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Obama à la recherche d'un succès diplomatique

par Kharroubi Habib

Dans son propre pays, Barack Obama est confronté à une flambée de mécontentement populaire qui écorne sérieusement sa cote de popularité et, du même coup, sa crédibilité. Les raisons à cela sont, d'une part, l'opposition que soulève son projet de réforme de la couverture sociale au sein d'une partie de la société américaine, de l'autre, la peu probante efficacité du plan de sauvetage de l'économie nationale qu'il a mis en oeuvre en accédant à la présidence du pays.

 Comme tout chef d'Etat qui est dans ce genre de situation, Barack Obama a recours à la diversion, qu'il recherche manifestement dans le succès diplomatique que pourrait lui valoir la rencontre sous son égide du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. C'est ce que George Mitchell, son envoyé spécial pour le Moyen-Orient, a cherché à rendre possible au cours de la navette qu'il vient d'effectuer dans la région.

 Le résultat des entretiens que l'envoyé du Président américain a eus avec les deux concernés n'augure pas la faisabilité de la rencontre projetée par Barack Obama. La démarche de George Mitchell a buté en effet sur la problématique de l'arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie et dans la partie Est de Jérusalem, qui est le préalable non discutable mis par l'Autorité palestinienne à sa reprise des négociations de paix avec le gouvernement de Netanyahu, ce que refuse celui-ci.

 Pour que cette position de l'Etat sioniste n'apparaisse pas comme l'obstacle de la rencontre voulue par le président Obama et, par voie de conséquence, à l'avancée vers une reprise du dialogue israélo-palestinien que celui-ci prône, Benjamin Netanyahu a usé du subterfuge consistant à se déclarer d'accord pour le gel partiel et temporaire de la colonisation.

 L'échappatoire à laquelle se raccroche le Premier ministre israélien a pour objectif de laisser croire aux Palestiniens et à la communauté internationale que la position de Tel-Aviv en cette affaire est flexible et donc susceptible d'évolution positive si elle est acceptée comme base d'accord à la reprise des négociations israélo-palestiniennes. Elle a aussi celui de vouloir donner l'image d'un Benjamin Netanyahu qui ne serait pas viscéralement fermé à l'exigence internationale de l'arrêt total de la colonisation, mais contraint de ne faire aucun engagement sur le sujet pour maintenir l'unité de la coalition dont est issue son gouvernement. En somme, qu'il a besoin que les Palestiniens et la communauté internationale acceptent comme une étape positive sa proposition de gel partiel et temporaire de la colonisation.

 Un acquiescement allant dans ce sens, palestinien ou international, équivaudrait à conforter l'entêtement israélien à ne pas reconnaître que la colonisation est la cause principale du blocage du processus de paix. L'erreur pour Obama consisterait à se contenter de la proposition du Premier ministre israélien et à demander aux Palestiniens de l'admettre.

 Le président des Etats-Unis peut-il, sans se décrédibiliser cette fois internationalement, reprendre à son compte la «concession» formulée par Netanyahu après lui avoir demandé l'arrêt pur et simple de cette colonisation ? Cela d'autant qu'il sait que le Premier ministre israélien a pour stratégie et calcul de «savonner le terrain» sous ses pieds pour que la politique d'intervention américaine active menée par lui ne procure aucun succès diplomatique aux Etats-Unis, donc susceptible de redresser sa cote de popularité.

 Une reculade de ce genre de la part d'Obama ruinerait en tout cas le capital confiance qu'il a suscité au sein des opinions palestinienne et arabe.