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BLIDA: Un Aïd avec les gendarmes

par Tahar Mansour

L'Aïd, une fête, une journée de repos pour retrouver et rendre visite aux parents et aux proches, dans la joie et la ferveur, après avoir accompli la prière de l'Aïd, à la mosquée. Ceci pour le commun des gens, mais il est des catégories qui sont à leurs postes de travail, ne communiquant avec leurs proches qu'au téléphone, et quand ils trouvent le temps pour cela. Les agents de la Protection civile, les policiers, les militaires, les gendarmes et ceux qui assurent des gardes dans les hôpitaux font partie de ces catégories qui sacrifient leur joie d'être avec les leurs, les jours des fêtes, afin de garantir la sécurité des citoyens, dans son sens le plus large.

Nous avons choisi d'accompagner des gendarmes de la compagnie de L'Arba, ce vendredi, jour de l'Aïd El Fitr, pendant quelques heures, pour nous rendre compte, de visu, de la noblesse de cette mission qui est la leur et qui consiste en la sécurisation des personnes et des biens, en tous temps et en tous lieux, particulièrement, durant ces jours de fête.

Juste après la prière de l'Aïd, nous prenons place à bord d'un des deux véhicules constituant la patrouille mobile qui allait sillonner le territoire, sous la responsabilité de la compagnie de la Gendarmerie nationale de L'Arba, qui englobe 7 communes (4 brigades) dont 2 situées en pleine montagne (Djebabra et Sohane). Au sortir de la brigade de Gendarmerie, nous entendons une voix enfantine crier: «saha aidkoum» et, en nous penchant, nous voyons une fillette d'à peine 6 ans qui agite ses quenottes en répétant ?saha aidkoum'. S'il y avait un peu de tristesse chez les gendarmes car loin des leurs, elle a vite été balayée par cette voix innocente dont émanait toute la chaleur fraternelle des Algériens, surtout lors de pareilles circonstances. Nous continuons notre chemin et nous remarquons que tous ceux que nous croisons ou que nous dépassons, qu'ils soient motorisés ou à pied, lançaient le même souhait aux gendarmes. Premier point au barrage fixe, sur la RN8, à la sortie de L'Arba vers les Eucalyptus : nous nous arrêtons accueillis par le sourire déférent du gendarme qui régulait la circulation. Le capitaine, adjoint du commandant de la compagnie qui nous accompagnait embrassa le gendarme en lui souhaitant bon Aïd. A notre grande surprise, l'homme en vert, qui était là depuis la veille, rentra dans la roulotte et nous ramena des gâteaux faits maison qu'il nous invita à goûter. Il expliqua que ce sont des citoyens de passage qui leur ont offert ces sucreries. Tous les occupants des véhicules qui passaient avaient un large sourire envers les gendarmes et leurs souhaitaient de passer un bon Aïd, accompagné d'un ?qu'Allah vous aide' plein de reconnaissance pour ces hommes qui assuraient leur sécurité et celle de leurs biens, en ce jour d'Aïd où tous les Algériens se trouvent en compagnie des leurs. Après quelques minutes, nous continuons notre chemin vers un autre point de contrôle, situé à quelques kilomètres de là. Au bord de la RN8 entre L'Arba et Les Eucalyptus, une multitude de petits camions avaient l'habitude de proposer des fruits et des légumes aux automobilistes mais, ce jour-là, il n'y avait que des fruits, essentiellement des bananes. Il y en avait, tellement que le capitaine ne put s'empêcher d'affirmer que: «ce doit être tout un bateau de bananes qui vient d'être mis sur le marché». De temps en temps, il demande au chauffeur de s'arrêter à proximité d'un vendeur qu'il tançait gentiment pour lui demander de retirer sa marchandise de la chaussée car cela gêner la circulation et pourrait constituer un danger. Les jeunes répondaient à son injonction avec le sourire et s'empressaient de déplacer la marchandise loin de la chaussée. Il nous explique que, Aïd oblige, ils ne procèdent à aucune saisie de ces marchandises, même si les vendeurs sont dans l'illégalité la plus complète. Au point de contrôle où nous nous arrêtons, il y avait un nombre important de gendarmes qui réglaient la circulation alors que leurs collègues ont été dirigés vers le cimetière non loin de là, où des centaines de citoyens se rendaient pour se recueillir sur les tombes de leurs disparus. Sur place, les gendarmes assuraient une sécurité complète aux citoyens et réglaient la circulation, même si certains automobilistes enfreignaient, parfois, la loi et faisaient demi-tour pour garer devant le cimetière. Là aussi, nous remarquons que tous ceux qui passent souhaitaient, de l'intérieur de leurs véhicules, un joyeux Aïd aux gendarmes et imploraient Dieu de les aider dans leur noble tâche qu'ils exécutaient au prix de mille et un sacrifices. Nous nous trouvions toujours au point de contrôle quand le commandant de la compagnie arrive à bord d'un autre véhicule, en tenue de combat, talkie-walkie à la main pour être tenu au courant de tout ce qui se passait à travers le territoire des daïras, sous sa responsabilité. Il nous déclara que durant les deux jours de l'Aïd, leur mission avec les automobilistes était beaucoup plus sensibilisatrice que pénalisante et nous informa qu'ils n'allaient retirer le permis à personne mais plutôt sensibiliser le conducteur sur sa façon de conduire dangereuse ou d'avoir omis de mettre sa ceinture de sécurité. Les ?Saha Aidkoum' continuaient de fuser de toutes les voitures qui passaient et les sourires étaient sur tous les visages. Ce sont les mêmes scènes que nous avons vécues dans tous les barrages et points de contrôle disséminés à travers les 7 communes et où les gendarmes étaient sur le qui-vive pout permettre à tous les citoyens de passer un Aïd tranquille, sans danger d'aucune sorte. D'ailleurs ils étaient très nombreux à s'arrêter pour saluer ces hommes qui sacrifient leur repos et leur fête pour les aider, les sécuriser, leur porter aide et assistance en toutes circonstances. Certains citoyens nous ont, aussi, demandé de transmettre leurs remerciements à tous les gendarmes, policiers, agents de la Protection civile et tous ceux qui se trouvaient à leurs postes, le jour de l'Aïd, pour assurer la sécurité des Algériens : c'est chose faite.

D'autres patrouilles, parallèles à la nôtre, sillonnent toutes les routes, les chemins, les quartiers, à travers toute la wilaya et à travers la totalité du territoire national. Ils méritent la reconnaissance pour cette abnégation et ce sérieux reconnus de tous.