A
moins de vingt jours de l'Aïd el-Adha, les points de
vente et l'achat des accessoires indispensables au rituel du sacrifice dominent
les discussions des familles oranaises. Les préparatifs d'Aïd el Adha ne se résument pas uniquement à l'achat du mouton.
Pour cette fête du sacrifice, il faut du charbon, des épices, des allume-feux,
des couteaux aiguisés. Comme chaque année, à quelques jours d'Aïd Al Adha, des petits commerces saisonniers voient le jour. Mais
cette année, même s'il ne reste qu'une vingtaine de jours, ces vendeurs se
comptent sur les doigts.
Les
citoyens se contentent, pour le moment, d'observer et de se renseigner sur les
prix, attendant les deux derniers jours pour se décider. Certains vendeurs se
sont installés aux marchés de Medina Djedida, la
Bastille, el Hamri? Si certains d'entre eux ont jeté
leur dévolu sur la vente de charbon, d'autres proposent tout l'attirail du
parfait boucher ou «égorgeur de mouton», c'est selon, avec la gamme complète de
coutellerie et des accessoires indispensables au sacrifice, une troisième catégorie
s'est reconvertie, pour cadrer avec l'évènement, en apprentis rémouleurs, très
sollicités d'ailleurs par les citoyens désireux d'accomplir eux-mêmes ce
rituel. Beaucoup de citoyens passent devant ces étals de fortune sans y prêter
attention ; ils vaquent à leurs occupations quotidiennes le plus normalement du
monde. Questionné, un vendeur installé à Medina Djedida
déclarera que quelques personnes viennent s'enquérir des prix des couteaux et
autres haches, sans acheter. Ils vérifient la qualité des produits mis à la
vente, et s'en vont. De leur côté, certains pères de familles nous ont déclaré
: on essayera d'acheter le mouton d'abord, puis on verra pour le reste. Car
beaucoup ne sont pas encore sûrs de pouvoir offrir à leurs enfants le mouton du
sacrifice. En effet, se transformer en boucher d'un jour, accompagné d'un ou
même de deux apprentis bouchers, nécessite également de posséder au moins le
jour J tous les outils nécessaires : couperet, couteaux, hachoir, scie, tempe
(morceau de bois au moyen duquel le boucher tient ouvert le ventre d'un animal.
Chaque année, à l'approche de la fête de l'Aïd El Adha,
les marchés, places publiques, les rues sont investis par des jeunes et des
moins jeunes qui proposent divers outillages et matériels de boucherie destinés
au sacrifice du mouton. Allant du simple canif en passant par les poignards et
les haches, ces ustensiles de cuisine considérés, aussi, comme armes blanches,
sont en vente libre, dans tous les coins de la ville. En effet, aucune loi
n'interdit la vente de ces couteaux et haches, considérés comme articles de
ménage et ustensiles de cuisine. Cette activité entre dans le code 503205 de la
nomenclature des activités économiques soumises à inscription au registre de
commerce. Ce code concerne le commerce de détail d'articles de ménage et
ustensiles de cuisine et notamment, les articles de cuisine en acier, fer
battu, nickel, vente d'articles de coutelleries de maison. Concernant la
prolifération des commerçants informels qui investissent ce créneau chaque Aïd Adha, la direction du Commerce n'a aucune prérogative pour
intervenir sauf si un arrêté de wilaya est promulgué. Dans ce cas, des
campagnes de lutte contre l'informel sont menées, en collaboration avec la
police. Pour ce qui est de l'origine de ces couteaux, on apprend que la
majorité est importée de différent pays asiatiques et européens (code 409011,
relatif à l'import et export de la verrerie, vaisselle articles et ustensiles
de cuisine en acier). A cela il faut ajouter la production locale. Deux activités
légales et régies par des lois. Mais cette activité, initialement régulée par
la loi en vigueur définissant les fournitures et besoins essentiels à assurer
aux ménages est totalement détournée. Elle a vite fait de se transformer en
créneau exercé par des vieux, jeunes et moins jeunes, excellant dans la
commercialisation des objets interdits, vu leur dangerosité. Rappelons aussi
que l'inspection vétérinaire relevant de la direction des services agricoles de
la wilaya d'Oran a désigné 100 points de vente de moutons à travers les 26
communes. Aussi, l'interdiction de l'exposition informelle de moutons et leur
déplacement en grand nombre dans les rues de la capitale a été promulguée
récemment. 35 vétérinaires ont été mobilisés pour le contrôle du cheptel au niveau
de ces points. L'environnement dans lequel prospère le bétail sera également au
centre d'intérêt des inspecteurs vétérinaires.