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Présidentielle : Meeting des partisans du boycott à la salle Harcha

par M. Aziza

La coordination des partis et personnalités pour le boycott de l'élection présidentielle du 17 avril prochain a tenu son meeting hier à la salle Harcha en regroupant différents courants politiques d'opposition autour

du mot d'ordre «boycott».

La salle a affiché complet vers les coups de 15 heures. Parmi les personnalités politiques, M. Ali Yahia Abdenour, Saïd Sadi et des membres du parti dissous, l'ex-FIS, à leur tête Ali Belhadj. Mais aussi de simples citoyens.

En tentant d'attirer l'attention des médias, pour marquer le retour de l'ex-FIS sur la scène politique, une vingtaine de partisans de Ali Belhadj scandaient «l'armée, le peuple, avec Ali Belhadj», mais leurs voix ont été à chaque fois étouffées par le fameux slogan «l'Algérie, libre et démocratique» répété par la quasi-totalité des participants au meeting. Le premier qui a défilé sur la scène, c'était le candidat qui s'est retiré le premier de la course du scrutin présidentiel, Sofiane Djilali. Il dira devant l'assistance que le système en place «veut offrir l'Algérie aux étrangers et il veut nous imposer un président absent, un fantôme». Pour Sofiane Djilali, le président Bouteflika ne pense qu'à sa personne «sinon comment expliquer qu'après une année de silence, il se prononce durant 14 secondes, pour se contenter de dire, je suis candidat aux élections du 17 avril». Et de poursuivre : «Oubliant complètement ce qui se passe à Ghardaïa !» L'orateur s'est dit convaincu que ce système à trop duré, il est là depuis 1962. «Aujourd'hui, il doit disparaître cédant la place aux jeunes».

Mohcine Belabbas, président du RCD, a affirmé que cette pluralité dans l'opposition et ce consensus démocratique que vient démontrer ce meeting est un nouveau jour pour l'Algérie démocratique. Mais, pour Belabbas «le changement ne s'offre pas, il s'arrache», dit-il avec l'applaudissement de l'assistance. Et d'insister que «le changement doit être pacifique et organisé» pour lâcher ensuite une phrase qui a fait secouer la salle «le système va s'effondrer mais l'Algérie survivra».

Mohamed Douibi du mouvement Ennahda a expliqué pour sa part pourquoi la coordination a opté pour le boycott en précisant que le système en place a rejeté toutes les propositions garantissant un scrutin démocratique.

Abderrazak Mokri, du MSP, vivement applaudi par l'assistance, a tiré à boulets rouges sur les dirigeants actuels du pays en précisant que le seul danger qui guette notre pays vient de ceux qui gouvernent aujourd'hui. Il n'a pas cessé de répéter à haute voix «vous avez échoué, vous êtes des corrompus, vous êtes des fraudeurs». Il a également accusé le pouvoir en place d'avoir semé la «fitna» à Ghardaïa et dans les Aurès. Mokri appel les Algériens à suivre le modèle de cohésion tunisien qui sans l'armée et sans les services secrets a pu créer le consensus politique, et ce malgré les différences qui existent entre les acteurs politiques tunisiens. Ce qu'il faut retenir est qu'aujourd'hui l'opposition ne se focalise pas uniquement sur le 17 avril, mais surtout sur l'après-17 Avril. Ils se disent pour un projet politique pour l'avenir et pour une Constitution consensuelle. A noter que tous les membres de la coordination étaient présents : RCD, MSP, Nahda, El Adala, Jil Djadid, et l'ancien chef du gouvernement, Benbitour.

A signaler en outre que les services de sécurité ont investi toutes les ruelles menant vers la salle Harcha en fermant à la circulation carrément certains artères, et ce pour parer à d'éventuels dérapages ou débordements. Mais, aucun incident n'a été enregistré ni à l'intérieur de la salle ni à l'extérieur.