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La «darija» à l'école : Ce qu'en pensent les syndicats

par Mokhtaria Bensaâd

Un été chaud dans le secteur de l'Education. L'enseignement de l'arabe dialectal algérien, à l'école, a ouvert le champ à un grand débat, voire une polémique. Pour ou contre l'introduction de ?darija' à l'école ? Les spéculations vont bon train, en attendant que chercheurs et spécialistes de la linguistique se prononcent, afin d'éclairer, scientifiquement, l'opinion publique, sur les avantages ou les inconvénients d'une telle initiative, à l'école. C'est à travers les réseaux sociaux et les médias que les avis sont exprimés avec, évidemment, un amalgame, estiment les uns et les autres entre l'intérêt public et les desseins politiques pour un sujet, aussi sensible.

Dans ce débat ouvert, les syndicats de l'Education, acteurs actifs dans le secteur, semblent prendre du recul avant de donner leur point de vue, sur la question. Aucun communiqué de soutien ou de rejet n'a été rendu public, jusqu'à présent. Un moyen, peut-être, de donner le temps à ce sujet de murir à travers les débats.

Même si leur position n'a pas été exprimée dans des communiqués, les différents partenaires sociaux de l'Education que nous avons contactés hier, n'ont pas hésité à donner leur avis sur l'introduction de la ?darija' à l'école.

Pour l'UNPEF et le SNAPEST, l'opposition est catégorique pour une langue déjà acquise par les enfants. L'UNPEF estime que «officialiser ?darija' ne va, certainement, pas rendre service à la langue arabe classique». Le président du bureau national de l'UNPEF, M. Sadek Dziri a déclaré que «le syndicat est contre ce procédé, du moment que nous savons très bien que l'arabe dialectal est déjà utilisé, sans être officialisé. Règlementer cette langue va se répercuter, négativement, sur la langue arabe». La problématique que pose ce syndicat, à ce sujet, est «la multiplication des dialectes, en Algérie et la difficulté de recruter des enseignants natifs de chaque localité pour pouvoir maîtriser ?darija' de chaque région». L'UNPEF considère que s'il y a effort à faire pour améliorer l'enseignement, il doit être orienté vers les langues vivantes et notamment l'anglais, langue internationale afin de donner la possibilité aux élèves de mieux maîtriser les langues».

«Nous pensons que le débat animé, actuellement, sur le sujet est un débat stérile qui n'avancera à rien», a souligné le président de l'UNPEF.

Le SNAPEST, pour sa part, met en doute que cette proposition ait été émise par le ministère de l'Education, lors de la conférence sur l'évaluation des réformes du système éducatif, organisée, récemment, à Alger. Le coordinateur régional du SNAPEST, M. Aous a affirmé que «durant toute cette conférence, à aucun moment la ministre de l'Education ou l'Inspecteur général n'ont abordé le sujet». Dans le cas où, cette information se confirme, le SNAPEST estime qu'il est «impossible d'enseigner le dialectal à l'école sachant que chaque région a sa ?darija'». M. Aous qualifie le débat sur le sujet de «faux débat sur une langue qui n'a ni règles ni bases scientifiques pour qu'elle soit enseignée, à l'école. On refuse, de ce fait, ce retour à la littérature indigène et nous nous interrogeons sur le but de cette polémique».

Des avis que le CLA ne partage pas, ce syndicat soutient, entièrement, cette idée. Le porte-parole du CLA, M. Achour a expliqué que «l'introduction de l'arabe dialectal, à l'école, peut faciliter la tâche à l'enfant pour mieux s'adapter à l'environnement scolaire et assimiler les leçons durant les trois premières années du primaire. D'ailleurs, ce sujet a déjà été proposé par le CLA et nous soutenons cette initiative, loin de toute arrière-pensée et forme idéologique. Nous insistons, juste, sur la transmission du savoir». Le CLA est pour l'application de cette proposition, à partir de l'année prochaine, à condition que les moyens et le recrutement des enseignants, en fonction des régions soient pris en charge».

Les trois syndicats ont annoncé que des communiqués, exprimant leur position sur le sujet, seront rendus publics dans les prochains jours.

Quant à la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, elle a considéré que le sujet a enrichi le débat dans le sens positif. Elle a tenu, toutefois, à faire une mise au point affirmant que «l'enseignement de la langue arabe est incontournable et il ne faut pas induire en erreur la société, sur ce point».