On suggère du bout des lèvres ces derniers temps d'aller vers la vérité des prix. Le pain et les carburants seraient les vedettes d'un scénario qui s'installerait sur un marché à la couleur indéfinissable et ce qui s'apparenterait dans le décor abracadabrant actuel à un coup de force irréfléchi, risquerait de se présenter accompagné d'une fanfare annonciatrice d'un vrai cataclysme.

La nécessité d'une assise de la réalité des prix est un impératif incontestable au vu de la trésorerie du pays. Quoi de plus débile en effet que de constater qu'un litre d'eau minérale coûte plus cher qu'un litre d'essence et quoi de plus anormal que le coût d'une baguette de pain soit cinq fois inférieur à la valeur d'une aumône. Mais une économie régulée avec sagesse et intelligence n'est pas la fixation des esprits sur les seuls cantonnements de pain et des carburants qui ne sont que les derniers paramètres d'une gestion nationale sérieusement réfléchie même s'ils en constituent de grands symboles incontournables.

On aura beau raconter d'illusoires sornettes sur une vague panoplie de recettes pour mettre en place de nouvelles pratiques de soutien aux plus déshérités des Algériens, le résultat ne sera qu'un coup d'épée dans l'eau. De nombreux officiels se rendent compte en effet avec un effarement feint que la paix sociale a non seulement un prix, mais qu'il tend aussi à être mortel. A s'ingénier à cacher le trop-plein de poussières sous le tapis risque d'être fatal.

Si le pain est un des premiers repères pour la définition d'une vraie justice sociale, il est surtout le fondamental bénéfice de l'effort et du travail. Une nation sérieuse ne se nourrit ni de couffins de ramadhan ni de scabreux emplois des jeunes. Encore moins de l'aréopage de toits offerts par le ciel.

Aller à la vérité des prix pour une vraie justice sociale nécessite d'abord de passer par la refondation du profil de l'Algérien pour l'extirper des marécages gluants dans lesquels il se complaît. Résoudre l'équation pour l'intégrer avec aisance dans le concert du monde n'est pas aisé. Sans doute faudrait-il avant de faire la pesée du lourd chapelet des infantiles cultures qui l'encombrent lui faire admettre que le pain a le prix de la sueur.