quant aux citoyens, ils ont constaté à leurs dépens que les produits maraîchers ont augmenté, surtout certains fruits de saison dont le prix a pratiquement doublé. Selon ce commerçant, ce n'est pas encore l'anarchie dans les marchés populaires locaux, «mais cela va venir si la grève de Magrofel se poursuit encore», a-t-il averti.

Quand on leur pose la question, les grévistes regrettent bien cette situation, mais ils répondent que dans le bras de fer qui les oppose à l'APC, ils n'ont pas le choix et ils doivent combattre pour conserver leur moyen de subsistance. Du côté des syndicats, M. Amar Bouhalaïs, président de la fédération de wilaya des commerçants de gros en fruits et légumes, organisation indépendante, a affirmé jeudi que les commerçants sont, bien entendu, aux côtés du gouvernement quant à la valorisation des biens des collectivités locales, «toutefois, dans le cas de Magrofel, nous devons attirer l'attention des secteurs concernés qu'un amalgame est entretenu à dessein.

On prétend que ce marché n'engrange que 200 millions de centimes par an, ce qui est absolument faux car il réalise plus de 3 milliards de centimes de chiffre d'affaires par an. Aussi, l'administration de Magrofel n'a nullement obligé la municipalité à lui louer le marché avec cette somme. Pour M. Bouhenguel, coordinateur du bureau de wilaya de l'UGCAA, en cédant aux enchères la gestion de Magrofel, l'APC va condamner plus de 500 familles à la misère. Aussi, nous pensons qu'il est utile de lancer un appel aux élus qui vont tenir leur session le 24 novembre pour leur demander de revoir cette décision.