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Titulaire d'une Carte verte: Un Algérien interrogé pendant des heures dans un aéroport américain

par R.N.

De jeunes avocats jonglent entre ordinateurs portables, smartphones et documents juridiques au «Central Diner» de l'aéroport JFK: depuis samedi, ils sont des centaines à se relayer pour aider les voyageurs interpellés suite au décret sur les réfugiés, illustration de la mobilisation d'une profession en première ligne face à Donald Trump. Lundi matin, même si la plupart des personnes interpellées depuis vendredi soir avaient été relâchées, ils sont toujours plus d'une vingtaine d'avocats volontaires à s'enquérir des nouvelles arrivées et à répondre aux inquiétudes suscitées par le décret, via une ligne téléphonique qu'ils ont mise en place. Une vingtaine d'autres sont déployés dans les autres terminaux de l'aéroport, explique Camille Mackler, avocate d'une ONG de défense des immigrés qui aide à coordonner leur travail depuis samedi.      

Première mobilisation aussi pour Mark Hanna, 29 ans, avocat généraliste de Brooklyn, qui semble lui aussi avoir trouvé dans cette bataille la cause qui donne un sens nouveau à son métier. Un ami avocat l'a appelé depuis JFK samedi pour lui demander de venir, raconte-t-il.

Il y a passé quelques heures, puis est revenu dimanche, restant jusqu'à 01H00 du matin au terminal 7, à essayer de trouver des informations sur les personnes retenues et à écrire des demandes de libération pour celles qui avaient pu être identifiées. Il a aussi accueilli un Algérien titulaire d'une Carte verte, «sorti en pleurs» de l'aéroport après avoir été interrogé des heures durant alors même que l'Algérie ne figure pas sur la liste des sept pays musulmans ciblés par le décret. «C'est dégueulasse, juste parce qu'il est basané, ils lui ont posé toutes sortes de questions et ont regardé tout ce qu'il avait dans son ordinateur portable», pointe-t-il. «C'est la première fois que j'aide les gens sur le terrain, mais maintenant je suis galvanisé», dit-il. «J'espère qu'il (Trump) ne va rien faire d'autre d'aussi fou (...) Mais si quelque chose d'autre se produit, c'est sûr que je m'impliquerai».