Tous les acteurs politiques de n'importe quel bord ne se décident pas une bonne fois pour toutes de descendre de leur nuage. La provocation, la vindicte et même l'insulte sont devenues une monnaie courante distribuée avec allégresse dans un espace réduit qui n'est pas celui des vraies préoccupations de la majorité des Algériens. Un infantilisme féroce est présenté avec une inconséquence inouïe par des castes opposées pourtant hier encore unies. Au nom d'un égoïsme certain et d'ambitions décousues, les tenants de trop petites et puériles manœuvres politicardes ont fini par installer une profonde lassitude dans le pays. Les assertions et les discours de ceux qui nous dirigent et de ceux qui leur sont opposés infligent à tout un peuple un découragement à toute épreuve pas du tout séduit par de faux oracles qui dénoncent ce qu'ils ont eux-mêmes construit.

Les faits sont têtus et l'Histoire du pays a toujours un malin plaisir à les retenir. Elle n'oublie pas qu'Abdelaziz Bouteflika ne s'est pas fait seul et elle n'occulte pas les complicités d'hier quand les compromissions d'un large pan d'une classe politique assurément virtuelle battaient le pavé qui la confortait pour qu'elle crache aujourd'hui dans l'assiette qui l'a nourrie.

Les Algériens sont éreintés. Fatigués de voir leur destin commun pris en otage en permanence par des passes d'armes étroites au moment où l'Humanité défigurée exige une responsabilité plus haute pour répondre à des défis inconnus jusqu'ici.

Ce qui reste du pouvoir et ceux qui se sont vêtus des habits de l'opposition ont cependant fondamentalement raison sur une chose. L'Algérie va à la dérive. Non pas tant à cause des innombrables turbulences sociales qui la secouent, ni même à cause de la montée des périls à ses frontières, parce qu'il est très aisé d'affirmer on efface tout et on recommence. Mais c'est bien parce qu'elle n'a pas su depuis son indépendance se pourvoir avec une suffisante intelligence d'attributs nécessaires pour se projeter au niveau des pays qui avancent.

Les difficultés à venir dans un monde totalement bouleversé sont multiples et les recettes pour les résoudre exigent de bien plus larges posologies que l'échauffourée des discours et des mots, aussi justifiés qu'ils soient. Des uns comme des autres. C'est d'un exorcisme profond dont le peuple algérien a besoin pour donner à la maturité et à la responsabilité leurs sens les plus nobles. S'attrister devant les états effarants des lieux pour la majorité de la population traumatisée n'est pas un acte de neutralité. Il est d'abord espoir et attente d'une sagesse et d'une sérénité très fortement recommandées.