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Qui seront les futurs walis ?

par El Yazid Dib

Eh oui, ça se bouscule dès maintenant. Ils sont déjà tapis à l'ombre de la sainteté de ce « dieu » de l'ancien intérieur en perte d'aura, ce faiseur de faux demi-dieux. . Ne lui vouaient-ils pas toute dévotion façadière sans croyance ni foi ? Ils seront des walis un jour ou l'autre. Eux ou certains autres.

Plus de va-et-vient

Un mouvement de walis en passe certainement de survenir incessamment, à termes plus ou moins courts, devrait s'inscrire dans le sillage des scandales qui pestent là et ailleurs, mais aussi pour renouveler tout le cheptel gouvernant localement et en droite disjonction avec les recommandés, les parrainés, les complaisants et les entremis du système. La pratique du pouvoir n'est pas toujours l'expression du système. Toutefois l'illusion que donne le pouvoir, apparaît à l'évidence comme une force agissante et réelle. Dans sa rotation dynamique le système, certes crée par l'illusion, le pouvoir et le fait exercer par des entités institutionnelles. Parmi ces adepte-artisans, le corps des walis fait figure de proue. Plein de controverses, il suscite l'admiration de tous comme il suggère l'ambition auprès de tant d'administrateurs. Devenir wali serait devenu dans le subconscient des gens du domaine l'apothéose de la réussite sociale. Une intronisation dans les sphères de la raison d'Etat. Malgré l'acidité du commentaire déversée à leur encontre, les walis ne sont-ils pas quelque part les otages d'un système qu'ils contribuent eux-mêmes à en renforcer la clôture ? Ils sont à la devanture de tout l'étalage de la puissance publique. Ils sont la source de pouvoir la plus sollicitée. Pour un oui ou pour un non. Ils incarnent bon gré mal gré, la résolution miraculeuse à toute impasse, la solution à tout problème, la cause de la dégradation du cadre de vie, les détracteurs du foncier, les rétentionnaires des lots. Ils sont enfin le mal et le bien du pays.

On verra certainement, certains partir et d'autres, heureux arriver. Ce sont ceux qui vont venir qu'il faudrait bien ajuster le masticage de leur profil. Ils seront en toute certitude puisés du corps des secrétaires généraux, de directeurs de wilaya ou de chef de daïra. Comme d'habitude dirait l'autre. Un peu dans le « entre-nous ». Une question à deux sous puisque nous y sommes dans le noyau de la thématique : qui était derrière la nomination de ces personnels durant au moins les 5 dernières années ? Tout le monde dans ce p'tit monde de l'administration locale sait le comment procédural, le comment devient-on un tel, le savoir-attendre. Alors, bien de cadres non agencés dans l'estime du « dieu » et ses des privilèges, car indifférents et sans ancrage divin sont des décennies assis au poste initial.

Restez ce que vous étiez

Le pire ennemi du wali pourrait être sa personne. Son ego. Son orgueil. L'aveuglement et l'oubli qui frappent certains ne sont en fait qu'une distanciation d'un passé qu'ils redoutent encore. Ils ne savent pas pouvoir distinguer les nuances humaines. Ils subissent une pathologie qu'expliqueraient, par subconscience, un refus de certains repères et un défaut d'assurance en soi. L'ascension baroque de certains personnages insipides et ombrageux les fait immédiatement tournoyer la tête pour prendre des allures si comme ils sont nés walis. Cette pathologie de l'oubli à bon escient se diagnostique dans la fouille d'un passé que l'on refuse, que l'on tente de ne pas recouvrer, peut-être toujours pas bon à s'en rappeler. Elle va plus loin ; dans un commencement de transhumance familiale, un début professionnel malmené, un bureau réduit et barré et un chef gueulard et impérieux. Le déni des siens, l'exclusion d'une tranche de vie et l'hyper-orgueil ne sont pas les ingrédients indispensables d'une bonne recette pour une bonne gouvernance ou une sereine vie.

L'Algérie a besoin non pas de carriéristes qui n'ont de pêche que d'enjoliver une trajectoire le plus souvent insignifiante, mais de « fennecs » administratifs qui ne se leurrent pas aux premières lueurs de ce qu'ils prennent pour un radieux avenir , qui n'ont nul fil à la patte, nulle oreillette sauf l'exploit, la patrie, l'abnégation, la compétence et le savoir continuer à être humble. Ils est de ces gens de l'espèce, walis qu'ils sont ; qui ont perdu leur citoyenneté pour l'avoir volontiers troquée contre un uniforme mal porté, un poste mal assumé. Ils s'oublient à se considérer comme simples individus et jouissent à jouer le rôle de Monsieur le wali.

Ayez cette faculté d'écouter, d'observer en silence et en toute modestie ceux pour qui vous êtes là. Faites l'impossible pour combattre l'ego qui peut habiter certains d'entre vous et pensez à ce jour où vous serez comme tant d'autres débarqués. Si vous vivez là une tranche de carrière, croyez également que celle-ci n'est que dérisoire, précaire et révocable à tout moment. Rêve ou cauchemar ; c'est à vous seuls d'en faire l'un ou l'autre.

Qui par principe va être wali ?

C'est aussi clair. L'on nous dira qu'il faut les puiser de la pépinière des collectivités locales. Qu'ils doivent avoir le profil adéquat. Mais ce « profil » a été de tout temps, un profil d'obédience à la limite de l'obséquiosité et de la « loyauté » envers non pas l'Etat mais la personne qui les a boostés. L'on a qu'à constater certains walis actuels mis sur orbite ces dernières années où la proximité avec leur « nominateur » est moins lamentable que la situation dans laquelle ils ont fait choir leur population. Ainsi dans l'attente du prochain redéploiement, l'on doit dès à présent retenir de la part de ceux qui vont faire l'Etat au niveau local du cran et du punch sans parade ni maquillage. Ils doivent être sincères face à leur conscience et ne pas prendre cette mission pour une promotion. Bien au contraire les choses ne doivent plus être comme avant.

La façon de gérer est à changer. L'approche citoyenne aussi. Pourquoi tout ce protocole et tintamarre quand le wali sort voir « ses chantiers » ? Tout comme la torpeur, l'engourdissement et l'assoupissement vont aléatoirement venir garnir la tête de certains qui se disent et se voient promouvables. Genre de ces osés qui ont été à la faveur du « dieu » de l'intérieur sans passer par les étapes de la locale ; directement nommés secrétaires généraux ou autres. Le « parapluie » est toujours là pour leur rappeler leur fonction initiale. L'on verra mal l'un de ces secrétaires généraux n'ayant pas connu ni le statut de chef de service, ni de chef de daïra. A la faveur du hirak, il est nécessaire de faire recommencer les mêmes noms ou faire rappeler ceux qui ont eu déjà à marquer leur passage par de la médiocrité et de la désinvolture. Les sourcilleux, ceux qui ont dépassé la bienséance verbale et se sont faits connaitre par l'arrogance, l'audace et les mauvais défis. En somme plus d'anciens walis ! Il y a des jeunes neufs, neutres dans tous les secteurs ayant pignon sur wilaya, qu'il faudrait encourager et mettre sur la sellette, sans nul parrainage. Seul leur mérite, leur virginité fonctionnelle prennent soin de s'élever comme critères favorablement sélectifs.

La responsabilité de Dahmoune

Enfin, que l'autorité ayant pouvoir de no-mination puisse ne pas faire ce mouvement sur propositions du premier ministre en phase d'agonie, sinon il ne sera qu'un bis repetita, un prolongement silencieux et en sourdine du régime décrié. Toutefois Dahmoune, s'il veut gagner de l'honneur peut, voire doit s'affranchir de tout suivisme. Il devra faire éviter ce qui se faisait jusqu'à présent comme copinage, amitié commune, croisement de carrières et liaisons influentes pour ne laisser que brio et mérite à même de gérer ce corps, hélas en pleine dégradation. Rompre les liens de caution suspecte existants et couper les anciennes connaissances, ne feront que donner un nouvel air pour une nouvelle république. Dahmoune est dans l'obligation morale d'un salut républicain de devoir déraciner les mauvaises herbes semées là et ailleurs par ce que tout le monde sait. Il devra aussi prendre la faucille pour étêter toutes ces graines contrefaites qui n'ont aucun suc et ainsi permettre un nouveau paysage à la tête de chaque wilaya.

Attendons pour voir.