Une énième organisation de la filière
viandes rouges se profile à l'horizon avec la rencontre d'aujourd'hui attendue
entre le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa,
et les professionnels de la filière ainsi que les éleveurs (ovins, bovins,
caprins, camelins et équins).
Une réunion de concertation qui portera,
selon le communiqué du ministère de tutelle, sur la modernisation et
l'industrialisation de la production des viandes rouges en Algérie. Prendront
part également à ce rendez-vous, des représentants de la profession et de
l'interprofession ainsi que des différentes structures relevant du secteur de
l'agriculture, le but étant d'organiser la filière à travers «l'émergence d'un
conseil interprofessionnel». De l'avis de tous les professionnels du secteur,
la filière viandes reste très mal structurée se répercutant directement sur les
prix «excessifs» de la viande, fût-elle du reste rouge ou blanche. Les
différents dysfonctionnements de la filière sont dus, selon nombre
d'observateurs, à l'absence d'une réelle organisation des circuits de
commercialisation qui a encouragé la spéculation en aval. L'absence d'abattoir
industriel moderne a également influé négativement sur une filière minée par
une faune d'intermédiaires et livrée à l'informel. Dans ses tentatives de
restructurer la filière de la viande blanche et de sauver ce qui peut l'être
encore, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural avait pris le
soin de créer la SPA, l'Algérienne des viandes rouges (Alviar) et la mise en
place d'un système de régulation en rapprochant les principaux intervenants
dans la filière avicole, à savoir les laboratoires publics ou privés, les
aviculteurs et les fournisseurs d'intrants. Selon les acteurs des filières
viandes blanche et rouge, la priorité est de maîtriser d'une part la conduite
des cheptels et, d'autre part, d'encourager l'investissement susceptible de
participer à la transformation des conditions structurelles de l'offre. En mai
dernier, une société mixte algéro-émiratie a été créée pour le développement de
la filière viandes rouges. L'accord avait été signé entre Alviaret la société
Emirates Future/SARL, spécialisée dans l'élevage et la production de viande
rouge. Les domaines d'activité de cette société sont l'élevage et
l'engraissement du bétail, la production fourragère, la valorisation des
sous-produits de l'agriculture et de l'agro-alimentaire, l'abattage et la
transformation, la commercialisation et la distribution, ainsi que la formation
dans les métiers des viandes, précise la même source. Ce partenariat prévoit
aussi que la société mixte exploite, développe, modernise et gère plusieurs
infrastructures d'élevage, d'engraissement, d'abattage et de valorisation des
produits de viande rouge. Alors que les professionnels essayent de réguler la
filière, les prix, eux, ne cessent de monter en flèche malgré toutes les
promesses ministérielles. Ainsi, les hausses des prix des viandes rouges au mois
de juillet, selon l'Office national des statistiques, se sont établies à 12,21%
pour la viande ovine en juillet 2013 par rapport à la même période en 2012, et
de 14% pour la viande bovine en juillet 2013 par rapport à juillet 2012. Même
constat pour les viandes blanches puisque les consommateurs ont constaté une
hausse vertigineuse des prix depuis le début d'août, passant de 190 DA/kg à 400
DA, voire plus dans certaines régions du Sud. Cette augmentation était
prévisible d'après les professionnels du secteur vu qu'avec l'offre qui a
dépassé la demande lors du Ramadhan, le prix du poulet s'est effondré se
négociant aux alentours des 120 DA/kg. Sous l'effet de pertes importantes, la
plupart des aviculteurs ont abandonné l'activité en attendant des jours meilleurs.
L'autre facteur qui a influé sur les prix, c'est le refus des aviculteurs de
travailler en partenariat avec des sociétés nationales qui mettent pourtant à
leur disposition les poussins, l'aliment et assurent l'enlèvement des poulets
pour leur éviter les frais de transport, en plus de la garantie d'un prix fixe
de 180 DA/kg quelles que soient les fluctuations du marché, de peur de se faire
recenser et payer les impôts.