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Confédération des syndicats autonomes : Un sit-in contre l'exclusion de la tripartite

par Mokhtaria Bensaâd

La Confédération des syndicats autonomes (CSA), composée de l'Unpef, Snapest, Snapsy, Snpsp, Snpssp et du Cnes, a appelé samedi à l'organisation d'un sit-in devant le Palais du gouvernement, le 23 février prochain, jour de la tenue de la tripartite. Dans un communiqué rendu public, suite à une réunion organisée le 14 février regroupant les six syndicats, la CSA a lancé un «appel appuyé et pressant à l'ensemble de nos adhérents afin de se mobiliser autour de ce combat pour la dignité et la justice». Exprimant son inquiétude par rapport à l'évolution de la situation sociale, la CSA considère qu'à «la lumière de l'annonce de la tenue de la tripartite sociale et de l'exclusion des syndicats autonomes et représentatifs, la confédération s'inquiète et s'indigne devant la légèreté révoltante avec laquelle les pouvoirs publics appréhendent la question sociale dans notre pays».

Pour la CSA, l'annonce de la tripartite, «largement rapportée par la presse nationale, est un indice qui balaie d'un revers de main tous les discours officiels, qui se voulaient rassurants et distillés depuis des années par les pouvoirs publics». Ces contradictions «dénotent la profonde hésitation à promouvoir l'émergence d'une justice sociale prélude à la construction d'un Etat de droit et d'un Etat démocratique». «Les syndicats autonomes, représentants légitimes de centaines de milliers de travailleurs, considèrent que cette énième exclusion de la tripartite représente un vrai danger pour la paix sociale et une réelle menace pour la cohésion sociale. Aucune explication rationnelle ne peut être avancée pour justifier une telle décision. Aucun argument ne pourra tenir la route pour expliquer cette démarche», ajoute la confédération.

«Outre l'accentuation des inégalités sociales, de nombreuses lignes de fracture affaiblissent le ciment de notre société. Les classes moyennes se sentent victimes d'évolutions qu'elles ne maîtrisent plus : une économie rentière irréformable et durablement installée, accentuation et généralisation de la corruption, croissance de l'insécurité sociale, contrôle du champ des libertés démocratiques et l'exclusion systématique des syndicats représentatifs des travailleurs. Ces phénomènes alimentent l'idée d'une fragmentation accrue de la société algérienne, mettant en danger les fondements de l'Etat», est-il cité dans le communiqué. Plus pessimiste, la CSA s'interroge: «Avons-nous réellement le temps de chicaner à l'heure où notre pays est soumis à de multiples pressions politiques, économiques et surtout sécuritaires, au double niveau régional et international ? Avons-nous le droit de marginaliser et d'exclure des segments entiers de la société de cette dynamique du renouveau national prônée et prêchée dans les discours officiels ?».

La CSA estime, et à juste titre, que «l'heure est plutôt à la mobilisation de tous les segments de la société afin de consolider un front interne capable de résister à toutes ces tentatives d'hégémonie politiques et économiques. La déclaration de monsieur le Premier ministre à ce sujet est plus qu'éloquente : front interne fort capable de prémunir le pays contre des mains malveillantes qui tenteraient de porter atteinte à l'unité du peuple algérien». «Nous devons en toute urgence et expressément», selon la CSA, «traduire tous ces discours ravissants et enchanteurs. Nous devons vite consolider notre cohésion sociale. Nous devons nous affranchir de toutes les pesanteurs qui empêchent encore l'émancipation de la société». La situation du travailleur algérien est extrêmement vulnérable, constate la CSA. Et la confédération de conclure que la politique des salaires, de la fiscalité et les grandes orientations de la politique sociale, la défense du secteur public, ainsi que l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des fonctionnaires, concernent l'ensemble des syndicats.