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Loi de finances 2016 : Carburant, vignette automobile et électricité plus chers

par Yazid Alilat

Froid, austère et inquiétant, tel est du moins l'impression qui se dégage du projet de loi de finances pour 2016, année de grandes économies de la dépense publique sur le sillage de la baisse drastique des recettes pétrolières en 2015. Plus qu'austère, le projet de loi de finances pour 2016 (PLF 2016) va rogner sérieusement le budget des Algériens, avec des hausses de tarifs et de prix touchant les grands secteurs de consommation domestique. Ce PLF 2016, approuvé il y a deux semaines en Conseil des ministres, consacre des hausses qui touchent directement les ménages. Il y a d'abord une révision à la hausse de la vignette automobile selon le type du véhicule, de son âge et de sa puissance, dans une fourchette allant de 16 jusqu'à 40%. Selon le ministère des Finances, cette hausse du tarif de la vignette automobile doit «mettre à la disposition de l'Etat des ressources supplémentaires de financement pour permettre l'entretien et la réhabilitation des infrastructures routières et autoroutières réalisées».

 L'affectation du produit de cette vignette a été revue de façon à ce que 45% seront destinés au profit de la Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales, 35% au Fonds national routier et autoroutier et 20% au budget de l'Etat. Mais, les véhicules roulant au gaz de pétrole liquéfié-carburant (GPL/C) ou au gaz naturel comprimé (GNC), seront exonérés de cette taxe pour promouvoir l'utilisation des carburants propres. La taxe sur le gazole sera également revue à la hausse avec un taux de TVA qui passe de 7% à 17%, tout autant que la consommation du gaz naturel dépassant 2.500 thermie/trimestre et, surtout, la consommation d'électricité dépassant les 250 kilowatt-heure/trimestre. Les récriminations du P-DG de Sonelgaz et ses appels incessants pour la révision du prix du gaz et de l'électricité ont été ainsi entendus. Par les chiffres, le PLF 2016 escompte des dépenses budgétaires globales de 7.984,1 milliards de DA, avec 4.807,3 md de DA consacrés au budget de fonctionnement, et 3.176,8 md de DA pour celui d'équipement. Les dépenses budgétaires sont ainsi en baisse de 9% en 2016 par rapport au budget de 2015. Quant aux recettes, elles sont de 4.747,43 md de DA dont 3.064,88 md de DA pour les recettes ordinaires et 1.682,55 md de DA pour la fiscalité pétrolière. Le montant global des recettes escomptées pour 2016 est en baisse de 4,3% comparativement à la loi de finances complémentaire 2015 (4.953 md DA) et une hausse de 1,3% par rapport à la LF 2015 (4.684,6 md DA). En outre, les concepteurs du PLF 2016 tablent sur une croissance globale de 4,6%, une inflation maîtrisée de 4% et un déficit du solde global du Trésor de 2.452 md de DA. Les réserves du Fonds de régulation des recettes (FRR) sont estimées à 1.797 md de DA à fin 2016. Pour autant, les transferts sociaux seront maintenus à la hausse de 7,5 à 23% du budget de l'Etat, avec une enveloppe de 477 milliards de DA pour le soutien à l'habitat, 446 milliards de DA pour le soutien aux familles, dont 222 milliards de DA pour la subvention des prix des produits de base (céréales, lait, sucre et huile), ainsi que 316,5 milliards de DA pour le soutien à la santé publique. Par ailleurs, le PLF 2016 prévoit au titre de subventions indirectes dont le montant global est de 1.500 milliards de DA, quelque 630 milliards de DA de différentiel entre les prix réels des carburants, y compris les quantités importées, et le prix de leur cession, plus de 750 milliards de DA de différentiel entre le prix réel du gaz naturel et son prix aux consommateurs, et 154 milliards de DA de subvention d'équilibre à la société Sonelgaz, même dans le cas de la hausse des tarifs d'électricité et du gaz de ville. En dépit des restrictions apportées par la loi de finances 2016, avec une baisse de 50% des recettes pétrolières (environ 35 milliards de dollars), le budget 2016 va consacrer 40% des dépenses à l'investissement public et plus de 20% iront «au développement humain et au bien-être des familles», selon un communiqué du Conseil des ministres après l'adoption de ce projet de loi de finances 2016.