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Les KMS en voie de disparition

par A. Zerzouri

Les taxiphones sont passés de mode. «C'est une activité en plein déclin, vouée à une disparition pure et simple du paysage commercial dans les prochaines années», admettent plusieurs propriétaires de taxiphones. Après avoir vécu une période de faste durant les années 90, époque où les taxiphones ont poussé comme des champignons, leur activité a enregistré une baisse vertigineuse ces derniers temps, car rares sont ceux qui réalisent aujourd'hui encore des dividendes consistants dans ce commerce. «Autrefois, la clientèle se bousculait devant les cabines téléphoniques, chose qui me permettait de réaliser un chiffre d'affaires assez important, atteignant jusqu'à 12 millions (et plus) par mois. Hélas, maintenant c'est à peine si je boucle les trois millions à la fin du mois», avoue un gérant de taxiphone en plein centre-ville. D'autres, dont les taxiphones sont pourtant situés dans des endroits publics très fréquentés, comme la gare routière, réalisent difficilement mille dinars par jour. «Presque plus personne n'utilise aujourd'hui le téléphone fixe, c'est le boom des mobiles qui a tué ce vieux procédé de communication», lance-t-on à ce propos. D'ailleurs, le phénomène est reproduit dans les foyers, où le téléphone fixe ne sert plus qu'à l'utilisation d'Internet, et si ce n'est cette utilité technologique le téléphone fixe aurait totalement disparu du champ des télécommunications. Les taxiphones sont, donc, «dans la contrainte de s'adapter à ces nouvelles mutations», comme l'avouent les concernés. Ainsi, la plupart d'entre eux, ceux qui gardent encore boutique ouverte, maintiennent en fonction deux lignes fixes installées dans un coin retiré afin de «justifier» leur activité commerciale, mais en réalité la transformation est totale. Les taxiphones se sont convertis en kiosque multiservices. Rien n'est caché, car ouvertement, les taxiphones offrent à la vente tabacs, glaces, bonbons, stylos, cahiers, timbres fiscaux, boissons gazeuses, eau minérale, cosmétiques et le service «flexy». Bien évidemment, ce sont les recettes d'Algérie Télécom qui subissent du coup une chute drastique. Un cadre de cette société reconnaît que le taxiphone ne rapporte presque rien et les seuls clients sérieux qu'on gère aujourd'hui en matière de téléphonie fixe ce sont les «grands comptes», ou les lignes des grandes entreprises publiques.