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Plafonnement des salaires : La FAF et la LFP accablent les joueurs

par Kamel Mohamed



Le Bureau fédéral de la FAF, réuni sous la présidence de Mohamed Raouraoua, a réagi en proférant des menaces contre les joueurs ayant observé un arrêt de jeu pour protester contre le plafonnement des salaires. «Le Bureau fédéral déplore les actions de protestation des joueurs et tient à rappeler que la décision de plafonnement des salaires a été prise à l'unanimité par les présidents des clubs employeurs lors de la réunion du 25 décembre 2013 dans le but de lutter contre l'endettement et d'éviter la faillite des clubs». Pour la FAF, «l'interruption des rencontres de football par des joueurs pour un motif quelconque est punie par les règlements. La commission de discipline prendra les mesures adéquates qui s'imposent à l'encontre des contrevenants».

«Le Bureau fédéral rappelle que la relation de travail joueurs-clubs est une relation privée qui ne concerne pas directement les instances du football dont le rôle primordial est de veiller à la bonne organisation et à l'intégrité des compétitions ainsi qu'au respect et l'application des règlements et des décisions». En menaçant de sanctionner les joueurs, la FAF s'implique ainsi dans une affaire qu'elle voulait «coller» aux clubs. En ce sens, les présidents de la FAF et de la LFP qui veulent plaire aux clubs s'en prennent aux joueurs, alors que la législation du travail n'évoque en aucun cas le plafonnement des salaires. Les clubs étant constitués en sociétés par actions, chacun est libre de fixer le salaire de son joueur. C'est le cas de l'USMA, géré par le Groupe Haddad, lequel reste souverain dans sa décision de fixer le salaire de chaque joueur. Si le Groupe se porte bien financièrement, cela devrait se répercuter sur les salaires de ses joueurs, ce qui ne devrait pas être le cas d'un autre club au budget maigre. En termes plus clairs, les clubs, la FAF et la LFP reprochent aux joueurs de protester contre une décision illégale, allant ainsi à l'encontre de la législation sur le travail. Pis encore, le président de la LFP verse dans l'invective en critiquant le niveau technique des joueurs, laissant entendre qu'ils ne méritent pas les salaires qu'ils perçoivent dans leurs clubs respectifs. Il s'agit d'un jugement de valeur de la part du président de la LFP qui aurait dû s'en tenir à la réglementation. Du coup, les joueurs se retrouvent jetés en pâture et deviennent une cible facile pour les dirigeants du football national. Il faut rappeler que ce sont les présidents de club qui ont créé cette surenchère pour provoquer une inflation sur le marché des transferts. Si aujourd'hui les joueurs locaux ne sont pas en sélection, la faute incombe à ceux qui dirigent le football algérien, car leur incompétence a empêché de produire ou de former des joueurs de la trempe des Madjer, Fergani ou Belloumi. Pis encore, dans son communiqué, le BF a saisi l'occasion pour «rappeler aux joueurs professionnels leurs obligations à se mettre à jour et à s'acquitter des impôts et des cotisations de la caisse de sécurité sociale au même titre que tous les salariés algériens». A travers ce «rappel», la FAF dévoile toutes ses carences et son incapacité à mettre en place les fondements du professionnalisme. La Direction nationale de contrôle et de gestion des clubs de football professionnels (DNGC) que devait mettre en place la FAF depuis quatre ans, aurait pu contrôler la gestion des clubs et amener les joueurs à s'acquitter de leurs impôts et charges sociales. En ce sens, la FAF et les clubs gagneraient à instaurer les bases du professionnalisme, à savoir la mise en place d'une gestion saine et transparente afin de pouvoir mieux contrôler les salaires et la masse salariale des clubs au lieu de s'en prendre aux joueurs, lesquels demeurent le mauvais produit de la gestion hasardeuse des actuels dirigeants du football national.