Triste
Aïd pour le monde musulman que ce dernier vécu dans le sang et les larmes.
Encore un triste Aïd, dirions-nous, puisque cela devient presque un rituel de
fêter une date musulmane dans le chaos des armes et des attentats. Ces deux
jours de célébration auront été rouges un peu partout sur la carte géographique
du monde arabo-musulman avec des morts en Egypte, en Irak, au Yémen et en
Algérie. Confrontation, embuscade, kamikaze, les circonstances diffèrent d'un
pays à l'autre, d'une scène de crime à une autre, mais le résultat est le même
: marquer la date au fer rouge? sang. Toute une symbolique que de frapper au
cœur même des fêtes religieuses où, profitant de la baisse «naturelle» de la
vigilance des services de sécurité, les groupes terroristes attaquent. Cet Aïd
ne fait pas exception puisqu'en 2013, plusieurs attentats meurtriers avaient
ciblé l'Irak, encore et toujours, l'Afghanistan, le Pakistan ou la Syrie. Des
pays en proie à un climat insurrectionnel et à une guerre ouverte faisant
jusque-là des centaines de milliers de morts depuis leur déclenchement. En
Algérie, et alors qu'on pensait en avoir fini avec ces attentats ciblés dans le
temps, voilà que les neuf morts d'Aïn Defla, tombés dans une embuscade, nous
renvoient à une terrible réalité. Le « terrorisme résiduel » tue encore. Est-ce
à dire qu'on fait face à un glissement sécuritaire important ? Assiste-t-on à
un retour au premier plan des groupes terroristes dans la région ? L'activité
terroriste en Algérie, ces dernières années, se résume plus au fait de groupes
armés cherchant une reconnaissance médiatique à même de se vendre à
l'international que d'une quelconque stratégie militaire de sape ou
d'infiltration. Le cas de l'assassinat du Français Gourdel en Kabylie en est la
parfaite illustration. Pourtant, la mort de ces militaires consacre une
première en Algérie puisque la Toile a compati avec les familles des soldats et
les réseaux sociaux algériens ont vivement réagi à l'annonce de cet attentat.
Un appel a même été lancé pour manifester, hier, à Oran, en signe de solidarité
avec les familles endeuillées. Le choix de l'Aïd pour frapper s'explique par
une volonté de marquer l'opinion un jour de célébration et dire qu'on ne recule
devant rien, même face au Sacré, pour assassiner. L'Algérie pensait en avoir
fini avec ces dates rouges, il n'en est rien alors qu'ailleurs, en Irak ou en
Syrie, en Libye ou en Tunisie, ces dates sont tellement redoutées parce
qu'elles coïncident avec un pic de folie que les ennemis de Dieu revendiquent.