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Ça repart dans la protestation à SNVI Rouiba

par Kharroubi Habib

On croyait la SNVI de Rouiba remise sur les rails après que l'Etat eut procédé à son assainissement financier et fait passer commande d'acquisitions consistantes auprès d'elle par certains de ses démembrements. Il apparaît qu'il n'en est rien et que la situation de ce «fleuron» historique de l'industrie algérienne n'est guère reluisante. C'est en tout cas ce que dénoncent ses travailleurs qui ont renoué avec la contestation et la protestation au motif que leurs salaires ne leur auraient pas été versés depuis des mois.

La difficulté de trésorerie de la SNVI qui serait à l'origine du non paiement des salaires, les travailleurs grévistes l'imputent à une gestion aléatoire de l'entreprise qui ne lui a pas permis d'opérer le redressement de sa situation en devenant performante et apte à faire face à la concurrence dans son secteur de production. C'est pourtant cette SNVI que les autorités se plaisent à présenter comme la vitrine du renouveau industriel algérien et font visiter aux chefs d'Etat en visite dans le pays. En descendant dans la rue pour revendiquer le paiement de leurs salaires, les travailleurs de la SNVI ont écorné le mythe de leur entreprise redevenue prétendument locomotive du développement industriel censé être au cœur de la stratégie économique du pouvoir.

L'on sait le collectif de cette entreprise très combatif quand il pressent que des gestions menacent sa pérennité. Ce qu'il reproche à celle qui a conduit à la situation présente de la SNVI. Et sa dénonciation prend allure d'accusation. Si leur entreprise en arrive à « rater » l'opportunité de son redressement malgré les aides et autres soutiens accordés par l'Etat, cela est confirmation pour ses travailleurs que sa disqualification en tant qu'entreprise publique performante est toujours d'actualité pour les tenants de l'économie ultralibérale auxquels cette gestion aléatoire qui y règne donne prétexte pour faire valoir qu'il n'y a rien à attendre de concluant de cette entité industrielle tant qu'elle sera sous statut publique.

La protesta des travailleurs de la SNVI est d'autant à suivre qu'elle s'accompagne de la contestation de dispositions contenues dans la controversée loi de finances 2016 que vient de voter l'APN leur étant apparue comme faisant porte ouverte à une relance des privatisations et en estiment leur entreprise entre autres menacée.

Le collectif de la SNVI est le fer de lance de la combativité syndicale en zone industrielle de Rouiba, la plus importante du genre dans le pays. Il a de ce fait une capacité à mobiliser autour de lui et à canaliser le mécontentement social et l'appréhension qui règne en cette zone au sein des autres collectifs du secteur public. D'autant que la situation économique plombée par les effets de la crise financière que connaît le pays ne fait qu'exacerber ce mécontentement et confirmer les appréhensions. Quand Rouiba bouge, cela a toujours été mauvais signe pour les gouvernants en place. Le coup de colère des travailleurs de la SNVI pourrait bien être le déclencheur d'une protesta d'une autre envergure. Les autorités ne s'y sont pas trompées et ont dépêché d'impressionnantes forces de sécurité sur les lieux.