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peut oublier les admonestations adressées par l'administration Bush à Hans
Blix, coupable de ne pas soutenir le projet de guerre contre l'Irak d'arguments
estampillés AIEA. Les accusations lancées par Israël et la France contre
l'actuel patron de l'AIEA, Mohamed El-Baradeï, ne sont guère différentes. Les
va-t-en-guerre ont besoin que l'AIEA dise ce qu'ils veulent entendre, quitte à
accuser l'AIEA de dissimuler des preuves. Ils souhaiteraient que l'agence se départît
d'un minimum de prudence et qu'elle avalise toutes les «preuves» qui lui sont
transmises par les services occidentaux. Il ne manquerait plus que l'AIEA
affirme qu'il faut à peine 45 minutes pour que l'Iran déploie ses armes
nucléaires, comme l'avait affirmé impudemment pour l'Irak l'ancien Premier
ministre britannique Tony Blair.
Outre Israël et M. Kouchner, des «sources», non identifiées, ont relayé les accusations contre El-Baradeï. Or, celui-ci, tout en étant critique à l'égard de l'Iran, sait que des documents bidonnés et falsifiés sont soumis à l'agence sans qu'elle puisse d'ailleurs en connaître les originaux. L'Iran a d'ailleurs dénoncé des documents falsifiés remis par les Etats-Unis à l'AIEA. Mohamed El-Baradeï a eu le tort de casser l'effort de propagande guerrière en déclarant à la revue spécialisée «Bulletin of Atomic Scientists» qu'on exagère le risque iranien. « D'une certaine façon, je pense que le risque a été exagéré. Il y a une inquiétude au sujet de ses intentions futures et ce pays doit être plus transparent avec l'AIEA et la communauté internationale. Mais l'idée que l'on va se réveiller demain et que Téhéran disposera d'une arme nucléaire, voilà une idée qui n'est pas étayée par les faits tels que nous les connaissons». Il manquait des «annexes» dans le rapport, a affirmé Bernard Kouchner, ministre français des Affaires étrangères, qui était en 2003 un partisan actif de la guerre contre l'Irak. Avait-il eu entre les mains en 2003 des «annexes» prouvant que l'Irak avait les ADM ? On sait bien qu'il n'en est rien. Et que ce fut une forfaiture absolue que même Colin Powell a considérée comme une «tache» dans sa carrière. Les choses ont tendance à se répéter. Avec une arrogance certaine, les Occidentaux exigent d'être crus sur parole... Comme si la fable des armes de destruction massive de Saddam Hussein et ses conséquences guerrières n'étaient que des broutilles. La presse occidentale fonctionne sur le postulat que l'Iran ment et que les dirigeants occidentaux et israéliens ne disent que la vérité. C'est grossier et intenable. La Russie, qui a défendu «les compétences et le professionnalisme de M. El-Baradeï», tente de maintenir un équilibre pour chercher une solution qui rassure les Occidentaux, sans enlever aux Iraniens leur droit au nucléaire. Cela suppose que l'on cherche réellement à négocier et non à faire «plier» le régime iranien. Les nouvelles discussions qui vont être entamées entre l'Iran et les 5 membres du Conseil de sécurité ainsi que l'Allemagne auront peu de chances d'aboutir si leur objectif est de faire renoncer l'Iran à son programme nucléaire. L'imam Khameneï l'a de nouveau réaffirmé. Si l'objectif est d'avoir des garanties raisonnables sur le caractère strictement civil du programme, les discussions peuvent aboutir. A condition que les politiques prennent le dessus sur les va-t-en-guerre. |
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