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Du mauvais plat de la marmite nationale !

par El-Houari Dilmi

Les motifs de fierté étant si rares dans un pays qui se classe certes premier mais dans le mauvais sens, c'est-à-dire bon dernier en tout et pour tout, le peuple d'en bas en est encore à attendre de finir avec le mois du grand sommeil. En attendant, le temps semble comme arrêté, au point qu'à part les vacances prolongées qui vont s'étirer jusqu'au? réveillon, quoi se mettre sous la dent en attendant de régler son compte au mois de tous les soucis. Et à propos justement de ce mois « sabbatique » qui avance trop lentement, à part le couvre-feu, climatique celui-là, imposé à tous la journée durant, la « bonne nouvelle » vient de ceux en charge de la marmite nationale qui promettent que rien ne sera comme avant tant que le pays a du sang noir qui lui coule à flots dans ses grosses veines. Encore un classement peu commun: le pays des ex-PAP serait le premier pays au monde entier à dépenser autant d'oseille pour ceux qui n'en ont pas mais aussi pour ceux qui en ont par containers entiers. Peu importe si personne ne travaille, ni avec sa tête, ni encore moins avec ses neurones chloroformés, le pays n'en a cure : il offre de la torgnole à qui veut. Du blé trop tendre et peu « coûteux », il y en a pour tous, à condition d'éviter de se marcher sur les pieds les chaque 29 ou 30 du mois svp ! Ce pays est si prodigue à se crever le cœur qu'il a promis de chasser les tricheurs de tout poil, même s'ils font carême comme tout le monde. Ils seront, selon le ministre de l'alimentation générale, soumis à un matraquage de zone par des contrôleurs ubiquistes, eux-mêmes chargés de nous protéger de nos poches « essorées » contre les chipeurs en tous genres. Parce que tout le monde ne mange pas forcément par la bouche, comme tout le monde ne pourrait pas parler le même langage dans un pays qui n'use pas de la même langue, le petit peuple se retrouve (dé) coupé en morceaux et en rondelles dans la complexe généalogie de ce que d'aucuns appellent l'art peu raffiné de la « mangeaison ». Du bedonnant au freluquet, de l'émacié à l'anguleux, du ventriloque jusqu'aux estomacs (dé) vidés, de l'appétit léonin à la chair trop molle, des « rôteurs » de formation jusqu'aux mal empiffrés par vocation, il y a ceux qui bouffent avec vingt doigts collés les uns aux autres et ceux qui regardent dans le fond creux des assiettes ébréchées. En face d'eux, il y a la gent de ceux qui se sustentent au besoin, ceux qui becquettent par pur instinct de conservation, ceux qui ont appris à simplement ingérer ce qui est « mangeable » et les autres qui se suffisent de tout ce qui est à portée? de bouche? béante. Et comme le pain n'est pas mangé de la même manière par tous, il y a ceux qui l'ont sur la planche et assis à la même table que ceux qui le préfèrent cru. Il y a, aussi, qui ont le pain certes dur mais la dent aiguë. Juste en face de ces « khobzistes », pas comme les autres, il y ceux auxquels le pain faut à tel point qu'ils (re) vendent jusqu'à leur dernier croûton rassis ; d'autres ont les mains si noires qu'ils ne se rendent même pas compte qu'ils mangent du pain trop blanc et ceux qui dévorent leur blé sous le paletot. A tous ceux-là, la seule façon d'expier leur douze péchés capitaux, impossible à « laver », c'est de se placer à égale distance entre l'interdit et le haram, c'est-à-dire observer une grève du pain douze mois sur douze pour s'excuser de nous avoir fait prendre leurs pieds nickelés pour ? des mains baladeuses.. !