Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'écran de fumée diplomatique

par Kharroubi Habib

Les médias occidentaux, en majorité acquis à la cause sioniste, ont beau occulter les scènes d'horreur qui se déroulent dans la bande de Ghaza, le monde entier a néanmoins pris conscience qu'Israël est en train de commettre là un effroyable et gigantesque crime contre l'humanité. D'où la multiplication des manifestation d'indignation et de réprobation qui s'expriment partout, sommant les gouvernants et les institutions internationales à agir pour faire cesser le carnage.

Sous la pression de cette exigence populaire universelle, ceux-ci font mine de l'accompagner. Les uns en réclamant un cessez-le-feu immédiat, d'autres en lançant des initiatives diplomatiques censées rechercher la réalisation de cet objectif. Il ne faut pourtant pas se leurrer sur la volonté de ceux-ci et de cela à agir avec la détermination qu'il faut pour faire cesser immédiatement le massacre dont est victime le peuple palestinien à Ghaza. Cela pour la raison que les plus puissants de ces acteurs internationaux approuvent ouvertement ou sournoisement l'action criminelle d'Israël.

C'est le cynisme le plus abject qui, en ces moments horribles pour le peuple palestinien, se donne libre cours dans les chancelleries et le milieu diplomatique international. Ceux des Etats-Unis qui, par exemple, appellent à l'arrêt des hostilités mais empêchent le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution contraignante dans ce sens. L'Union européenne n'est pas plus franche dans son positionnement. Au point que l'on ne sait quelle est son attitude tant sont contradictoires les déclarations des plus influents de ses membres. Qui en effet de la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Espagne ou la Tchéquie parle et agit en son nom ?

Est-ce Paris qui, après avoir défendu le bien-fondé de l'agression aérienne israélienne, condamne l'offensive terrestre, et dont le président de la République, agissant en solo, s'avise de jouer le médiateur sans que l'on sache ce qu'il entend proposer aux uns et aux autres ? Ou Berlin, dont la chancelière soutient sans équivoque le point de vue israélien et l'agression qui en a découlé ? Ou alors Prague qui, assumant la présidence en exercice de l'Union, considère que cette agression sioniste est un acte d'autodéfense ?

Et c'est à cette Union européenne, dont la position est on ne peut plus ambiguë, mais partiellement pro-israélienne, que la Ligue arabe demande son intervention en faveur du peuple palestinien.

Si l'Union européenne, les gouvernements arabes et d'autres, contraints par les pressions de leurs opinions nationales respectives, font mine de bouger pour activer la recherche d'un montage diplomatique qui mettrait fin à la tragédie sanglante se jouant à Ghaza, il faut rester sceptique sur la sincérité de leurs intentions. Tous ou presque manoeuvrent en effet de telle sorte que l'Etat hébreu dispose du temps nécessaire d'atteindre l'objectif auquel ils souscrivent tous : l'éradication définitive du Hamas.

Que ce but soit atteint sur des monceaux de cadavres d'hommes, de femmes, de vieillards et d'enfants innocents, n'est pas pour les empêcher de dormir. L'agitation diplomatique dont ils sont les protagonistes n'est rien d'autre que l'écran de fumée qui masque cette horrible détermination.