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Initiative des «19 personnalités» : Les doutes de Moussa Touati

par M. Mehdi

En Algérie, on change de Constitution comme s'il s'agissait d'une loi organique. C'est probablement le seul pays qui a modifié sa loi fondamentale six fois en 50 ans», a déclaré hier Moussa Touati, président du FNA, lors d'une conférence de presse, estimant que le nouveau texte «n'est pas l'émanation du peuple». Commentant la lettre du président de la République à l'occasion du 1er Novembre, Moussa Touati affirme : «Nous aurions souhaité que le président annonce un dialogue. Il nous annonce une révision constitutionnelle qui va passer par un parlement non représentatif».

La révision de la constitution est qualifiée par l'orateur de «fausse manœuvre» de la part du pouvoir. «Il faut un référendum sur la nature du pouvoir en Algérie. Présidentiel ou parlementaire. C'est au peuple de choisir. Qu'on nous laisse faire notre campagne pour expliquer aux gens. Pourquoi adopter un système présidentiel à la française», dit-il.

Pour Touati, «nos dirigeants sont des collaborateurs de la France. Alger sera très bientôt récupérée par les Pieds noirs. Même nos données biométriques (des passeports, ndlr) sont détenues par la France. Comme pour la carte Chiffa, la France sait qui est assuré en Algérie.».

Par ailleurs, le président du FNA a fait part de ses doutes concernant l'initiative des «19 personnalités nationales» qui ont demandé à rencontrer Bouteflika. «Qui vous dit que cette initiative n'est pas l'émanation de celui à qui elle est adressée ? N'est-ce pas que le président reçoit des délégations. Le tuteur de l'Algérie (François Hollande, ndlr) n'a-t-il pas dit que le président est certes malade, mais qu'il a toutes ses capacités mentales ?», dit-il avec un ton sarcastique. Pour Moussa Touati, les 19 signataires de l'appel au président de la République «prétendent parler au nom du peuple». «Ils mangeaient de la rente de l'Algérie. Certains occupaient ou occupent encore des fonctions officielles comme ministres, sénateurs ou directeur du CCA à Paris, et prétendent parler au nom du peuple».

Questionné à propos de Louisa Hanoune, qui fait partie des signataires, il répond : «Elle était souvent reçue par Saïd (le frère du président, ndlr). Combien de fois a-t-elle été reçue par la présidence ?», ajoute-t-il.

Interrogé sur son opinion sur la «démarche de l'opposition», Moussa Touati estime que «le groupe de Mazafran» n'a apporté «aucune solution». «Nous n'avons trouvé aucun projet dans leur discours. Leur seul objectif est de remplacer ceux qui dirigent maintenant. La preuve, dès que l'idée a été lancée par le pouvoir d'ouvrir le gouvernement à l'opposition, certains parmi eux ont vite exprimé leur disponibilité», a-t-il ajouté.

Sur la gestion, les choix économiques affichés depuis la loi de finances complémentaire 2015, M. Touati estime que le pays se dirige vers une «libéralisation à outrance». «Nous allons entrer dans la phase de la libéralisation qu'on nous prépare, d'ailleurs, depuis l'avènement de Bouteflika», a-t-il ajouté. «Tout cela n'a rien de rassurant. S'il y a une explosion populaire, ils quitteront le territoire national vers les pays où ils ont des comptes en banque», conclut-il.