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Une disposition assommée et désillusionnée

par Kharroubi Habib

Des opposants qui fustigent avec le plus de véhémence le premier patron de l'institution militaire en l'accusant d'avoir impliqué celle-ci aux côtés d'un clan du pouvoir en ayant adressé une lettre de félicitations pour son élection à Amar Saadani totalement inféodé à celui-ci, ont été les plus ardents partisans et chantres de l'intervention des militaires dans la vie politique au prétexte que le pouvoir en place était devenu autiste et coupable de dérives entraînant le risque d'implosion pour le pays, ils n'ont eu de cesse d'en appeler à l'armée pour qu'elle mette fin à la situation. D'aucuns lui ont crûment suggéré de procéder à un coup d'Etat, à ceux qui ont tenté de leur faire valoir que leurs appels sont une incongruité de la part d'acteurs politiques qui reconnaissent par ailleurs que l'institution militaire est le pilier porteur du système et pouvoir contre lesquels ils combattent. Ils ont intimé d'avoir à réviser la perception prétendument négative qu'ils ont au rôle joué par cette institution à des moments antérieurs dans la vie politique nationale.

La lettre de félicitations adressée par Gaïd Salah à Amar Saadani les a littéralement assommés car elle prouve que le premier responsable de l'institution militaire a pris acte de leurs appels à l'impliquer celle-ci dans les affaires politiques qui font débat et confrontation sur la scène politique nationale. Mais pas dans le sens qu'ils attendaient. Les cris d'orfraie qu'ils font entendre suite à cela ne les exonèrent pas d'avoir réclamé l'intervention de l'armée et ce faisant démontré qu'ils ne sont pas contre fondamentalement quelle qu'en soit la raison qui tendrait à la justifier. Ils auraient sans aucun doute applaudi que Gaïd Salah implique l'ANP dans les scénarios échafaudés par eux pour en finir avec le pouvoir en place. Ils dénoncent et fustigent parce qu'il en a décidé autrement.

Il est a espérer que ces milieux en ont fini avec l'illusion que l'institution militaire serait au-dessus des contingences politiques et se tiendrait à équidistance des camps qui visent à la conservation du pouvoir et de ceux qui cherchent à le déloger. Gaïd Salah a eu la franchise d'étaler son choix en donnant sa caution à Amar Saadani. Mais est-ce une surprise de sa part sachant qu'il roule depuis sa nomination à la tête de l'institution militaire il exprime ouvertement son soutien au clan du pouvoir qui a programmé et orchestré l'accession de Saadani à la tête du FLN. Les choses sont on ne peut plus claires, Gaïd Salah a engagé l'institution qu'il dirige dans le camp où se situe Amar Saadani. L'opposition ferait preuve d'un aveuglement total en pariant sur la fiction que son acte va faire des vagues au sein de l'armée et en attendre qu'elles vont susciter un rapport de force en interne qui lui fera abandonner son alignement partisan. C'en serait un encore plus pitoyable si elle persiste à voir en Bouteflika et en son clan le problème dont la révolution dénouerait la crise nationale. Il font certes partie du problème mais encore plus qu'eux l'institution qui leur a ouvert les portes du pouvoir et cautionné leur plan pour s'y incruster indéfiniment. L'opposition se doit désormais d'appeler « un chat un chat » et de parler et d'agir en conséquence.