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Manifestation «Constantine capitale de la culture arabe» : Enquête sur des affaires de corruption présumée

par Abdelkrim Zerzouri

Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Constantine sur des affaires de corruption présumée, dilapidation de deniers publics et passation de marchés en violation de la réglementation dans le cadre de la manifestation « Constantine capitale de la culture arabe, 2015 ».

Suite à une plainte introduite le 2 novembre dernier par l'Assemblée générale des entrepreneurs de Constantine, représentée par son président M. Driss Meghraoui, dont copie est en notre possession, la justice a ordonné l'ouverture d'une enquête sur la passation de plusieurs marchés s'inscrivant dans le cadre de la manifestation en question, avec 6 entrepreneurs et le directeur de l'urbanisme de la wilaya de Constantine, cités nommément dans la plainte indiquée. Un dossier volumineux, joint à la plainte, comprend tous les documents supposés étayer les accusations portées contre les 7 mis en cause. Selon le plaignant, donc, tous les marchés passés avec les entrepreneurs ont été établis selon la formule de gré à gré, alors que les sommes versées dans ce cadre sont évaluées pour certains marchés à plus de 88 milliards de centimes. En sus, relève la partie plaignante, l'évaluation du coût des marchés, fixée par le directeur de l'urbanisme, a été « gonflée » démesurément, atteignant jusqu'à dix fois le coût réel du projet. Des sommes faramineuses ont été dépensées pour la réalisation de projets dont le coût réel se situe très en deçà de ce qui a été payé. D'une manière presque ironique, le plaignant indique qu'une seule et unique marche (des escaliers réhabilités au centre-ville) a été facturée à 100 millions de centimes, alors que son prix ne dépasse pas 1,5 million de centimes ! De lourdes accusations sont ainsi ouvertement portées contre des entrepreneurs et le directeur de l'urbanisme, accusé d'abus de position et d'être celui qui a fixé les prix avec les entrepreneurs et permis toutes les facilitations pour passer des marchés d'une manière douteuse. Ce sont là, considère le plaignant, « des agissements criminels qui ont provoqué une dilapidation des deniers publics », profitant en cela des retards dans l'exécution des projets à l'approche de l'ouverture de la manifestation « Constantine capitale de la culture arabe ». Ces accusations apporteraient certainement de l'eau au moulin de nombreuses voix qui se sont élevées pour dénoncer « la gestion opaque » des projets initiés dans le cadre de la manifestation culturelle, dont le budget global qui lui a été attribué est évalué à 700 milliards de centimes. D'après nos sources, plusieurs parties ont été déjà entendues par les enquêteurs au sujet de ce dossier qui, si les accusations s'avèrent fondées, risque d'éclabousser pas mal de monde. Dans le cas contraire, tout ne manquerait pas de se retourner contre la partie plaignante.