Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Chakib Khelil: L'Algérie favorable à une Opep du gaz

par Amine L.

Après avoir longtemps campé sur une position de réserve quant à l'idée de création d'une Opep du gaz, l'Algérie change de cap. «Nous sommes favorables à la création d'une Opep du gaz». C'est ce qu'a soutenu, avant-hier, le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil.

 «Le Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG) devait fonctionner non pas comme une entité politique mais plutôt comme une organisation économique, à l'image de l'Opep», a précisé le ministre dans un entretien au journal russe Expert Magazine. Le ministre répondait à une question relative à la position du gouvernement algérien concernant le projet de création d'une Opep du gaz.

 A signaler que la Russie et le Qatar soutiennent désormais ce projet. A rappeler aussi que ce dernier pays avait adopté des mêmes réserves avant de changer de position. Il faut dire que la rigidité du marché gazier, dont les ventes s'effectuent généralement via des contrats à long terme et par des gazoducs, rend peu utile une telle organisation. Chakib Khelil a d'ailleurs soutenu que «la création d'une telle organisation sera très compliquée car tant l'Algérie, la Russie que le Qatar sont signataires de contrats à long terme. Certains pays, dont l'Algérie, revendiquent la fin des contrats gaziers à long terme et militent pour des contrats de court et moyen termes, pour pouvoir adapter le prix du gaz à la demande du marché.

 Interrogé sur les cours actuels du gaz, le ministre a jugé le prix sur les marchés internationaux «injuste». M. Khelil s'est dit «favorable» à une redéfinition des méthodes de calcul de ces prix par les pays producteurs. «Le prix du gaz devrait se situer à un niveau deux fois plus élevé que son cours actuel», a soutenu M. Khelil.

 Questionné sur les critiques formulées par l'Opep à l'encontre de la Russie pour sa non-implication dans les efforts de stabilisation du marché pétrolier, le ministre n'a pas été tendre avec Moscou: «La Russie prétend à des relations particulières avec l'Opep qui impliquent le respect de certains engagements. La Russie devra respecter ses engagements et ne pas se comporter comme elle le fait actuellement».

 Sur le plan de la coopération entre les deux compagnies publiques Sonatrach et Gazprom, M. Khelil a évoqué «des difficultés rencontrées par le groupe algérien pour investir en Russie. «Gazprom a obtenu l'exploitation du bloc El-Assel. On aurait souhaité avoir, nous aussi, des opportunités similaires en Russie (...), mais investir en Russie c'est difficile», a-t-il relevé.

 Quant à la coopération énergétique avec l'UE, M. Khelil a dirigé des flèches à l'encontre de l'Europe : «Après les «décisions bizarres» prises par certains pays européens, l'Algérie «va réfléchir à deux fois avant de réaliser de nouveaux projets en Europe», citant à ce sujet la décision du gouvernement espagnol d'imposer une taxe sur le gaz qui va transiter par le Medgaz.

Par ailleurs, le ministre de l'Energie et des Mines, qui était en visite lundi dernier à Tissemsilt, a affirmé que l'Algérie présidera l'année prochaine le club des pays producteurs et exportateurs de gaz naturel. Le ministre a souligné que l'Algérie souhaite abriter une réunion de ce club en 2010.

 Dans la même année, l'Algérie accueillera la 16e édition de la conférence internationale du gaz liquéfié (LNG 16), une réunion prévue en avril prochain à Oran. Le club des pays producteurs et exportateurs de gaz se réunira le 9 décembre prochain à Doha (Qatar), pays qui abritera le secrétariat général du club. Créé à Moscou, ce club se donne pour mission de coordonner entre les pays producteurs et exportateurs du gaz et milite pour une meilleure stabilité du marché du gaz.

A rappeler que l'Algérie a ratifié l'accord de fonctionnement du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), selon un décret présidentiel publié au Journal officiel en juillet dernier. Cet accord a été conclu le 23 décembre 2008 à Moscou entre la Bolivie, l'Egypte, la Guinée Equatoriale, l'Iran, la Libye, le Nigéria, le Qatar, la Russie, Trinidad et Tobago et le Venezuela. Les pays signataires invitent le Brunei, l'Indonésie, la Malaisie, la Norvège, le Turkménistan et les Emirats Arabes Unis à signer l'accord et rejoindre le FPEG. L'accord conclu à Moscou donne au Forum « un statut juridique international et jouit des capacités juridiques nécessaires à la réalisation de ses objectifs et à l'exercice de ses fonctions. Les pays exportateurs de gaz discutent depuis plusieurs années de l'opportunité de créer une structure sur le même modèle que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour pouvoir peser sur le marché mondial du gaz, réguler les prix et éviter la concurrence entre les pays producteurs. Le développement du gaz naturel liquéfié (GNL) devrait à terme permettre aux pays gaziers de vendre directement et librement leur gaz sur le marché, d'une façon plus flexible.