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18 millions d'usagers, 40.000 chèques postaux imprimés quotidiennement?: Les difficultés d'Algérie Poste expliquées

par Abdelkrim Zerzouri



En six ans, ce sont 5 millions de nouveaux clients d'Algérie Poste qui ont ouvert un compte courant postal (CCP). Ils étaient 13 millions de détenteurs de comptes CCP en 2010, et en ce mois d'octobre 2016, leur nombre atteint les 18 millions de clients qui possèdent des comptes CCP, soit près de 45 % de la population algérienne. C'est la ministre de la Poste et des Technologies de l'information de la communisation (PTIC), Iman Houda Feraoun, qui a révélé ce nouveau chiffre lors d'une réponse à une question du député Djelloul Djoudi de l'Assemblée populaire nationale (APN) lors d'une séance plénière présidée par Mohamed Larbi Ould Khelifa, président de l'assemblée, et dont l'objet porte sur le retard accusé dans l'émission et la délivrance des chèques postaux.         Cette hausse fulgurante s'expliquerait par une ruée de nouveaux clients, de plus en plus nombreux, qui se trouvent dans l'obligation d'ouvrir des comptes CCP, à l'enseigne des nouveaux étudiants pour recevoir leurs bourses, les retraités pour le virement des pensions et les travailleurs actifs qui, même s'ils ont un compte bancaire, doivent ouvrir un compte CCP pour toucher les remboursements des frais médicaux, qui se font exclusivement par CCP. Mais, un assainissement des comptes, chose qui n'a pas été faite depuis près de 5 ans, s'avère plus que nécessaire. Dans ce contexte, la ministre des PTIC a relevé qu'Algérie Poste imprime 40.000 chèques postaux quotidiennement, dont 15 % sont détruits mensuellement en raison du changement d'adresse des abonnés sans en informer Algérie Poste, tout en précisant dans ce cadre que la majorité des abonnés ont ouvert leurs comptes postaux lorsqu'ils étaient étudiants à l'université. Non sans souligner que l'opération de délivrance des chèques s'est améliorée depuis 2015 à la faveur du système des SMS envoyés aux abonnés une fois leurs chèques prêts.           Mais, elle a avoué que le retard accusé dans l'émission et la délivrance des chèques postaux peut exister en raison de l'entretien des appareils, ainsi que les équipements et le papier utilisé, qui ne peut être contrefait. Enfin, faut-il le souligner aussi, rien n'est gratuit à Algérie Poste, le chéquier est payé par l'abonné, et toute opération est taxée à sa juste mesure, pour ne pas dire outre mesure depuis la hausse «silencieuse» inculquée à ces taxes qui peuvent atteindre jusqu'à 300 dinars par opération.

Autant dire que le «CCP» constitue la principale ressource financière de l'entreprise. Par ailleurs, la ministre des PTIC a affirmé que le projet de code des postes et des communications électroniques serait bientôt soumis au Conseil des ministres. «Ce projet qui a vu l'introduction de nouveaux amendements, sera prochainement soumis au Conseil des ministres puis au parlement», a précisé Mme Feraoun en réponse à une autre question d'un député de l'APN sur les raisons entravant la définition de règles régissant les activités des postes et des télécommunications.

La ministre a présenté les grandes lignes de ce projet de loi dont l'appellation est passé de «projet de code des postes et des télécommunications» à «projet de code des postes et des communications électroniques» en vue de l'adapter aux progrès technologiques survenus dans ce domaine, du fait «de l'intervention d'autres acteurs virtuels qui ne détiennent pas de réseau de télécommunications». L'ancienne appellation de la loi «exigeait l'existence d'une infrastructure de base dont les fibres optiques, le satellite et d'autres équipements, tandis que les communications électroniques permettraient d'intégrer l'infrastructure de base, outre le contenu des échanges sur le réseau, appliquant ainsi cette loi pour les opérateurs virtuels et fournisseurs d'accès Internet.

La ministre a indiqué par ailleurs que le deuxième amendement permettrait de consacrer la concurrence pour le service Internet fixe, interdisant ainsi le monopole dans ce domaine, à travers l'ouverture d'un réseau local pour les opérateurs privés afin de baisser les tarifs de la connexion internet. Ce nouveau projet prévoit également des amendements concernant «l'alternance nationale», qui permettrait au citoyen d'effectuer des communications quel que soit la puce utilisée, ainsi que des articles relatifs à la santé publique et aux dangers que représentent les fréquences et le spectre électromagnétique sur la santé des citoyens.

Quant au projet de Banque-poste, la ministre a avoué que «les 3.700 bureaux de poste que compte le pays n'ont pas tous le même niveau offert par les banques», reconnaissant dans ce sillage d'autres lacunes enregistrées dans les bureaux de poste, dont «la non disponibilité de bureaux et de caisses sécurisées». Pour la ministre, «la poste a pu offrir, en l'espace deux ans, des services bancaires convenables au même titre que les services bancaires parallèlement à la vulgarisation du e-paiement et du e-commerce. Certes, des progrès importants ont été enregistrés en matière de services fournis par Algérie Poste, mais des améliorations sur plusieurs plans sont souhaitées par la clientèle.