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Ghaza: Plus de 30.000 morts et 71.500 blessés

par Mohamed Mehdi

Au 148e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, le nombre de victimes s'est élevé, hier, à 30.320 martyrs et 71.533 blessés, a indiqué le ministère de la Santé de l'enclave assiégée, ajoutant que l'occupation a commis, durant la journée de vendredi, 10 massacres faisant 92 martyrs et 156 blessés. Hier, l'armée sioniste a bombardé Khan Younes et Rafah au sud de Ghaza, Beit Hanoune au nord et Deir Al-Balah au centre, faisant des dizaines de martyrs et de blessés.

Les bombardements israéliens de plusieurs localités à Khan Younes ont fait 3 martyrs et plusieurs blessés à l'ouest de la ville y compris dans le quartier japonais. Un 4e martyr et plusieurs blessés sont également signalés dans un bombardement sur la ville d'Al-Qarara, au nord de Khan Younes. A Rafah, à la frontière entre Ghaza et l'Egypte, un bombardement de l'aviation sioniste visant des tentes de personnes déplacées a fait au moins 11 martyrs et au moins 50 blessés, dont des femmes et des enfants, près de Tell Sultan, à l'ouest du département. Le ministère de la Santé de Ghaza a déclaré que le bombardement a visé un groupe de personnes déplacées près de l'entrée de l'hôpital émirati, précisant que parmi les martyrs se trouvait un secouriste.

Hier également, un bombardement israélien sur une maison à Beit Hanoune, au nord de Ghaza, a fait plusieurs martyrs et blessés.

Le correspondant d'Al Jazeera a rapporté, samedi, un bilan de 20 martyrs et 16 blessés dans un bombardement qui a visé une maison à l'ouest du camp de réfugiés de Jabalia, au nord de Ghaza. Au centre de Ghaza, un homme est tombé en martyr suite à des tirs de drones israéliens au village Al-Maghraqa. On dénombre également plusieurs blessés suite à des tirs d'artillerie sioniste à l'est de Deir Al-Balah, dans le centre de Ghaza. Dans la nuit de vendredi à samedi, vers 23h, des bombardements de l'aviation israélienne sur deux maisons et une mosquée à Deir Al-Balah ont fait plusieurs martyrs et blessés transportés à l'hôpital des Martyrs d'Al-Aqsa. Des séquences vidéo diffusées par Al Jazeera montrent au moins 3 cadavres, dont des enfants.

Les destructions à proximité de l'hôpital Al-Chifa dépassent l'entendement

Le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré samedi, sur la plateforme X, que le niveau de dévastation au sein de l'hôpital Al-Chifa au nord de Ghaza et les destructions autour de cet établissement « dépassent l'entendement ». Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré que l'organisme et d'autres groupes humanitaires avaient réussi à atteindre l'hôpital Al-Chifa pour acheminer de l'aide pour la première fois depuis plus d'un mois. Les équipes ont livré 19.000 litres de carburant aux installations du nord de Ghaza, ainsi que « des fournitures médicales vitales pour 150 patients et des traitements pour 50 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère », a déclaré Tedros dans un message sur X. Il a toutefois noté que la capacité de l'établissement reste « très limitée » en raison du manque « de fournitures, de carburant, d'eau et de nourriture » et qu'il compte sur des bénévoles pour soigner plus de 240 patients. «Après plus d'un mois, nos partenaires et nous-mêmes avons pu accéder à l'hôpital Al-Chifa dans le nord de la bande de Ghaza. Plus de 240 patients y sont soignés et les services sont gravement limités en raison du manque de fournitures médicales, de carburant, d'eau et de nourriture », a-t-il déclaré sur X.

Par ailleurs, toujours au nord de Ghaza, à l'hôpital Kamal Adwan, le nombre de décès d'enfants est passé à 13 en raison de la malnutrition et du manque de médicaments, selon le correspondant d'Al Jazeera.

«Massacre de la farine»: la version israélienne démantelée

Jeudi, plus de dix heures après le massacre qui a coûté la vie à 116 martyrs et fait plus de 700 blessés parmi les Ghazaouis qui attendaient des camions d'aide sur la rue Haroun Al-Rasheed, au sud de la ville de Ghaza, un responsable de l'armée israélienne avait admis que « se sentant menacées » les troupes sionistes avaient « ouvert le feu » sur la foule, mais a tout de même imputé la mort de dizaines de Ghazaouis à l'effet de la foule et aux « chauffeurs de camions » qui transportaient l'aide. La visite d'une équipe des Nations unies à l'hôpital Al-Chifa a pu confirmer que de nombreuses personnes soignées dans cet hôpital, victimes de l'attaque de jeudi, « avaient des blessures par balle », a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général des Nations unies.

S'adressant à la presse au siège de l'ONU à New York, M. Dujarric a déclaré que l'équipe de l'ONU, composée de personnel de l'OCHA, de l'OMS et de l'UNICEF, avait observé « un grand nombre de blessures par balle » dans l'établissement de santé, où de nombreux blessés de jeudi ont été emmenés. De son côté, Mohammed Salha, directeur par intérim de l'hôpital al-Awda à Jabalia, où a été transférée une partie des blessés, a confirmé que la grande majorité des victimes de l'attaque contre le convoi d'aide alimentaire de la ville de Ghaza avaient été blessées par des tirs d'armes à feu. « Sur les 176 blessés amenés à l'hôpital al-Awda, 142 présentaient des blessures par balle, tandis que les 34 autres présentaient des blessures dues à une bousculade », a déclaré M. Salha à l'Associated Press. Ajoutant qu'il n'était pas en mesure de fournir des informations sur la cause du décès des victimes tuées, car leurs corps avaient été transportés vers d'autres établissements hospitaliers.

Pour Mme Francesca Albanese, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'homme dans les territoires palestiniens, la version israélienne de l'incident de jeudi « est fausse ». Dans une déclaration à Al Jazeera elle a estimé que « le silence des États membres de l'ONU est choquant », ajoutant que le seul moyen de soulager la population de Ghaza « est d'arrêter la guerre ». Amnesty International a demandé une « enquête urgente » sur les circonstances du carnage commis jeudi par les troupes israéliennes contre des Palestiniens qui tentaient d'obtenir de l'aide alimentaire dans le nord de la bande de Ghaza, indique un communiqué de l'organisation.

UNRWA: 17 ONG appellent à maintenir le financement

Jeudi, dix-sept ONG humanitaires ont rendu public un communiqué dans lequel elles exhortent l'Union européenne et les États membres de « maintenir le financement » de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

« À la lumière de la catastrophe humanitaire en cours à Ghaza et de l'avancée israélienne sur Rafah, dernier refuge de plus de 1,5 million de civils palestiniens, les organisations humanitaires soussignées sont profondément préoccupées par la suspension actuelle et potentielle future du financement de l'UNRWA », affirment les ONG estimant que « la suspension du financement » à un « moment où la famine menace et où les épidémies s'aggravent », aura un « impact sur l'aide vitale à plus de deux millions de civils, dont la moitié sont des enfants qui dépendent de l'aide de l'UNRWA à Ghaza ».

Le communiqué ajoute : « Compte tenu de l'urgence de la situation, si les suspensions de financement ne sont pas annulées, le risque d'un effondrement complet de la réponse humanitaire déjà limitée, entraînant des pertes de vies évitables à Ghaza, devient encore plus probable ».

Par ailleurs, les 17 ONG estiment « important de garantir une enquête approfondie sur les graves allégations des autorités israéliennes selon lesquelles 12 employés de l'UNRWA ont directement participé aux attaques du 7 octobre, et de garantir une transparence et une responsabilisation totales à l'avenir ». Mais, ajoute le communiqué, « l'enquête et toute mesure ultérieure de responsabilisation ne doivent pas faire dérailler le travail essentiel et vital de l'UNRWA à Ghaza et dans toute la région ».

Les signataires de la déclaration rappellent que l'UNRWA est « le plus grand fournisseur d'aide humanitaire à Ghaza » et que son rôle « ne peut être remplacé de loin par aucune autre organisation humanitaire ».

Le communiqué rappelle aussi que « l'UNRWA emploie plus de 13.000 personnes à Ghaza, dont 158 ont été tuées depuis le début des combats » (…) et que « au moins 404 personnes dans les abris de l'UNRWA ont été tuées pendant les hostilités, près de 1.400 personnes ont été blessées et 155 installations de l'UNRWA ont été endommagées ».

« Plus d'un million de Palestiniens déplacés trouvent refuge dans les installations de l'UNRWA à travers Ghaza. Les 13.000 employés de l'UNRWA à Ghaza dépassent de loin la capacité collective du reste du secteur humanitaire sur le territoire. Leur rôle dans la facilitation et la fourniture d'une aide humanitaire vitale à grande échelle dans cette crise a été héroïque », ajoute la déclaration.

Les ONG signataires de cette déclaration sont : International Rescue Committee, MdM International Network, Handicap International - Humanity & Inclusion, Norwegian Refugee Council, CARE International, Eurochild, Plan International, Mercy Corps, Action Aid International, Première Urgence Internationale, Save the Children, Action Against Hunger, Oxfam, Danish Refugee Council, Refugees International, War Child Alliance, DanChurch Aid.