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Loi de Finances 2016 adoptée : Foire d'empoigne à l'APN

par M. Aziza

La loi de Finances 2016 a été adoptée au Parlement sous haute tension. Les députés de l'opposition ne lâchent pas du lest, ils ont protesté, au sein de l'hémicycle de l'Assemblée populaire, avant le début de la séance et à l'extérieur, après le vote. Pour eux, cette loi est antinationale et antiéconomique. Ils ont lancé un appel au président la République pour qu'il ne signe pas cette loi.

Une vive altercation a opposé, hier matin, au Parlement, les députés de l'opposition, PT, FFS, AAV, El Adala et du Parti de la construction nationale contre certains de leurs confrères, issus du parti majoritaire (FLN). L'objet de discorde, du point de vue de la forme, le non- respect du point d'ordre, par le président du Parlement, réclamé par le PT, au début de la séance plénière, consacrée au vote sur le projet de loi de Finances 2016. Mais, dans le fond, c'est plutôt, la «falsification» des amendements de l'opposition qui ont été apportés et approuvés par la commission, mais qui n'ont pas été inscrits dans le rapport. La situation a dégénéré quand les députés du Parti des Travailleurs, soutenus par d'autres formations politiques de l'opposition, ont voulu occuper la tribune du président de l'APN, après que ce dernier ait ignoré leur demande. Un passage qui a été empêché par certains députés FLN. Au-devant de la scène, le député Mohamed Djemaï qui a usé des toutes ses forces pour empêcher les députés du PT à investir le milieu de la salle, au point où il a poussé par terre, une députée du PT.

Ni les députés du FLN, ni même les agents de l'ordre de l'APN, n'ont pu empêcher les députés de l'opposition à envahir la tribune de l'APN. Ils se sont alignés près du président de l'Assemblée, d'autres derrière lui , pour dénoncer «le projet de loi de Finances 2016» qualifié du projet le plus dangereux de l'histoire de l'Algérie indépendante. Des pancartes à la main, les députés de l'opposition scandaient des slogans contre les ministres «oligarques», contre la «dilapidation des biens» de l'Etat et du peuple, et contre la privatisation des entreprises publiques et la hausse des prix. En face, les députés du FFS, qui ont rejeté le projet de loi de Finances, scandaient à haute voix «l'Algérie est libre et démocratique» en brandissant l'emblème national , et en faisant rappeler «la gloire de nos chouhada»

Le point d'ordre ne fut accordé par Ould Khalifa, qu'après avoir constaté que le déroulement du vote pourrait être compromis. Un retour, soi-disant, à la normale a été enregistré, vers la mi-journée .

Faut-il le rappeler, les députés de l'opposition avaient entamé, avant le début de la séance consacrée au vote, une marche à l'intérieur de l'APN, exigeant le départ des ministres «oligarques» du gouvernement. Ils scandaient : «la honte, la honte, vous avez vendu le pays au dinar symbolique» et d'enchaîner «ministres oligarques dégagez»

Enfin, l'opposition a dénoncé, à travers ses interventions et la présentation des d'amendements, les pressions exercées sur la commission parlementaire, ne laissant rien passer. «Sur 86 amendements, quasiment aucun n'a pu passer».

Et de préciser que le bureau de l'Assemblée s'est transformé en instance de censure, puisqu'il a rejeté des amendements qui répondaient aux conditions légales du règlement intérieur de l'Assemblée, ils ont modifié les rapports des commissions, ils ont modifié le vote des membres de la commission des Finances, ils ont utilisé tous les moyens anti-démocratiques pour imposer leur loi», dira Ramdane Taazbit, du PT, en citant la transformation de l'amendement 121, pourtant validé par la commission. Et de souligner qu'il s'agit là «d'un coup d'Etat», c'est un projet qui a été mis en œuvre par des ministres oligarques et des députés oligarques. Et d'estimer que le président de la République qui un défenseur des droits sociaux, ne pourra pas signer une loi pareille. Pour le député Naamane Belaouar de l'Alliance Verte , cette loi a été voté par une majorité non représentative. «La majorité que détient Amar Saâdani, ne représente de 7% de la population. Il a une majorité parlementaire et non une majorité populaire». Les députés de l'opposition ont quitté la séance dès qu'il a été évoqué l'article 71, qui selon eux est un «crime contre l'institution parlementaire qui a le droit de contrôler l'argent du peuple»

TIRS A BOULETS ROUGES CONTRE EL HADI OULD ALI ET BOUCHOUAREB

Les députés du Parti des Travailleurs ont descendu en flamme le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, qui selon Ramdane Taazibit avait qualifié les députés du PT de «vendus». Taazibit a répondu lors de ses multiples interventions, que le ministre de la Jeunesse et des Sports lui a signifié «qu'il est un bandit». Ramdane Taazibt a mis, dans la gêne, le ministre de la Jeunesse et des Sports en affirmant que ses propos ont été enregistrés. Une remarque qui a poussé le ministre de quitter la séance, un moment, pour se rafraîchir. Interrogé par la presse, sur l'origine du conflit qu'il l'oppose aux députés du PT, il répond en affirmant qu'il n'a rien compris.

Les députés du PT, ont affirmé, pour leur part, que le ministre de la Jeunesse et de Sports ne devait pas s'immiscer dans les interventions des députés, en apportant des remarques de mauvais goût, à partir du banc réservé aux ministres. Les autres formations politiques de l'opposition se sont attaqués au ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, qui était absent. Une absence perçue par les partis de l'opposition, comme une faiblesse de ne pouvoir affronter les parlementaires, notamment ceux qui sont contre son projet.