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Marché des véhicules neufs : Mettre un terme à l'anarchie

par M. Aziza

Le Salon international de l'automobile ouvrira ses portes aujourd'hui, au Palais des expositions à Alger. Cette 18ème édition se fera avec la présence de l'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (APOCE) qui a fait ses preuves, lors de la précédente manifestation, en enregistrant 4 500 requêtes (plaintes) relevant des irrégularités, dont une dizaine a été traitée par voie de justice.

Cette manifestation, qui durera jusqu'au 28 mars, donnera la possibilité aux visiteurs et aux professionnels du secteur automobile de découvrir de nouveaux modèles de véhicules et de profiter des remises. Intervenant hier, lors d'une conférence de presse tenue à la Safex, à la veille de l'inauguration du Salon, le président de l'APOCE, Dr Zebdi Mustapha, a évoqué les irrégularités dans la vente des véhicules neufs. Il a regretté le fait que certains concessionnaires aient vendu des voitures « d'occasions », plutôt des voitures de déstockage de 4 à 5 ans, une vente qui est interdite par la loi. Cette déclaration n'a pas été du goût du président de l'Association des concessionnaires algériens (ACA), Mourad Oulmi, qui a vite réagi en faisant rappeler à son co-animateur de la conférence , qu'« on est là pour parler du Salon de l'automobile et non pas pour polémiquer ». Mais le président de l'ACA a répondu par la suite en affirmant que 90 % des adhérents de son association ne s'adonnent pas à ce genre de pratique, car ils n'ont aucun intérêt à vendre des voitures de déstockage. Il nuance en affirmant « si ça existe, ça doit être marginal »

Pour convaincre, il affirme que tout chef d'entreprise qui veille à la gestion de son bien ne peut se permettre de laisser des véhicules pendant 4 à 5 ans en stock et si c'est le cas « on est carrément dans l'incompétence managériale » a-t-il fait remarquer.

Pour faire baisser la température, le président de l'Association des consommateurs intervient pour affirmer que le nouveau décret sur l'importation des véhicules, signé le 8 février par le Premier ministre Abdelmalek Sellal, est venu justement pour contrecarrer ces pratiques. Il explique que, pour la première fois, les pouvoirs publics spécifient dans le décret ce qu'est « un véhicule neuf ». Il enchaîne en précisant que le fait d'indiquer la date de fabrication et la date d'importation, une période limitée qui ne doit pas dépasser une année, les cas de vente générale ou marginale disparaîtront automatiquement.

Le président de l'APOCE poursuit en affirmant que son association avait enregistré lors du précédent Salon (2014) plus de 4 500 requêtes individuelles et collectives. Des requêtes dénonçant, selon le conférencier, les retards de livraison des véhicules, les services après ventes et des problèmes de documents. Il a tenu à préciser que 90 % des requêtes ont été traitées à l'amiable avec certains concessionnaires. Mais une dizaine de requêtes, faute de résolution, a été transférée à la Justice. M. Zebdi a affirmé que les plaignants ont eu gain de cause devant la Justice.

Le président de l'ACA, Mourad Oulmi, a affirmé que le marché de l'automobile en Algérie va connaitre une meilleure organisation, avec l'application du nouveau décret et du nouveau cahier des charges, qui visent à assainir le secteur des spéculateurs et des fraudeurs. Il explique qu'après une année de son application, plusieurs importateurs de multi-marques vont s'éclipser ou disparaître. Car le décret en question stipule que la définition du concédant ou l'acheteur doit l'être par le constructeur lui-même. Actuellement, certains concessionnaires agréés achètent auprès des centrales d'achat de différentes marques, et dans ces cas là, il y a surfacturation.

Il explique que son association, qui assure 95 % des volumes de ventes sur le marché algérien, ne compte que 35 adhérents. Mais, précise-t-il, selon les chiffres du ministère de l'Industrie, pas moins de 184 agréments ont été octroyés à des importateurs multi-marques. Le conférencier affirme que ces importateurs sont invisibles officiellement parce qu'ils écoulent leur marchandise dans les cafés et sur les trottoirs, au détriment des concessionnaires qui investissent dans des Show-rooms, des ateliers, services après-ventes. Il a estimé que ces importateurs sont à l'origine de la pagaille que connaît le marché et le flou qui entoure l'achat et la vente des véhicules neufs. Le président de l'ACA a affirmé par ailleurs que les ventes ont baissé de 20% en 2014 par rapport à 2013.

Le représentant des concessionnaires, Mourad Oulmi, a estimé que la décision relative à l'importation d'un quota de 10% de véhicules roulant au GPL/C dans le programme annuel des concessionnaires n'est pas raisonnable. Il explique que l'Etat veut promouvoir le GPL, mais il ne donne pas les moyens de sa politique. Il argumente qu'aucun ministère n'a fait un appel d'offres pour l'acquisition de véhicules équipés de GPL. Il poursuit en affirmant qu'il y a aussi un problème de disponibilité dans les stations-services. Et de s'interroger : qui va supporter les coûts supplémentaires de l'installation du GPL en l'absence d'avantages fiscaux ? Le conférencier ferme la parenthèse en s'interrogeant si du point de vue sécuritaire, le véhicule équipé d'une bonbonne de gaz peut accéder aux centres commerciaux, à l'aéroport et dans les hôtels ? En attendant des réponses, Oulmi recommande pour l'instant l'amélioration du carburant, dont la qualité laisse à désirer. «L'Algérie se situe donc entre la norme euro 2 et euro 3, ce qui est très nocif pour la santé, alors que la norme internationale est euro 5». Il conclut : «commençons d'abord par le carburant propre tout en préparant les conditions et les moyens pour l'introduction du GPL/C».