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La Californie algérienne est-elle possible ?

par Slemnia Bendaoud

Sur une superficie de plus de 250 ha, sera réalisé, prochainement, dans la région de Touggourt (wilaya de Ouargla), un complexe agro-industriel, entre l'Algérie et l'Espagne, projet portant sur la production de primeurs maraîchères. Une délégation officielle, comprenant les ministres de l'Agriculture et du Développement rural et des Ressources en eau, accompagnés de son Excellence, M, l'ambassadeur d'Espagne, à Alger, ainsi que des autorités locales, s'est, donc, rendue sur site, afin de procéder au lancement de ce projet de partenariat, liant les deux partenaires (2 entreprises espagnoles et l'Office national de l'irrigation et drainage ?ONID') dont la durée de réalisation est évaluée à 8 mois.

Sur place, fut donc signé ce protocole d'accord, entre l'Organisme nationale ONID et les 2 partenaires espagnols, lequel consistera en la production, sous des multi-chapelles, répandues sur 10 ha, extensibles, à terme, à hauteur de 40 ha, ainsi qu'en plein-champ, de la tomate, des poivrons, des piments et autres légumes, en vue d'accroître la production agricole algérienne, grâce, notamment, à l'introduction, dans le pays, de la géothermie. Cette nouvelle méthode de production reposant sur une technologie récente, qui permet, à la fois, une forte économie d'eau et des rendements exceptionnels, à hauteur de 2.500 q/ha, qui seront 5 fois supérieurs à ceux réalisés, à présent, en plein champ, dans les différentes régions de cultures maraîchères. Appelée à coller davantage au rythme de croissance atteint par les wilayas limitrophes de Biskra et Oued Souf, celle de Ouargla envisage, à travers la réalisation de ce grand projet, de prendre la mesure de la cadence impulsée au développement maraîcher, en vigueur chez ses voisins immédiats. Le transfert des données techniques culturales et des itinéraires techniques s'y rapportant, permettra, à coup sûr, un transfert technologique et du savoir rapide, au profit des agriculteurs algériens, à l'effet d'améliorer, sensiblement, leurs connaissances en la matière, de sorte à maîtriser, convenablement, les méthodes les plus performantes de ce secteur névralgique.

Elément moteur, dans le cadre du développement accéléré de ce secteur-clef, à l'effet non seulement de satisfaire à la demande nationale mais, également, de conquérir les marchés de primeurs et d'extra primeurs, à l'exportation des fruits et légumes, ce complexe initié dans la région de Oued Righ verra, très prochainement, la réalisation d'un autre, de même importance, dans la wilaya de Oued Souf, afin d'améliorer l'offre locale par la maîtrise de ses techniques d'exploitation.

En faire de cette région une Californie algérienne est-elle une entreprise possible ? L'exploitation rapide de toutes les données préliminaires du problème, laisse supposer que le rêve est donc possible. Conçu pour répondre, en partie, à l'absorption de la main-d'œuvre ouvrière de la région (environ 500 emplois, dès son démarrage), ce complexe agro-industriel aura le mérite de réconcilier le pays avec l'exploitation de ses nombreuses ressources et potentialités naturelles dont sa région du Grand Sud recèle les gisements les plus importants.

Vivier, par excellence, d'un fort potentiel agricole, ce foncier du sud de notre territoire que vient de mettre en valeur, ce projet de grande envergure, offre aux fellahs de la région et du pays la possibilité de se recycler et de se familiariser avec les nouvelles techniques culturales en vigueur, en participant aux formations, sur le tas, qui leur seront dispensées, sur site, par les concepteurs du projet en question.

Cette expérience, à tenter sans tarder, doit à l'avenir être davantage multipliée pour toucher d'autres produits agricoles dont l'Algérie détient le potentiel de leur production locale, en vue de multiplier ses tentatives à substituer les produits agricoles à ceux des hydrocarbures, afin de réaliser son autonomie alimentaire. Avec pas moins de 350.000 ha, à prélever sur le programme de mise en valeur des terres, à engager avant l'année 2018, le Sahara algérien offre, aux citoyens, cette réelle possibilité d'en faire ce vert univers qui nous donnera à manger et assurera notre dignité. Après Abadla (Béchar) des années 70, du siècle dernier, ne voilà-t-il pas venu le tour de Oued Righ de ce début du troisième millénaire ? Y croire fermement constitue déjà à relever ce défi de demain.