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Lutte antiterroriste: La capitale sous haute surveillance

par Ghania Oukazi

Les barrages de police et de gendarmerie, déjà assez nombreux dans la capitale, ont connu ces derniers jours un renforcement impressionnant en effectifs, en véhicules et en contrôles.

Alger semble revivre ses funestes périodes des barricades à voir l'impressionnant dispositif sécuritaire mis ces derniers jours en place dans ses différents quartiers. Déjà assez visibles de par leur présence à chaque coin de rue, tout au long des autoroutes, les barrages de police et de gendarmerie ont été renforcés d'une manière importante au point de trouver une dizaine d'agents de sécurité à chaque point de contrôle. Il est fait état ces jours-ci de contrôle d'identité de citoyens notamment les jeunes au niveau des quartiers de la périphérie algéroise et même ceux à proximité du centre. Les habitants de Birkhadem, une localité située à l'ouest de la capitale, ont en effet remarqué qu'un grand nombre de jeunes, dans les cafés, ou assis simplement en groupe, se sont vus exiger leurs pièces d'identité. Ceux qui ne l'avaient pas étaient conduits au commissariat. Si ce genre d'interventions des services de sécurité est compté parmi celles dites de routine ou d'opérations «coups de poing», l'on rappelle qu'il y a longtemps qu'il n'y en a pas eu, du moins dans la capitale. L'on craint probablement un regain de violence en ces derniers jours de Ramadhan. Ou alors, l'on s'oblige à beaucoup plus de vigilance quand on se rappelle que l'attentat contre la représentation des Nations unies à Alger a été commis à cette période d'automne.

   Ce renforcement des dispositifs sécuritaires a été notamment observé mercredi dernier, tout au début de cette journée qui a coïncidé avec Leïlet El-Kadr, veillée du 27e jour de Ramadhan. Ce jour-là, le stationnement de véhicules a été interdit pratiquement dans toutes les ruelles menant aux grandes artères d'Alger. Le nombre de policiers semble a priori avoir doublé et même plus. Des voitures de sécurité sillonnaient la capitale et d'autres se sont positionnées en haut de ruelles qui pourtant n'influent en rien sur la grande circulation. C'était en évidence, des mesures de sécurité qui devaient être prises en prévision du déplacement du président de la République à la grande mosquée d'Alger où il devait assister à la cérémonie organisée à cette occasion. L'on se demande cependant, pourquoi ordre a été donné pour interdire le stationnement de véhicules dans des endroits par lesquels aucun officiel ne passe, encore moins le chef de l'Etat. L'on aura en effet vu placer les barrières en fer tout au long des ruelles donnant sur la rue Didouche Mourad. Nombreux sont les habitants de ces quartiers ou de simples passants, qui se sont interrogés sur l'utilité de ce branle-bas de combat. A tous, il leur a été répondu que le président de la République allait se déplacer le soir.

   Hier, la même agitation s'est emparée des services de sécurité. Les barricades ont été dressées dans plusieurs endroits. Du côté de la côte ouest d'Alger, la présence des services de gendarmerie s'est faite accrue. Beaucoup de leurs véhicules se sont apostés dans différents endroits pourtant proches les uns des autres. Dans l'intersection jouxtant la forêt de Sidi Fredj, deux voitures de gendarmes sont garées avec à côté des éléments de la brigade mobile sans compter d'autres du même corps qui font des randonnées dans les parages. Des contrôles minutieux sont menés auprès des véhicules de transport de marchandises y compris auprès des vendeurs ambulants. Des gendarmes sont aussi en faction au niveau des ponts qui traversent les autoroutes de l'Algérois. Cet autre renforcement de la sécurité se fait en prévision de la célébration de l'Aïd El-Fitr et parce que Bouteflika va se rendre à la mosquée pour la prière du matin. L'on se rappelle que l'année dernière, la place des Martyrs a été encerclée par les agents des services de sécurité qui ont même empêché les habitants de sortir ou de circuler librement hors de leur domicile. A l'intérieur de la mosquée, les fidèles, disait-on, n'avaient rien de tels. Ils étaient tous jeunes, bruns, habillés sobrement et l'oeil vigilant.

   Ce n'était certainement pas un hasard que l'on voit des personnes assister à la prière en gardant les lunettes de soleil. L'on a déduit que c'étaient les jeunes recrues des services de sécurité à qui il a été demandé d'encadrer l'enceinte où devait se trouver le président. Des sources sécuritaires affirment qu'aux alentours de la mi-Ramadhan, une bombe a été désamorcée dans le parc de Tafourah, situé en plein centre d'Alger et abritant les stations des transports en commun. De pareilles informations donnent froid dans le dos.

   Les dispositifs sécuritaires jusque-là mis en place ne semblent pas cependant impressionner les délinquants qui, en ce mois de piété, ont augmenté leurs forfaits. Leur dernière trouvaille, marcher au milieu de l'autoroute pour cibler la voiture la plus facile à attaquer. L'on affirme que ce sont en général les voitures conduites par des femmes qui sont le plus exposées à cette criminalité. Jeudi dernier, sur la route menant à Rouiba, des femmes dans une voiture se sont vues attaquées par un groupe de délinquants qui les ont délestées de tous leurs objets de valeur pour disparaître après dans la nature. Des automobilistes ont cru bon de le signaler au barrage de gendarmerie le plus proche. «Nous sommes au courant, il n'y a pas que vous qui êtes venus nous le dire, beaucoup de monde nous ont signalé la présence d'agresseurs qui se cachent derrière le talus à quelques mètres de la route, pour sévir sur l'autoroute au moment qu'ils jugent opportun», leur a répondu un des gendarmes.