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Transport: Le oui mais des taxis

par Mokhtaria Bensaâd

Un parc automobiles réduit avec la possibilité de location de véhicules, ces nouvelles dispositions prévues dans l'arrêté du 28 septembre 2009 modifiant l'arrêté du 8 août 1993 réglementant le transport effectué par taxi ont créé la surprise chez la corporation et rapproché le rêve de la réalité pour ceux qui veulent lancer des sociétés de taxis. Mais ces nouvelles dispositions d'allègement des conditions d'agrément des compagnies de taxis comportent, tout de même, des zones d'ombre qui méritent d'être éclaircies, selon les professionnels. Des changements qui ne peuvent être que positifs, estiment des sociétés de taxis et les syndicats des transports, mais qui ne risquent pas d'apporter une amélioration des prestations de services à voir les conditions de travail actuelles de la corporation.

 Les chauffeurs de taxis se sentent menacés dans leur profession avec l'arrivée des sociétés de taxis. Ces dernières, pour leur part, craignent de transformer le métier de taxi en vrai business avec la nouvelle mesure de location des véhicules. Les deux parties se battent en rangs dispersés pour un même but, celui d'éviter aux opérateurs de mettre la clé sous le paillasson. Pour les syndicats des transports, le SNTT et la section des transports de l'UGCAA, la corporation se porterait bien si les chauffeurs de taxis arrivaient à se constituer en groupes pour la création de sociétés de taxis en bénéficiant de facilités auprès des banques pour l'octroi de crédits bancaires et en réglant en partie le problème des licences d'exploitation de taxis qui ne sont actuellement délivrées que par le ministère des Moudjahidine.

 La société de taxis a, en effet, l'avantage d'activer avec plusieurs véhicules pour une seule licence. Mais pour créer ce consensus entre les professionnels et les convaincre de créer des SARL représentant des sociétés de taxis, la tâche s'avère difficile vue les divergences qui existent au sein de la corporation, explique le coordinateur national du SNTT. «La réduction du parc automobiles à dix véhicules minimum est un avantage qui ne trouve pas l'environnement adéquat pour l'exploiter », regrette le représentant du SNTT. Quant au président de la section transport de l'UGCAA, l'idéal aurait été de donner la priorité aux membres de la corporation qui ont des années de service dans le métier de créer des sociétés de taxis avec toutes les facilités possibles et d'ouvrir ce créneau aux nouveaux s'il y a déficit. « Or, c'est le contraire qui s'est produit, les anciens du métier se sentent actuellement menacés dans leur profession et on a fait appel à de nouveaux opérateurs pour la création de compagnies de taxis ». Plus désolant, souligne le même interlocuteur, est le retrait des lignes d'agrément pour les chauffeurs de taxis possédant des véhicules vétustes et qui étaient dans l'obligation de les renouveler. Mais une fois le délai prescrit dépassé, ils ont été radiés de la profession. Ils sont plus d'une centaine concernés par ce problème. La section de l'UGCAA est en train de les recenser pour voir comment récupérer leurs lignes d'agrément.

 Pour instaurer une nouvelle organisation dans le secteur, les syndicats plaident pour la création du conseil national du transport qui sera chargé de veiller au respect des lois, le suivi du plan de transport... Cependant, pour le représentant d'une société de taxis activant à Oran, les nouvelles mesures sont un plus mais le point sur la location des véhicules par les sociétés de taxis est une première qui n'a pas été assez détaillée. « Donner la possibilité à ces compagnies de louer des véhicules, c'est une chose positive. Toutefois, on se demande si au niveau des directions des transports, ces véhicules seront acceptés, puisque ne possédant pas les cartes violettes. La réglementation exige la présentation d'un véhicule en bonne et due forme mais, à défaut, quelle est la procédure pour pouvoir traiter avec les sociétés de location de voitures ? », s'interroge le même interlocuteur.

 Pour répondre aux accusations des chauffeurs de taxis et des usagers sur les défaillances de ces sociétés concernant les prestations de services et la concurrence déloyale qui s'est installée depuis leur mise en fonction, le représentant de la société réplique que « l'offre est supérieure à la demande et une société ne peut pas satisfaire tous les clients qui appellent un taxi. Mais notre travail est plus intense la nuit. A titre d'exemple, la société a assuré 7 accouchements dans ses véhicules et répond toujours présente pour les déplacements la nuit ». Concernant, d'autre part, l'application de ces nouvelles mesures, syndicats et société de taxis insistent sur le fait que la corporation n'a rien reçu d'officiel, jusqu'à présent, les informant des ces changements.