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Une constitution ne vaut que par sasacralité et le
respect de son application. Or il est certain que la majorité des Algériens ne
sait pas ce qu'elle représente, ne l'a jamais lue et n'en connaît d'elle qu'une
très vague teneur. Elle n'a été jusqu'ici qu'un appendice juridique corvéable
en temps de grande crise pour servir de gué de passage au milieu de marécages
politiques inattendus. Et elle n'a pas été à l'abri des jeux des officiels momentanés
de passage qui se sont servis d'elle comme d'une pelote basque pour des
conformités réduites à leurs propres vérités.
Il est de plus en plus question aujourd'hui d'une énième Constitution algérienne et la particularité de cette nouvelle refonte est qu'elle soit la deuxième trituration sous le règne du même président de la République. Plutôt que d'être un régulateur sacré censé régir la vie du peuple tout entier, elle ne serait donc jusqu'à aujourd'hui qu'une arme législative entre les mains d'un pouvoir pour stabiliser une société dans une marche difficile à la recherche d'une identité. Six remodelages depuis l'indépendance l'ont dépouillée de son caractère fondamental pour la laisser s'ériger comme le véritable symbole d'un pays dans l'incapacité de se pouvoir du véritable blason d'une nation. Loi fondamentale dit-on, mais dont l'énoncé des fondamentaux s'avère trop lourd à porter car l'Algérie n'arrive pas à se définir, trop affaiblie par les tiraillements civilisationnels qui sont en passe de transformer la civilité en denrée périssable et le citoyen en zombie. Jusqu'à vider même de tout sens la notion d'indépendance et de liberté. Il en sera encore ainsi si la Constitution n'irait pas fracturer les portes des écoles et des chaumières pour trôner comme seul air respirable, juste et sacré, guide intouchable et inamovible pour chaque Algérien. On ne sait pas encore au juste dans quelques jours sur quels fondements la prochaine sera basée. Si l'absence d'une définition d'un projet de société final et consensuel reste telle qu'elle est, il est certain qu'elle aussi sera changée. |