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Donald Trump appliquera tout son programme

par Pierre Morville

Dès son arrivée à la Maison Blanche, le nouveau président a multiplié les décrets les plus radicaux.

Beaucoup de commentateurs espéraient ou estimaient qu'une fois arrivé au pouvoir, Donald Trump allait oublier les outrances de sa campagne électorale et revenir à des mesures plus réalistes. Après tout, l'homme d'affaires était connu pour son pragmatisme et de surcroit, le congrès américain, certes majoritairement républicain est loin de partager certaines des positions les plus outrancières du candidat Trump.

Eh bien, ces commentateurs se sont lourdement « trumpés » !

A peine arrivé à la Maison Blanche, le 20 janvier dernier, le nouveau président a multiplié les ordonnances et décrets visant notamment à mettre à bas les mesures prises pendant les mandats de Barack Obama et de mettre en place ses promesses électorales, y compris les plus radicales. Et il veut aller vite : « nous allons signer sans relâche, lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, et même chose la semaine suivante », a-t-il promis.

Première cible de choix, Donald Trump, le jour même de son arrivée au pouvoir a signé un décret contre l'Obamacare, le système d'assurance-maladie qu'Obama avait réussi avec beaucoup de difficultés à mettre en place et qui visait à étendre le principe d'une assurance-maladie à l'ensemble des citoyens américains.

Par son décret, Donald Trump ordonne aux différentes agences fédérales d'arrêter d'appliquer la loi actuelle en multipliant les exemptions ou les reports afin de tuer dans l'œuf la principale mesure sociale prise par Barack Obama. Certes, Donald Trump n'a pas la capacité à décider seul l'abrogation de la loi « Obamacare ». C'est au Congrès de la décider et la date de la discussion et du vote n'est pas encore fixée. Mais il a opté pour un sabotage immédiat.

Autre terrain, l'avortement. Donald Trump a décidé d'interdire le financement d'ONG internationales qui soutiennent l'avortement. Dans le même domaine, il s'est engagé à nommer très prochainement à la Cour suprême, un juge connu pour être farouchement opposé à l'IVG. Un autre décret gèle toutes les embauches dans les agences fédérales, donc dans l'ensemble de l'administration américaine, sauf pour l'armée !

Le nouveau président américain a également jeté à la poubelle le traité commercial « transpacifique », une zone de libre-échange entre les États-Unis, le Canada, le Mexique, deux autres pays d'Amérique latine, l'Australie, le Japon et cinq autres pays de la zone asiatique et d'Océanie.

Donald Trump souhaite dorénavant privilégier des accords commerciaux bilatéraux ou bien sûr, le rapport de force pour les États-Unis sera bien plus favorable.

Sur le même sujet, la négociation en cours de l'accord Tafta qui prévoyait un accord de libre-échange entre l'Amérique du Nord et l'Europe s'interrompt de fait.

Assez paradoxalement, la décision de Donald Trump en matière de commerce international ouvre la voie à la Chine à créer elle-même de nouvelles zones de libre-échange alternatives ! « Nous allons pleinement nous investir dans la globalisation en soutenant le commerce multilatéral » a annoncé le président Xi, comme il l'a répété récemment au sommet de Davos qui regroupe l'élite de la mondialisation.

L'ambassade US à Jérusalem ?

Donald Trump a promis à de multiples reprises, pendant sa campagne qu'il déménagerait l'ambassade américaine, actuellement à Tel-Aviv pour l'installer, à Jérusalem. Cette décision aboutirait à consacrer Jérusalem comme la seule capitale « indivisible » de l'État israélien, là où les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est, la capitale de l'État auquel ils aspirent. Cette décision de Donald Trump rompt avec la politique historique des États-Unis au Proche-Orient et irait à l'encontre de la position de l'Onu pour laquelle le statut de Jérusalem, dont la partie Est palestinienne a été occupée en 1967 puis annexée en 1980 (illégalement selon l'organisation internationale), doit se régler par la négociation. Pour l'instant, Donald Trump n'a pas encore officialisé cette décision mais il s'est dimanche dernier, longuement entretenu au téléphone avec Benjamin Netanyahu et il en profité pour inviter ce dernier à Washington en février prochain.

Les deux chefs d'État sont en tous cas, « tombés d'accord pour échanger pour continuer à échanger leurs points de vue sur une série de questions régionales, notamment les menaces que constitue l'Iran ».

Selon M. Netanyahu, qui avait dit qu'il évoquerait également avec Donald Trump la guerre en Syrie, « la première priorité de l'Etat d'Israël est de lever la menace que fait peser le mauvais accord nucléaire conclu par l'Iran » et les grandes puissances dont les États-Unis en 2015. Barack Obama avait été le principal artisan de cet accord qui réintégrait l'Iran dans la communauté internationale.

Netanyaou et Trump lors de leur échange téléphonique sont convenus qu'une paix israélo-palestinienne ne pouvait être que « négociée directement », a précisé la Maison-Blanche, c'est dire directement entre Israël et la communauté palestinienne, sans l'intervention de la communauté internationale et dans un rapport de force évidemment très favorable à l'État sioniste.

D'ailleurs le même jour, Israël a officiellement annoncé la relance de sa colonisation de Jérusalem-Est avec la construction de centaines de logements dans la partie palestinienne de la ville.

566 logements ont donc reçu un feu vert, « nous avons des plans pour la construction de 11 000 logements qui attendent des autorisations » à Jérusalem-Est a même tenu à préciser un responsable de la mairie.

PS : Benoît Hamon en tête

En France, les élections primaires font surgir des candidats surprise. A droite, alors qu'Alain Juppé ou Nicolas Sarkozy étaient donnés comme favoris dans les sondages, c'est le très conservateur François Fillon qui avait été choisi par quelque 4 millions d'électeurs.

Le 1er tour de la primaire qui vise à désigner le candidat du Parti socialiste a également vu Benoit Hamon devancer largement deux autres favoris, Manuel Valls, encore très récemment 1er Ministre et Arnaud Montebourg, orateur brillant.

La participation à cette primaire fut modeste : 1,6 millions de Français se sont déplacés. Le second tour qui verrat s'affronter Manuel Valls et Benoît Hamon se déroule dimanche prochain. Benoît Hamon qui a déjà bénéficié du soutien d'Arnaud Montebourg, sera sans doute élu.

Toute la semaine Valls et Hamon s'affrontent vivement. Les deux candidats durcissent en effet leurs positions. Manuel Valls dans la continuité de la politique qu'il a mené comme premier ministre de François Hollande, défend une ligne « social-libérale ».

Benoit Hamon qui avait démissionné de son poste de ministre pour rejoindre les « frondeurs » du PS qui critiquaient vivement la politique menée par François Hollande, veut incarner une gauche beaucoup plus classique.

Dans tous les cas de figure, il est fort peu probable que le candidat désigné du PS figure au second tour de l'élection présidentielle française. Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et même Jean-Luc Mélenchon font actuellement de bien meilleurs scores dans les sondages. L'affrontement actuel entre les différents courants du PS et un éventuel mauvais résultat à la présidentielle posent de sérieuses questions sur la pérennité même du Parti socialiste et de l'existence de la formation fondée par François Mitterrand en 1971.