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Corruptio optimi pessima

par Salim Metref

Cet oncle qui n'est pas d'Amérique ne lit plus. Il a perdu la vue et ne suit plus l'actualité. Mais il a encore l'ouïe fine, écoute ceux qui lui parlent et dit le bon sens. Il s'informe comme il peut. L'âge lui joue des tours et il confond parfois les époques. Ainsi lorsque je lui fais part des menaces et intimidations qui s'amplifient et s'étendent, il me répond que les temps sont durs et que la France coloniale s'affole. Je lui précise que nous sommes en 2013 et qu'un demi-siècle est déjà passé. Mais rien ne lui fait changer d'avis, ni d'époque. Je lui relate aussi ce malheureux incident survenu au Maroc à propos de notre emblème national. Il sourit attristé et me parla de l'est parisien où il vécut l'épopée de la fédération de France du FLN. Je lui parle aussi du Sahara algérien qui regorge de richesses encore insoupçonnées et qui suscite haine et convoitises. Il me dit que Dieu protège ce qu'il a créé. Mais le peuple est pauvre et il y a comme de nouveaux colons. Sottises ! Il me répondit de ne pas être de ceux qui se renient et, pire, font offrande à leur culture d'adoption du sacrifice de soi. Il me dit que ceux qui comprirent furent souvent incultes et parfois même analphabètes. Mais ils avaient ce bon sens qui éclaira leur route. Mais parfois le doute s'installe. Et si tout ne fut qu'écran de fumée, chimères et légendes ! Et éternel recommencement. Mais je lui dis que ceux qui nous frappent sont nos frères. Il me dit qu'ils ne le sont déjà plus et que d'autres viendront. Ils seront indemnes et propres comme un linceul. Ils auront la vérité au bout des doigts qui fera jaillir la lumière. Je lui demande de me dire ce que sont devenus les meilleurs. Ne cours pas après le vent qui passe car le jour a désormais peur de la nuit. Contente-toi de ne pas devenir un épervier. Je lui dis que j'ai peur de ceux qui un jour tireront sur nous. Il y a tellement de balles réelles qui coulent dans nos veines. Il me demande de me taire et d'entendre l'appel à la prière.