Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les licences rares et de plus en plus chères: Des centaines de chauffeurs de taxi au chômage forcé

par J. Boukraâ

Le problème du manque et de la cherté de location des licences de moudjahidine continue de mettre en péril le devenir du métier du taxieur. A Oran, ce sont des dizaines de taxieurs qui sont au chômage, dans l'attente de cette fameuse licence. Un document qui n'est attribué qu'aux anciens moudjahidine et ayants droit, exigé pour l'exercice de ce métier. Selon un jeune chauffeur de taxi « cette situation a laissée place à une véritable spéculation autour de ces licences et sur les prix de leur location. Pris en otage par les aléas de l'offre et de la demande, dans ce marché, les taxieurs de la nouvelle génération peinent à comprendre cette situation qui les pénalisent ». La hausse des mensualités à débourser pour l'acquisition du document nécessaire à l'exercice de ce métier n'a pas cessé de nourrir la colère des ces jeunes. « Le tarif de location de ces licences est passé de 5.000 dinars par mois, il y a 2 ans à quelque10.000 DA, voire 12.000 DA, cette année » ajoute Amine. Et d'ajouter que sans licence certains chauffeurs» ont rangé leurs véhicules ou se sont eux-mêmes rangés dans les nombreux points d'arrêts des « clandestins ». Des dizaines de ces taxieurs, sans licence, travaillent comme salariés contractuels au sein des nouvelles sociétés de taxi, à Oran. Cette embauche a permis à de nombreux pères de familles de subvenir aux charges quotidiennes et aux sociétés de taxis de disposer, dès le départ, de main-d'œuvre qualifiée et expérimentée. Les responsables locaux du service des Transports avaient parlé, il y a quelque temps, de l'établissement d'un « document » équivalant à une licence d'exploitation de taxi. Une mesure qui n'a pas vu le jour. « nous attendons toujours les fameuses licences administratives, qui devaient être délivrées, par les services de la wilaya, il y a près de 5 ans », ajoute notre interlocuteur.

La tension sur les licences de taxi, à l'origine d'une flambée des prix de location, a finalement poussé nombre d'anciens ?taxieurs' à exercer dans la clandestinité profitant de l'anarchie qui prévaut dans le secteur des Transports à Oran. «C'est tout bénef ! Je travaille depuis plusieurs mois en tant que taxi clandestin. Une fois, j'ai été même contrôlé par un policier, mais j'ai réussi à me tirer d'affaire en prétendant avoir oublié tous mes papiers à la maison. Le travail en tant que clandestin est rentable surtout durant les heures de pointe», avoue ce chauffeur de taxi reconverti en clandestin.

Il est à rappeler que les sociétés de taxis privées avaient été créées suite aux dispositions prévues dans l'arrêté du 28 septembre 2009, modifiant l'arrêté du 8 août 1993, réglementant le transport effectué par taxi.

Les quatre syndicats des transporteurs (SNTT, UGCAA, UNAT et UNACT) avaient accepté la création des sociétés de taxis, dans sa forme nouvelle et ce, à la lumière du nouveau texte réglementaire portant conditions et modalités de création de ces entités et notamment le nombre de véhicules revu à la baisse, et qui est passé de 30 à 10 et sans conditions d'âge. La création des sociétés de taxis, dans sa forme nouvelle, est une alternative pour les chauffeurs de taxi qui peuvent se constituer en SARL et atténuer le problème des licences d'exploitation, puisque la société de taxis a , l'avantage d'activer avec plusieurs véhicules pour une seule licence.

Notons, aussi, que près de 15.000 dossiers de demande de licence de taxi ont été déposés auprès de la Commission de wilaya de la protection sociale et des ayants droit.