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Tipaza: Sur un air andalou

par L. Houari

Le week-end avait vu la clôture du Colloque international sur la musique andalouse, organisé sous le patronage de Madame la ministre de la Culture, par l'Association musicale et culturelle El-Kaisaria.

Cette importante manifestation culturelle, rappelons-le, s'est déroulée au niveau du complexe touristique «La Corne d'or» de Tipaza du 16 au 19 juin 2009. Toujours à titre de rappel, nous avons vu la participation des ensembles régionaux d'Alger, de Constantine, d'Alger et de Tlemcen, ainsi que les troupes maghrébines de Tunisie, et du Maroc.

La clôture de cet évènement continental a été surtout marquée par la prestation majestueuse de l'ethnomusicologue algérien Rachid Guerbas, lors de cette finale. D'ailleurs, son entrée spectaculaire pour rejoindre l'orchestre fut longuement ovationné par une foule debout, qui donnait la mesure de la célébrité de ce chef d'orchestre de l'ensemble maghrébin de musique andalouse. Rachid Guerbas que nous avons longuement interviewé, dirige l'ensemble Albaycin de musique arabo-andalouse. Ce passionné de mysticisme a réussi la prouesse de mettre en musique des poèmes Soufis. Rappelons par ailleurs qu'il dispense un enseignement musical à l'Ecole nationale de Musique de Bourges.

Rachid Guerbas, lors de la clôture de ce colloque de musique andalouse, orchestrait, avec le regard et le mouvement alternatif du Rebab, qu'il manipulait à merveille. Ce spécialiste de la guitare a étudié la composition avec Maurice Ohanna, le maître de la composition du 20ème siècle. Il démontra à l'assistance très acquise à l'Andalou. Qu'il est le digne héritier de Mohammed Khaznadji et de son maître Dahmane Benachour.

Mais, c'est la formation marocaine, sous la houlette de Hadj Ahmed Piro, un pionnier et virtuose originaire de Rabat, un maître de la musique andalouse gharnatie et grand ami du défunt Samy Al Magharibi qui avait impressionné l'assistance. Les mélomanes présents ont surtout apprécié Ronda Bahaa, une élève du maître Hadj Ahmed Piro. Cette chanteuse est une initiée au Melhoun et au chant arabo-andalou et gharnati. Elle sera présente à Toulouse le 27 juin 2009, accompagnée de Françoise Atlan une autre musicologue experte en piano et en Aoud, ainsi que du Maître Hadj Ahmed Piro, le pionnier de la musique gharnatie.

Précisons à ce titre que Ronda Bahaa, elle-même spécialiste du chant gharnati, a bercé l'assistance de Tipaza, très acquise à la musique arabo-andalouse.

Cette formation marocaine comportait en son sein, des virtuoses de renom à l'instar de Mohammed Amine Debbi, un expert en Tar, et musicologue célèbre, qui avait animé une conférence concernant la problématique de la classification Modale de la Nouba Marocaine. Cheikh Debbi, questionné par nos soins sur la nature de la problématique qu'il avait évoquée lors de cette conférence, nous avait précisé que «cela reste surtout lié au mode de préservation du patrimoine musicale à travers les siècles par les générations maghrébines, particulièrement en l'absence d'instruments et moyens d'enregistrement».

Mais, ce fut la voix roucoulante de la tunisienne Syrine Benmoussa, experte en Aoud et en Malouf et ses dérivés, qui enivra l'assistance de Tipaza. Cette musicologue, comme elle se plaisait à nous l'affirmer, nous déclarait qu'elle est une habituée des grandes manifestations culturelles andalouses algériennes, où elle est toujours conviée.

Syrine Ben Moussa, la digne héritière du maître du Malouf tunisien, Tahar Gharsa, maîtrise les secrets de la composition et reste la légataire consacrée du maître Tahar Gharsi.

Les ensembles régionaux algériens se sont surtout fait apprécier en compagnie de l'étoile montante de la musique andalouse, la majestueuse Hania Bakhti, une autre experte en Aoud, qui, assise derrière Ronda Bahaa, lui donnait la mesure avec le retentissement mélodieux de son instrument.

Mais ce fut la prodigieuse Chabni Nousra qui fut aussi talentueuse dans ses rythmes avec Cheikh Amine Debbi, qui l'accompagnait au Tar en accentuant la mesure avec le bruit métallique de son instrument. Ce bel ensemble évoluait cependant sous l'oeil critique du Maître algérois de l'andalou, Chikh Smail Hakem, assis de l'autre côté de la scène, face à Rachid Guerbas, qui semblait lui dire dans le roucoulement de son Rebab et du mouvement de sa tête : «Cheikh Smail, qu'en pensez-vous ?».