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L'extrême droite est aussi salafiste que les salafistes

par Kamel Daoud

Les satellites nous relient, les Dieux et les Ancêtres nous séparent.

Réveil sur l'info d'une Europe et d'une France qui basculent de plus en plus vers l'extrême droite avec les derniers chiffres sur les élections pour l'UE. Qu'est-ce que l'extrême droite ? En gros, hors des longues explications et des discours, c'est surtout le culte de la souche, de la pureté de la race, de l'ancêtre gaulois qui n'est ni brun, ni noir, ni sans papiers. Cela consiste à s'affirmer comme race supérieure, à voir dans l'altérité une menace et une pollution du territoire et de l'identité et croire et faire croire que la solution est dans la restauration du passé, ses hommes, ses lignages.

L'extrême droite est tout simplement un culte des Salafs, traduire les ancêtres. C'est à dire un Salafisme.

Car il n'y pas de différence, sauf dans l'identité des Dieux, entre l'extrême droite et le salafisme de nos terres. Tout deux se revendiquent de la souche et de la pureté. Toute deux rêvent d'émirats restaurés et de passé sans contamination. Les deux salafismes se complètent, sont nécessaires l'un à l'autre et veulent remonter le temps vers les temps de l'isolation et tout deux se sentent menacés par l'altérité, l'Autre et la différence. Marie Laden et Ben Le Pen. Les deux se partagent la cartographie du monde et le précipitent vers les guerres, les exacerbations et la rétraction vers les utopies de la pureté génétique. Et ces deux maladies qui ne font qu'une, touchent tout les pays. Fascinent les gens par la fausse promesse de la Restauration. « L'Islam est la solution », disent les uns en terre des théocraties. « Le premier parti de France », crient les autres, en terre de la souchecratie. Les deux ont cette tendance à vociférer, à constituer des brigades de mœurs ou de vigilance, à se choisir des tenues fluorescentes, publient des utopies, décrètent et investissent les désespoirs et les errances. Etrange gémellité du mal : certains pratiquent l'islamophobie comme instrument de propagande, les autres sont fervents de la christianophobie qu'ils présentent comme menace, main étrangère, colonnes sourdes, complot et attaque. Les premiers ont pour habitude de s'attarder sur le futile et les boucheries halal, là où les frères du Salafs parlent de Noël comme impiété, de christianisation et de haram quand ils parlent de la femme, de la chair et de la joie. Les rôles sont bien répartis sur le dos d'une humanité en doute et en errance.

Car bien sur, quand ont est de l'extrême droite française, on parle d'islamophobie comme danger sur la nation. Et chez les salafistes et leurs fervents islamistes, la christianophie est une nature. On n'en parle même pas tellement c'est évident et normalisé. On la voit partout, on la soupçonne chez les autres et on la dénonce comme évangélisation.

C'est donc le monde des salafistes. Ceux d'Allah ou ceux de Marine. Les tueurs de l'homme au nom de l'Ancêtre. Et ce pays du Salaf s'étend. Gagne des élections et des esprits. Plonge le monde dit « arabe » dans le Halal/Haram et le monde occidental dans la souche/l'impur. Cela promet des basculements et des retours violents d'anciennes croyances. Cela va vers la guerre, dans un siècle ou dans deux. C'est un cycle mauvais. Entre l'émirat gaulois et « nos ancêtres les médinois », l'Homme est assis la tête entre les mains.