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Quinze à vingt ans de prison: Cinq condamnations dans l'affaire du Subutex

par Houari Saaïdia

La justice a rendu son verdict dans l'affaire du réseau de trafic de psychotropes et de cocaïne, plus connue sous le nom de l'affaire du Subutex. Trois peines de 20 ans d'emprisonnement et deux autres de 15 ans de prison ferme. Telle est la sentence du tribunal correctionnel d'Oran, qui a statué sur ce dossier traité dans le cadre de la procédure du flagrant délit. Un verdict qui n'a pas surpris du reste. Avant d'aborder le fond du dossier, le tribunal devait plancher sur des requêtes de forme présentées par la défense, dont une demande d'expertiser le produit médicamenteux saisi en possession des prévenus, l'élément matériel de l'infraction. Cette démarche paraissait d'autant plus comme une pure manœuvre dilatoire à seule fin de gagner du temps que le dossier transmis par le parquet au juge comprenait dès le départ ledit rapport établi par le Laboratoire régional de la police scientifique d'Oran. Il suffisait de (bien) consulter le dossier. Aussi, le tribunal a-t-il rejeté la demande de la défense.

Le démantèlement de ce groupe remonte au 23 novembre 2010, avec l'arrestation de S.M., 34 ans, matelot dans la compagnie maritime ENTMV. Dès le débarquement au port d'Oran du car-ferry en provenance de Marseille, ce membre de l'équipage de bord a été contrôlé «positif» par la douane, 294 comprimés de Subutex (médicament dont le principe actif est la «buprenorphine» ou la morphine, utilisé dans le traitement de la toxicomanie avancée, en cas de dépendance à l'héroïne et qui doit être dans un cadre très rigoureux et parallèlement à une véritable prise en charge) ayant été trouvés en sa détention, cachés sous un bandage au niveau de sa jambe, selon le rapport d'enquête de la PAF du port d'Oran. Une somme de 2.000 euros et quelques parquets de Marlboro ont été également saisis chez cet agent. Il a été aussitôt arrêté et transféré à la brigade antistupéfiants du commissariat central d'Oran.

 Il n'en fallait pas plus pour que le navigateur vide son sac. Il a donné les noms de ses complices, dont B.S.A., 31 ans, qui l'attendait à bord d'une Renault Symbol non loin du port. Celui-ci a été cueilli sur place. Les investigations ont révélé que ce réseau avait des ramifications en France, la filière fournisseurs, et d'autres en Algérie, principalement sur la corniche oranaise, la filière vente. L'enquête a révélé en outre que ce groupe s'adonnait au trafic de la drogue dure, notamment la cocaïne, qui était vendue à 10.000 DA le gramme, alors qu'un seul comprimé de Subutex 08 mg était cédé à? 2.000 DA. Au total, neuf personnes sont accusées dans cette affaire, dont des émigrés en Europe, parmi eux cinq arrêtés et placés sous mandat de dépôt.