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El Nosra revigoré: par qui ?

par Kharroubi Habib

Bien qu'inscrit sur toutes les listes des organisations terroristes à combattre, le Front El Nosra syrien affilié à El Qaïda bénéficie d'appuis et d'aides qui lui sont accordés tout à la fois par la Turquie, l'Arabie Saoudite, le Qatar, Israël et par la France probablement dont son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a cyniquement déclaré que cette organisation djihado-terroriste «fait du bon boulot en Syrie».

Un moment acculé et contraint d'abandonner ses places fortes que lui ont reprises soit les forces loyales au régime de Bachar El Assad, soit les combattants de l'organisation djihado-islamique rivale l'Etat islamique, le Front El Nosra a été de toute évidence revigoré par les aides qui lui sont accordées par les Etats cités ainsi que le prouve l'offensive qu'il a déclenchée ces derniers jours tant dans la région d'Idlib qu'en direction de celle de Lattaquieh. Israël pour sa part fait plus que fournir de l'armement ou des subsides financiers à El Nosra, il appuie militairement son offensive. Les frappes que son aviation a opérées contre des positions de l'armée syrienne l'ont été en coordination avec l'offensive des combattants d'El Nosra. Il en a été de même quand il y a quelques mois ce même Front El Nosra avait harcelé les forces loyales syriennes dans la région du Golan sous contrôle de Damas.

L'appui qu'Israël fournit à l'organisation djihado-terroriste a des motivations qui sont limpides. Peu importe aux Israéliens la nature djihado-terroriste d'El Nosra, du moment qu'il combat non seulement le régime d'El Assad mais aussi le Hezbollah libanais qu'ils considèrent comme constituant la principale menace pour l'Etat sioniste à ses frontières.

Il est étrange que les Etats qui ont sonné un branle-bas de combat contre le terrorisme international parmi les acteurs duquel ils ont rangé le Front El Nosra syrien, ne manifestent aucune forme d'inquiétude à la montée en puissance de cette organisation que montre l'offensive qu'elle a lancée ces derniers temps. D'aucuns même manœuvrent en coulisse en faveur de son retrait des listes des organisations terroristes et de sa reconnaissance en tant que composante de l'opposition «fréquentable» au régime syrien.

La Turquie, l'Arabie Saoudite et le Qatar, «déçus» par la rébellion «modérée» syrienne qui n'a rien prouvé sur le terrain contre le régime, considèrent désormais El Nosra comme étant la force qui pourrait faire chuter celui-ci. El Nosra est généreusement sponsorisé parce que ces Etats veulent aussi en faire leur instrument contre l'autre organisation djihado-terroriste l'Etat islamique qui ne se contente pas de combattre le régime syrien mais ambitionne d'instaurer un «khalifat islamique» dont l'aire géographique engloberait tous les pays musulmans.

Mais comme l'a démontré l'Etat islamique, «l'appétit vient en mangeant». El Nosra qui se contente actuellement de vouloir prendre le pouvoir à Damas uniquement se fera aussi expansionniste qu'est devenu l'Etat islamique car comme cette organisation, son projet politique n'est pas seulement de renverser Bachar El Assad mais d'imposer le «vrai islam» à l'ensemble du monde musulman en attendant de contraindre le monde entier à son observation.